Finalement, ce n'est que maintenant que je poste. Le roman est en cours d'écriture, et je tâcherai de ne pas laisser passer trop de temps entre les chapitres.
USS Baltimore III : requiem pour un vaisseau
Journal de bord personnel du lieutenant Harry Harlington. L’histoire entre l’enseigne Heitashi et moi a d’ores et déjà vécue, et c’est une bonne chose. Non pas que nous ne nous appréciions pas – au contraire – mais la situation était compliquée : je suis son supérieur, elle sortait de sa déception amoureuse d’avec Garcia, et moi-même flirtais avec la déprime après avoir dû marier T’Savhek à Silkar.
Ni Kimiko ni moi-même n’envisageons de sacrifier notre carrière à une éventuelle idylle à long terme. Si les circonstances étaient autres, peut-être… mais là, non. Nous nous sentions coupables de dissimulation, notre relation avait démarré pour de mauvaises raisons. Nous avons conjointement décidé d’y mettre fin et c’est très bien comme ça. Quelque part, nous sommes… requinqués, aussi idiot que cela puisse paraître.
J’ignore si quelqu’un à bord s’est rendu compte de notre manège. Sans doute que oui, nous sommes peu à bord et le navire est exigu. Mais personne n’a eu le mauvais goût de nous en parler. Pas même T’Savhek, qui sait pouvoir me dire les choses, surtout celles qui dérangent.
Par contre, celui qui a beaucoup perdu avec cette histoire est l’enseigne Garcia. Malgré mes recommandations à Lupescu, il est ostracisé par le reste de l’équipage. Ce Don Juan a conquis Kimiko avant de l’abandonner, et cela lui a beaucoup coûté, d’autant plus qu’elle est très appréciée de l’équipage.
Lui qui aime tant à se vanter de ses conquêtes a été remis à sa juste place – guère glorieuse – du prédateur, du chasseur. Le souci est que ses compétences de pilote, déjà sujettes à caution, en ont à nouveau pâli. Avant-hier et pour la première fois, T’Savhek, à l’issue des exercices de routine auxquels elle soumet l’équipage en tant qu’officier en second du
Baltimore, a émis la possibilité de demander la mutation de Garcia : à ses yeux, il n’est pas au niveau et ne le sera jamais car il ne progresse pas. Au contraire.
Je m’en voudrais d’arriver à une telle extrémité. J’aimerais qu’il prenne conscience de son potentiel et qu’il s’améliore. De lui-même, sans pression. Le souci, c’est qu’il m’a toujours semblé extrêmement perméable à la pression, justement, et qu’elle est en train de le dévorer depuis sa mise à l’écart par l’équipage. C’est le point-clé sur lequel il doit impérativement travailler. S’il n’y parvient pas, je crains que sa carrière au sein de Starfleet s’arrête prématurément…
Quant à T’Savhek… Je m’en suis éloigné pendant mon aventure avec l’enseigne Heitashi, ai joué à l’indifférent. Mais maintenant que la situation revient à la normale, mes sentiments pour elle ont repris le dessus. Naturellement, je garde mes distances et reste neutre, comme à l’accoutumée, d’autant plus que désormais, elle est mariée.
Il m’arrive de me demander ce qui se serait passé si je m’étais déclaré en temps et en heure. Aurais-je eu même une seule chance, alors qu’elle est promise à un autre depuis sa plus tendre enfance ? Je crains de ne jamais obtenir la réponse. Mes rapports avec son mari, le lieutenant Silkar, se limitent au strict minimum professionnel. D’autant plus facilement que nous n’avons pas spécialement d’atomes crochus. D’après T’Savhek, il s’acquitte de ses tâches scientifiques à la perfection, et vu que la science ne m’a jamais tellement intéressé, je la crois sur parole.
Au niveau professionnel, cela fait quinze jours que nous avons quitté Soffré, ou Narnaya Prime, selon qu’on désigne cette planète sous son nom autochtone ou celui que lui a attribué la Fédération. Nous n’avons eu aucune nouvelle de ce monde, ni directement, ni par l’intermédiaire de Starfleet. Je me demande si nous saurons un jour ce qu’il est advenu des habitants, et si leurs technologies de téléportation bénéficieront un jour à la Fédération.
De nouveaux ordres sont tombés récemment : nous avons rendez-vous avec le fleuron de la Flotte, rien moins que l’un des douze navires de classe Constitution, l’
USS Hood NCC-1703.
Nous devons participer à un exercice de simulation de combat spatial avec lui, même si je ne vois pas comment un navire de classe Pluton comme le
Baltimore pourrait avoir la moindre chance au combat face à un Constitution. Cette rencontre nous permettra aussi de nous ravitailler. Notre navire est minuscule, le problème du matériel et de la nourriture sont récurrents. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la production des Pluton a été abandonnée. Pour ce que j’en sais, le
Baltimore est peut-être le dernier en activité.
Enfin, dans le cadre de ce rendez-vous avec le
Hood, mon équipage et moi-même allons avoir le plaisir d’obtenir une permission ! Ça n’a l’air de rien comme ça, mais avoir la possibilité de déambuler à bord du
Hood va représenter un grand changement par rapport au Baltimore, si petit en comparaison.
Je suis ravi de la routine de ces derniers jours et par la perspectives de ces vacances. Bien entendu, quand on commande un navire de Starfleet, il y a toujours des impondérables, du danger, mais j’avoue ne pas être le genre de commandant à regretter quand il ne se passe rien : je suis un explorateur, pas un guerrier.