Cette mini-fic m'a été inspirée par la chanson "Quelques mots en ton nom", interprétée par Julien Clerc et Assia. Vous la trouverez ici :
http://www.deezer.com/listen-3135713C'est mon côté fleur bleue qui ressort, j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur...
Quelques mots en ton nom…
« De l'encre sur les doigts
Ou quelques larmes perdues
Les pages défilent mais
Sans toi je ne sais plus...
Mes mots partis avec toi
Vers un monde inconnu
Cherchent ta voix...
En silence
Mes rêves incertains
Paradis lointains
De tes croyances...
Une dernière mélodie
Ma désillusion
Et j'écris
Ces quelques mots
En ton nom... »
Julien Clerc & Assia, « Quelques mots en ton nom »
Février 2379, San FranciscoAssise devant sa console, dans son appartement, l’amiral nouvellement promu Kathryn Janeway répondait à ses messages personnels. Ils émanaient principalement de ses anciens officiers du
Voyager. Tom et B’Elanna Paris lui avaient envoyé des photos de la petite Miral, qui avait déjà bien grandi, et projetaient de lui rendre visite. B’Elanna avait accepté un poste à l’Academy, Tom n’avait lui pas encore pris sa décision. Cependant, la commission d’enquête qui venait de se terminer avait abandonné les charges qui étaient auparavant retenues contre lui ainsi que contre tous les membres du Maquis, pour services rendus. Mais le pilote, bien que blanchi, ne savait pas encore s’il réintégrerait Starfleet.
Quant à Tuvok, encore en permission sur Vulcain, il avait déjà fait le choix de conserver son poste sur le Voyager, dès qu’il sortirait à nouveau des docks. Le vaillant vaisseau faisait en effet l’objet d’une étude approfondie de la part des services de Starfleet Command après son odyssée fantastique. Mais le destin du
Voyager n’était plus entre ses mains désormais...
Elle ouvrit un troisième message. C’était Harry Kim. Lui profitait pleinement de sa permission et ne savait pas encore s’il garderait son poste sur le Voyager. Ces sept ans dans le quadrant Delta lui avaient ouvert d’autres horizons et lui avaient donné une expérience qu’aucun enseigne ne pouvait se targuer d’avoir. Il avait déjà eu plusieurs propositions mais remettait sa décision à plus tard.
Il restait un dernier message….celui qu’elle désirait et craignait le plus à la fois de lire. Il émanait de Chakotay. Lui aussi était encore en permission sur sa planète natale, et il avait emmené Seven, of Nine avec lui.
Kathryn se laissa aller contre le dossier de sa chaise en réprimant un soupir. Pourquoi se posait-elle encore des questions ? Il avait clairement fait son choix, enfin ils l’avaient fait ensemble plusieurs années auparavant, sur New Earth. Entretenir une relation sentimentale aurait indéniablement compliqué leur travail et aurait ajouté une variable supplémentaire et instable à une situation déjà très difficile. Et pourtant, il y avait vraiment quelque chose de réel et de très fort entre eux, mais elle aurait été bien en peine de le qualifier exactement. Complicité ? Indéniablement. Amitié ? Plus fort que cela. Amitié amoureuse ? Très probablement. Amour ? Peut-être, elle ne s’était jamais posé la question franchement. Ne disait-on pas qu’on aimait quelqu’un lorsqu’on voulait le savoir heureux, même avec une autre personne que soi ?
Quoi qu’il en soit, il y avait eu à un moment une attraction entre eux, une tension sexuelle assez forte mais qui avait fini par se tempérer avec le temps pour se transformer en une complicité très grande, à tel point que chacun d’eux pouvait presque lire dans les pensées de l’autre et le comprendre sans un mot.
Retenant son souffle, elle afficha le message et se mit à le lire :
« Kathryn,
J’espère que vous aurez le temps de lire ce message au milieu de vos multiples obligations. Nous sommes bien arrivés sur Dorvan V et je me réjouis de me retrouver parmi mon peuple. Seven aussi s’y plaît, même si elle l’exprime peu, comme à son habitude. Ma mère et elle se sont très vite bien entendues, même si elle a eu un peu de mal au départ à comprendre l’histoire un peu chaotique de Seven.
Je pense que vous êtes au courant qu’on m’a proposé le commandement du Voyager. Je n’ai pas encore pris ma décision mais je compte l’accepter, aussi bien pour moi que pour Seven. Je n’ai pas eu le loisir de vous le dire avant de partir, mais je vous suis reconnaissant de les avoir empêchés de l’examiner comme une bête de laboratoire. Je savais que vous ne les laisseriez pas lui faire de mal. Quoi qu’il en soit, elle sera mieux sur le Voyager que sur Terre et je tiens à ce qu’elle soit à mes côtés.
Je voulais aussi vous remercier de ce que vous avez dit en ma faveur devant la commission d’enquête, mais je n’ai pas su trouver les mots et nous n’en avons pas vraiment eu le temps. Rien ne vous forçait à le faire. J’étais prêt à assumer les conséquences de mes actes et voilà qu’on m’offre un commandement. La vie a parfois des retours étranges. Une simple rencontre change à jamais votre vie. Vous avez transformé la mienne à jamais pour lui faire prendre un tour inattendu. Bien que Seven possède à présent la plus grande partie de mon cœur, vous y avez une place toute particulière que vous occuperez toujours. Je n’ai jamais eu le courage de vous le dire directement mais je voulais que vous le sachiez.
Seven me charge de vous dire de bien veiller sur vous et de penser à vous régénérer plus souvent. Nous viendrons vous voir dès que nous rentrerons…vous me manquez.
Portez-vous bien, Kathryn, et donnez-moi vite de vos nouvelles. Que le Grand Esprit veille sur vous !
Chakotay »Le regard bleu de Janeway se détourna lentement de l’écran, et elle vit que des larmes inondaient ses joues sans qu’elle se fût seulement aperçue qu’elle pleurait. Elle ne s’était pas attendue à tout cela et elle était touchée au plus profond d’elle-même.
Elle attrapa un mouchoir en papier et s’essuya les joues, un peu honteuse d’être aussi sentimentale.
Pourtant, elle savait que bien souvent il était du genre à exprimer son avis sans détours. Jamais cependant il ne lui avait ainsi livré autant le fond de sa pensée, probablement parce que ce genre de choses était très difficile à dire en face. Aurait-elle le même courage ? Pourrait-elle lui dire que pour elle il occupait une place à part et que ce serait toujours le cas ? Sa décision fut vite prise : elle lui devait du moins cela. Sa fermeté ordinaire revint dans ses yeux bleus et elle ouvrit une nouvelle page avant de commencer à dicter d’une voix encore un peu assourdie par l’émotion.
« Chakotay,
J’ai bien reçu votre message et je vous en remercie. Je suis heureuse de savoir que tout se passe bien sur Dorvan V pour Seven et vous. Comme vous l’avez deviné, je ne manque pas de travail ici, c’est un travail totalement différent que celui que j’exerçais avant, beaucoup plus paperassier, mais je pense qu’il me conviendra bien. Je crois que j’ai besoin de calme. L’exploration me manque déjà un peu mais cela finira par passer avec le temps.
J’étais en effet au courant qu’on vous avait proposé le commandement du Voyager. On m’a consulté à ce sujet, j’ai donné mon aval car j’estime que vous le méritez. J’étais le plus à même de pouvoir juger de vos capacités de commandement et il est temps qu’enfin vous voliez de vos propres ailes.
Vous n’avez pas non plus à me remercier pour ce que j’ai dit devant la commission d’enquête, tout était parfaitement vrai et justifié. Cela fait huit ans que nous nous connaissons, nous avons connu le pire et le meilleur ensemble. Nous nous sommes opposés à de nombreuses reprises, mais je remettrais ma vie entre vos mains sans hésiter, comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire. Seven n’aurait pu choisir meilleur homme pour veiller sur elle et je vous souhaite d’être heureux avec elle. Je vous le dis en toute sincérité et je sais que vous saurez le distinguer, même à travers mes mots. J’ai été très touchée de ce que vous m’avez dit dans votre message. Ce qu’il y avait entre nous, ce que nous ressentions l’un pour l’autre n’a jamais été très simple à démêler, mais le temps a fait son œuvre et a bonifié cela. Pour moi aussi vous occupez une place à part et je sais que ce sera toujours le cas.
Je serai ravie de vous voir, Seven et vous, vous me manquez aussi. Je crois que je n’ai plus l’habitude de vivre ainsi seule sur la terre ferme. Mon appartement est plus grand que mes anciens quartiers, mais il me paraît trop grand à présent. Enfin, je pense qu’il me faut juste du temps.
Portez-vous bien tous les deux et veillez sur vous.
Kathryn »Elle relut ce qu’elle venait de dicter. Jamais elle ne lui avait dit ces choses de vive voix. Pourtant, à plusieurs reprises, elle s’était montré face à lui sous un jour des plus vulnérables, mais elle n’avait jamais été jusqu’à lui exprimer directement tout cela. Il fallait croire que c’était le bon moment à présent. Étrangement, elle se sentait mieux, plus légère, même si tout n’était pas dissipé, loin de là. Mais cela lui faisait une chose en moins pour avancer dans son cheminement personnel.
Elle appuya sur un bouton pour envoyer le message, s’adossa au dossier de sa chaise et regarda devant elle, le regard dans le vague. Puis un sourire fendit lentement son visage et elle se mit en devoir de répondre à ses autres messages alors que, sous ses pieds, son chiot Merlin s’endormait calmement avec un soupir…
FIN