Pour la vie
par Pascal L.
L'enseigne vulcain Spock s’engouffre dans les escaliers du métro, tout entier préoccupé par son univers intérieur. Il se fraye rapidement et précautionneusement un chemin dans la foule, en évitant le contact ou les regards hostiles des terriens tout autour de lui. Pour un télépathe de contact cette affluence est un supplice mais sur terre aucun taxi n'accepte de prendre un non-terrien, alors tout les jours c'est le métro.
Il se place derrière un pilier aussi discret que possible, il n'est en effet pas rare qu'un étudiant en pousse un autre sur les rails au passage d'une rame, une façon comme une autre de supprimé un rival.
Près de son pilier il parait calme et imperturbable dans son uniforme parfaitement coupé, mais il tremble intérieurement. Il a déjà connu de telles périodes où il ne peut souffrir aucun regard humain, où même l'ordre strict de sa vie ne peut tempérer le sentiment de désordre que lui cause la présence des autres étudiants de l'Académie Impériale. Aujourd’hui, sept étudiants l'ont agressés à la sortie du cours de spacio-navigation. Il a joué des sept jeunes hommes comme de sept chiots fous trop impulsifs pour coordonné leurs attaques. Mais il va lui falloir une heure ou deux de méditation pour expulsé le trop plein d'émotions violentes qui risque à la longue de prendre le contrôle.
C’est alors que le rire chaud d’une fille flotte vers lui le long du tunnel souterrain. Il jette un coup d’oeil de l'autre côté du piller. Une fille avec une longue queue de cheval noire et à la peau verdâtre, trop clair pour venir d'Orion, trop exubérante pour venir de Vulcain, une Romulienne à coup sur.
Elle est accroupie juste de l’autre côté, un sac de sport appuyés contre ses jambes. Il note avec dégoût les seins épanouis qui pointent sous un chemisier trop voyant porté sous un uniforme ouvert et sale. Elle apparaît à Spock comme l'essence même du désordre.
L’arrivé du métro l’arrache à sa contemplation. Il doit se forcer à détourner les yeux. La conviction choquante qu'il l’a connue toute sa vie le saisit. Et pourtant, une partie de son cerveau sait qu’il ne l’a jamais vue auparavant. Elle semble être un fragment de cauchemar qui se serait égaré au grand jour. Il prie pour qu’elle ne soit pas dans la même wagon que lui. Quand il franchit les portes coulissantes, il la voit qui monte dans le wagon précédent.
Une fois à l’interieur, Spock jeta un rapide coup d’oeil autour de lui et s’assit à côté d’une femme aux cheveux gris. Loin de la foule du quai, il se remets un peu. Assis là, bien droit, son long visage calme et composé, il est l’incarnation même de la dignité vulcaine.
La porte coulissante à l’extrémité du wagon s’ouvre et la jeune romulienne la franchit, ses lèvres pleines ouvertes sur un sourire carnassier.
Spock baisse les yeux, contemplant les marques ternes de la pluie sur ses chaussures bien cirées. Il sent le regard de la jeune fille posé sur lui. Il recommence à trembler intérieurement et lève les yeux. Il regarde délibérément ailleurs, comme pour essayer de l’ignorer, si clairement qu’elle ne peut manquer de le remarquer.
Bien qu’ils soient séparés par la largeur de la voiture, il sent son lourd parfum chargé de musc.
Lentement, elle s’approche de lui, d’un signe de tête énergique elle chasse la vielle femme au cheveux gris, prend sa place.
Comme sa volonté Spock tourne la tête vers elle.
Un bijou ancien attaché à une tresse de cuir est niché dans le creux de la gorge de la jeune femme, une Era stylisé. Tout ce désordre, pensa-t-il, et elle y ajoute le désordre de la religion ! Mais ses yeux est attirés par la courbe des lèvres, Il tremble encore davantage. Sans raison, ses pieds sont gelés. Il rencontre alors ses yeux vert, clairs et profonds; chatoyants, c’est le terme exact.
– « C’est le lien. » Dit la jeune femme.
– « Pardon ? » Demande Spock
– « C’est le lien. »– « Je ne comprend pas. »– « C’est le lien. Nous sommes maintenant liés à vie, tu es à moi et ce jusqu'à ta mort, tu n’y peux rien, c’est comme cela, accepte le. »– « C’est impossible. »– « C’est vilain de mentir, mais ne crains rien, j’aime les mauvais garçon. »– « C’est impossible, le temps n’est pas venu. »– « Sur vulcain, mais nous sommes sur terre, à l’Académie Impérial, l’endroit le plus dépravés de la galaxie et tu es à moi, à moi pour toujours. »– « Il est inconvenant de parler de ses choses là en publics. »– « Parler, qui parle de parler ? » Demande la jeune femme.
C’est seulement à ce moment que Spock ce rend compte qu’aucun mots n’a été échangé, elle à raison, c’est le lien, le lien ineffable qui fait d’eux une seule et même personne.
– « Que tu crois, tu n’es qu’un vulcain, tu ne feras jamais le poids, tu es à moi mais l’inverse n’est pas vrai. »– « Tu ne pas plus rompre le lien que je le peux. »– « Ah les puceaux. » Dit-elle à voix haute afin d’être entendus pas tous le wagon et accentuer encore plus la gêne de Spock. « Allez suis-moi. »
– « Non. » Répond Spock.
– « Non ? Tu es à moi, ne l’oublie pas. »
Tout en répondant, la jeune femme, sans aucune gêne malgré tout le wagon qui a maintenant les yeux braqués sur eux, ce passe langoureusement une main sur la poitrine, main qu’elle descend ensuite jusqu'à l’entrejambe de son uniforme avant de remonter jusqu'à sa bouche.
– « Viens. »
Une profonde vague érotique saisit alors Spock et comme dans un rêve il se lève pour suivre la jeune femme.
* * * * *
Toujours accompagné de Spock, la jeune femme entre l'appartement quelle occupe dans le quartier romulien de San Franscico.
Sans plus attendre elle se déshabille de telle sorte qu’il la voie. C'est un joli corps élancé, aux seins épanouis, à la taille fine. Elle fait courir ses mains dessus, dans les interstices, partout, se concentrant sur les sensations de ses doigts, épiant les réactions de Spock. Elle vibre de désir, un désir de Spock ressent de sa gorge à ses reins.
Brusquement, elle arrête et sans quitter Spock des yeux ouvre le visiophone.
– « Ordinateur, appartement 256.89, sons et … vidéo. »
– « Oui, qui appelle… ha c’est toi. » Fit une voix masculine.
– « Je me sens seule, Arthur. Pourrais-tu venir tout de suite ? »
– « Comment résister à une telle invitation. »– « Ne traîne pas, sinon je me finis toute seule et tu resteras dehors. » Répond-elle avant de couper la communication et d'ajouter à l'intention de Spock.
– « Toi, tu sors et reviens dans une heure, pas avant, où je te donne à Arthur. »
* * * * *
Dix minutes se sont passées depuis que Spock a quitté l’appartement, Arthur à rejoint la jeune femme et maintenant il souffre le martyre en ressentant tout se qu’epprouve la jeune femme.
Au bout d’une demi-heure, il n’en peut plus, il se dirige en titubant dans un recoin de la cage d’escalier. De ses doigts tremblants, il sort une dague et retrousse sa manche. Il cherche sur son bras un emplacement où il sait ne pas y avoir de grosse veine et d'un coup sec enfonce la lame d’un bon centimètre. Puis, lentement, il la fait aller d’avant en arrière, laissant la douleur déferler sur lui en vagues écarlates, se concentrant totalement sur cette douleur jusqu’à ce ressente en plus de sa propre douleur celle de la jeune femme.
– « Fait-le sortir de là, » pense-t-il les dents serrées.
« Fait-le sortir de là. »Et c’est seulement lorsqu’il voit un Arthur ébahi et à demi vêtu sortir de l'appartement, qu’il retira la lame de son bras. Il vient d’apprendre à la contrôler, elle ne supporte pas la douleur. Finalement, il a réussi à faire triompher son esprit, en dépit de l’anarchie de son corps.
Assis là, le bras encore sanglant, la tête appuyée contre le mur, sachant qu’elle est étendue en travers du lit dans une semi-inconscience due à la frustration et à sa douleur à lui, il enfonce de nouveau la lame et prend complètement contrôle d’elle, il la force à s’asseoir, ce qu’elle fait. Elle a un léger gémissement de protestation, lorsqu’il l’oblige à s’habiller.
Il sent qu’elle y prend presque plaisir. Elle prend du plaisir à être comme cela dirigée, c’est nouveau pour elle. Et, malgré la douleur de son bras, l’émotion qu’elle éprouve lui cause une certaine joie. Il a l’impression de penser seul, avec son seul esprit, à la plénitude que pourrait leur donner une expérience ensemble.
– « Viens »– « Non. » Répond Spock à l’invitation télépathique.
– « Viens, prend-moi, force moi. »Spock sort de la cage d’escalier et la rejoins.
* * * * *
Mais là, les choses changent. L’appartement est plein de souvenir à elle et elle commence à reprendre le pas sur lui. Tout ce qui entoure Spock fait partie d’elle. Il commence à se sentir englouti par sa vie. Les souvenirs de la jeune fille l’entoure de toutes parts sans qu’il puisse rien faire pour les réprimer.
Qu’elle est belle. Il tend la main... puis ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Il sent son torse contre ses seins, contre son torse à elle sa propre poitrine. Sa bouche sur la sienne. Sa bouche à lui à elle contre…
Le monde entier échappe à tout contrôle et il ne reste rien que l’âpreté de sa passion, de leur passion, de la sienne, de la sienne, de la sienne..., il sent qu'elle reprend le contrôle et que plus elle ne le lâcheras quitte à le tuer après l'avoir aimé.
La raison de Spock se révolte. Il ne peut pas, il ne veut pas. Un fragment de lui-même se sépare de leur unité et devint de plus en plus important, jusqu’au moment où la partie la plus forte de son esprit surnage au-dessus du chaos de sensations et le contemple avec un froid dégoût.
Il doit agir, vite, pendant qu’il domine encore son propre corps.
Il attrape la jeune femme à la naissance de la gorge, sert jusqu'à ce qu’il sente les muscles se relâcher, il se dirige alors vers la baie vitrée et jette le corps dans le vide au moment où la jeune femme se réveille.
Elle hurle, essaye de s’accrocher mais il est trop tard elle est livrée maintenant à la seule gravité.
Comme s’il tombait lui-même Spock ressent les édifices culbuter. Contraction violente de l’estomac. Les voitures tournillent sur la chaussée. La pompe à incendie rouge se précipite vers lui. La rue monte, monte, monte... Éclatement de douleur rouge, insupportable !
Puis il y a les ténèbres, une lente diminution des sensations liée au lien et sa disparition
Spock se dirige en titubant vers une baie vitrée, il voit le corps flasque, déformé, recroquevillé près de la pompe à incendie et des gens qui couraient dans cette direction.
« Elle n’a même pas pu mourir dignement ! » pensa-t-il.
Il part sans se faire remarquer. A quelques blocs de l’appartement, il reprend le métro et se rend directement à son propre appartement à la légation vulcaine.
O paix merveilleuse ! Elle est partie, partie pour de bon. Rien ne reste d’elle, hormis la sensation de vide que peut éprouver quelqu’un qui vient de perdre un bras.
F I N
Histoire inspirée de Soul Mate de Lee Sutton.