Demain, je démissionne
Par Saga
. En hommage à Chibi (Anne-Laure Perrin) partie trop tôt explorer les derniers espaces vierges de la conscience humaine.. Le docteur Anne-Laure Perin assise sur son siège du petit bureau attenant à l’infirmerie ferme les yeux, la lecture des derniers rapports de situation a été d'un ennui mortel, et les quatre heures de sommeil de la nuit, pour ne pas dire des nuits précédentes, n'arrangent pas les choses.
. Elle sait pourtant qu'elle doit rester sur ses gardes, les missions en bordure de l'espace Tholiens sont toujours délicates, non pas que les Tholiens soient prompts à se battre comme les klingons ou à vous faire un coup fourré comme sont passés maîtres les Romuliens.
. Non, avec les Tholiens, c'est différent, la civilisation Tholienne est basée sur une scripte observation d'un protocole extrêmement complexe donc ils semblent être seuls à avoir les clefs.
. La première rencontre diplomatique entre eux et la fédération ne fut-elle pas un cuisant échec uniquement parce que le délégué de la fédération s'est présenté à la réunion avec 15 secondes d'avance sur le programme.
. Le choc et le bruit furent légers, mais cela ne vaut pas dire grand-chose, sur un vaisseau de classe Samourai comme l'USS-Tauphï, Il en faut beaucoup pour provoquer explosion et autres joyeusetés courantes dans les œuvres de fiction.
. Néanmoins quelque chose vient de se passer, mais quoi ?
. Elle en est là de ses pensées lorsque la réponse lui vient via l'intercom du vaisseau.
. - « Alerte générale, explosion dans la chambre intermix secondaire, plusieurs victimes, sécurité établissez un cordon de sécurité autour du lieu de l'accident, téléportation, transférez dès que possible les blessés à l'infirmerie. D'autres instructions suivront au fur et à mesure. Capitaine Empatufer terminé ». Le premier réflexe d'Anne-Laure fut d'empoigner le kit médical d'urgence et de se propulser vers les lieux de l'accident, mais elle se ravise immédiatement.
. En tant que chef de l'infirmerie en fonction pendant le quart, son rôle n'est pas d'intervenir directement mais de coordonner les secours.
. - « Ordinateur, rappelle immédiatement tout le personnel médical. »
. - « Ordre général d'urgence numéro 5 en cours d'exécution. ». Évidemment l'ordinateur n'a pas entendu son ordre pour suivre le protocole d'urgence, D’ailleurs les premiers docteurs et infirmiers de repos passent déjà les portes et se dirigent vers elle, la responsable.
. - « Docteur N'Byta, Jirumy, et vous donc le nom m'échappe pour l'instant, prenez chacun deux infirmiers et allez immédiatement sur les lieux, une fois sur place évaluation de la situation, premiers soins... et tri. »
. Anne-Laure a légèrement tiqué sur 'Tri' le dernier ordre, comme tout docteur elle a fait le serment d'Hippocrate, qui spécifie entre autres qu'elle doit pratiquer ses soins à TOUTE personne qui en a besoin, mais en situation de crise c'est non-constructif, encore un terme ignoble, de gaspiller des ressources pour essayer de sauver un patient limite et cela au détriment d'autres moins touchés. Ce qui est pour un médecin aussi passionné qu'elle un véritable grève-cœur
. C'est à ce moment que dans un halo de lumière arrivent les premiers blessés.
. - « Capitaine Empatufer à l'inter, l'incendie prend de l'ampleur, évacuation immédiatement des ponts 15 à 17, procédure de ventilation dans 60 secondes ». La procédure de ventilation, c'est-à-dire ouvrir les ponts au vide de l'espace afin de priver l'incendie d'oxygène. Ce qui signifie la mort certaine pour tous ceux restés bloqués ou trop blessés pour se déplacer.
. - « Docteur Perin à passerelle, la ventilation provoquera des morts en plus, vous ne pouvez pas ordonner cela, »
. - « Docteur, nous sommes en situation critique, je n'ai ni le temps, ni l'envie de justifier mes actes auprès de vous. D’ailleurs médecin auxiliaire Perin où se trouve le docteur Ci'gal'E ? ». - « Je l'ignore.»
. - « Alors trouvez-le, et vite, Empéatufer terminé. ». Le ton du capitaine sec et à la limite insultant laisse sans voix Anne-Laure quelques instants. Sur ce il a raison, où est le médecin-chef. Suivant l'ordre général 5, il aurait dû être là.
. - « Ordinateur, localisation du docteur Ci'gal'E ? »
. - « Localisation du docteur Ci'gal'E impossible. »
. Impossible !
. - « Ordinateur, dernière localisation du docteur Ci'Gal'E ? »
. - « Salle de relaxation 14-256 ». 14-256, juste à côté de la chambre intermix secondaire !
. - « Docteur. ». - « Docteur Perin. ». - « Oui, quoi ? » . - « Docteur, les blessés arrivent plus vite que nous ne pouvons les traiter, quels sont vos ordres ? »
. En effet tous les bio-lits occupés, certains blessés sont soignés à même le sol tandis que soutenus par d'autres membres d'équipage en arrivent d'autres depuis la coursive centrale.
. La situation échappe à son contrôle.
. - « Attention à tous, nous risquons d'être débordés, aussi dès qu'un patient est stable, évacuez-le vers ses quartiers. »
. Certains répondent, d'autres pas, mais visiblement l'ordre a été compris et plusieurs blessés commencent à sortir de l'infirmerie.
. - « Ordinateur, fait une recherche dans les dossiers du personnel, sélectionne tous ceux ayant une formation médicale même légère et réquisitionne-les... à l'exception de ceux déjà engagés dans les opérations d'urgence. »
. - « En cours d'exécution ». - « Téléporation, je vais sélectionner des patients pour mise en stase numérique, préparez-vous. »
. - « En stase numérique, vous êtes folles, la puissance est fluctuante, et dans ces conditions je ne peux certifier leurs intégrités structurelles. Pourquoi croyez-vous que je ne téléporte plus de blessé directement à l'infirmerie. ». La communication est à peine coupée que l’infirmière chef l'interpelle depuis une couchette où gît un grand brûlé.
. - « Docteur Perin. »
. - « Oui »
. - « Docteur, ils arrivent trop vite, impossibles de suivre. »
. - « Je sais mais que faire ? »
. - « Faite un tri, et sous votre autorité, ordonnez l’euthanasie des cas les plus graves. »
. Un tri encore
***
. La 'crise' passée Anne-Laure, est assise sur une chaise du réfectoire, déprimée, sale, épuisée, mais trop fatiguée pour pouvoir dormir, elle essaie de prendre la tasse de thé devant elle mais renonce temporairement tellement ses mains tremblent.
. - « Je peux ? »
. Celui qui vient de parler, c'est Watt, un cadet en dernière année d'ingénierie.
. - « Dure journée, n'est-ce pas ? »
. - « Dure, je suis responsable directement ou pas de la mort de plus de 100 personnes, ce qui me classe parmi les plus incompétentes praticiennes de la galaxie... Demain je donne ma démission. »
. - « Ce serait une erreur, personne n'aurait pu faire mieux, c'est le but du test. »
. - « Un test... !!! Dites plutôt une opération de destruction mentale. J'avais bien sûr entendu parler du Kobayashi Maru, mais j'en ignorais la dureté et puis je croyais qu'il était réservé aux futurs officiers de passerelle pas aux simples cadets de la section médicale. »
. - « Oh non ! Le Kobayashi Maru est réservé aux futurs capitaines, mais ils en existent d'autres, des tests pour les futurs membres de la sécurité, les futurs ingénieurs et les futurs docteurs. Vous avez perdu 100 patients, moi lors du test j'ai été responsable de la perte de cinq classes mercure et du vaisseau qui les escortait, l'USS-Murphy, comme la loi »
. - « La loi ? » Demande Anne-Laure
. - «
'Tout ce qui est susceptible d'aller mal ira mal' car en plus d'être des sadiques, les pontes de l'académie, ont un sens de l'humour bien à eux. Le 'Kobayashi Maru' ne vaut-il pas dire 'Bouquet de fleurs' et 'l'USS-Tauphï' peut se traduire librement en Pendjahi, 'USS-Caramel au beurre', commandé par le capitaine Empéatufer, Porte-poisse en Occitan »
. - « En effet, drôle de sens de l'humour, j'en rirais peut-être un jour lorsque je serai en fin de carrière, simple infirmière dans la plus reculée des stations de la fédération. »
. - « Allez, allez, laissez tomber le thé, prenez une double Eau de Villée, une douche chaude, dormez 12 heures, c'est prévus, et venez ensuite nous rejoindre demain soir, à la fête prévue pour tous ceux qui ont 'raté' le test, je vous y rencontrerais comment je suis mort, vous verrez c'est... spécial »
F I N