Excellent épisode avec des moments très bien ficelés.
Si l'évasion dans la caisse et le technicien le nez au mur pendant un lonnnng moment reste une grosse ficelle, pardonnable à l'époque, on a un jeu de communications non verbales entre Spock, Kirk et McCoy sur la passerelle qui sort du lot. Les regards, les mimiques qui en disent long, très bon jeu d'acteurs.
Quand Van Gelder débarque sur la passerelle, arme au poing, Spock se déplace avec la ruse et la patience d'un félin, tandis que Kirk attire le forcené là où il le veut. Dommage qu'il détourne le regard un quart de seconde, trahissant la manoeuvre du Vulcain.
Un coup de pied, une prise vulcaine et le tour est joué. Une séquence d'une excellente qualité.
Le point faible de l'épisode, ça devient récurrent, c'est la nana. On nous sort une pseudo-psychiatre d'un chapeau. Jusque là, McCoy docteur-à-tout-faire n'avait pas eu besoin de ses compétences. Compétences, c'est vite dit. Pour faire une psy, on prend une bombasse décoincée qui débite mot pour mot la récitation qu'elle a apprise à l'école et qui ignore qu'on puisse se remettre scientifiquement en question.
Ça fait plaisir d'entendre un patronyme français/francophone (mais qui ne serait pas si rare aux USA) surtout que c'est à ... Noël que la psychounette et le beau capitaine ont dansé en parlant des étoiles.
Entre la psy de l'épisode pilote et celle-ci ... il y a une sérieuse baisse de qualité, en terme de compétences professionnelles. Aller faire une suggestion coquine en mode hypnose, impliquant le thérapeute et le patient, c'est manquer à la déontologie.
Heureusement, elle ne profitera pas de la situation quand on aura envoûté le capitaine, elle s'emploiera à le dé-suggestionner et elle va se montre admirable en femme d'action. Là, elle assure : trouver la cabine à haute-tension, couper le jus, envoyer par de bons coups de pieds le méchant se faire griller comme une saucisse sur le barbecue.
C'est la première fois où Spock va opérer une fusion mentale. C'est très bien introduit, puisqu'on apprend qu'il ne met pas ses doigts n'importe où sur la figure : il fait pression sur certains vaisseaux et certains nerfs. Il commence aussi par de la relaxation, une séquence dont les fusions mentales postérieures feront l'économie.
J'aurais bien voulu qu'il refasse sa prise vulcaine sur le malheureux Van Gelder pour lui épargner une énième injection de tranquillisant.
Mis à part ça, cette investigation, cette analyse du cas du patient est menée conjointement de façon très scientifique.
Un petit truc que je n'ai pas trop compris c'est la raison pour laquelle on ne ficelle pas le patient au siège dans la salle d'hypnose. Le "patient" aurait pu très bien se lever et tenter de s'échapper plutôt que de faire face à ce truc-bidule lumineux. Cela vaut aussi pour le Dr Adams qui, au lieu de se traîner en dehors de la salle, se laisse vider la cervelle et mourir de solitude.
Passons au point d'actualité de l'époque pour voir ce à quoi l'épisode voulait faire allusion.
J'ai d'abord pensé à la lobotomie. Elle réduit souvent les gens à l'état de légume. Elle était massivement pratiquée dans les années 50 et puis vivement critiquée et abandonnée par la suite.
Les électrochocs ont été également pratiqués comme une panacée universelle, avant qu'on ne s’aperçoive qu'ils pouvaient laisser des séquelles, qu'il y avait des contrindications et qu'on ne réduise leur application à des cas précis.
Et puis naturellement, le lavage de cerveau. Le terme anglais a été utilisé pour la première fois en 1950 pour traduire une expression chinoise. Les Chinois communistes "ré-éduquaient" les dissidents et les prisonniers de guerre, notamment les soldats américains lors de la guerre de Corée. Donc une réalité encore prégnante dans les années 60.
S'imaginer un docteur Mabuse qui déprogramme et reprogramme des délinquants en vidant leur cerveaux de leurs acquis et en y mettant ses propres idées, on est dans un thème du fil du temps.
Kirk remarque le regard inexpressif de certains résidents. Cela soulève également la question du libre-arbitre.
Pour moi, c'est un très bon épisode.