Cette mini fic a été commencée à la convention Génération Sci Fi à Velaine en Haye, en octobre 2012. Comme quoi un environnement propice accentue les travers de mon esprit malade...
Les choses de la vie
USS Voyager, quadrant delta, 2378Kathryn Janeway était assise dans sa ready room, comme à son habitude, à lire les rapports de chaque département. Elle entendit frapper et reconnut la façon de ses filles de s’annoncer. En effet, à cinq ans, elles n’étaient pas encore assez grandes pour atteindre la sonnette. Elle leur dit d’entrer et la porte s’ouvrit, laissant apparaître ses jumelles. Elles étaient habillées presque de la même façon d’une jupe, de collants et d’un haut à manches longues mais coiffées différemment, car depuis peu s’affirmait leur différence après une période assez fusionnelle durant leur petite enfance. Virginia avait une natte et sa sœur une simple queue de cheval qui retenaient les cheveux auburn qu’elles avaient toutes deux hérité d’elle.
« Qu’est-ce qu’il y a, les filles ? », les interrogea-t-elle en posant le PADD qu’elle tenait.
Les deux regards identiques des jumelles se posèrent sur elle, et ce fut Diana qui commença :
« Maman, pourquoi tu n’es pas mariée avec papa ? »
Sans laisser à leur mère le temps de se remettre du premier choc, Virginia acheva :
« Tom et B’Elanna sont mariés, et ils vont avoir un bébé. Alors pourquoi tu n’es pas mariée avec papa vu que tu nous as eues ? »
La plus jeune des jumelles s’affirmait de plus en plus comme étant la scientifique du lot à l’esprit très logique mais elle ne pensait pas qu’elle s’intéressait déjà à ce genre de choses. Mais comment expliquer qu’enfants et mariage n’étaient pas forcément liés ?
Son regard alla de l’un à l’autre des deux petits visages, et elle commença :
« Eh bien… »
Son cerveau fonctionnait à plein régime pour pouvoir trouver quelque chose de satisfaisant à dire, et surtout politiquement correct pour des enfants de cinq ans. Il fallait avouer que la situation n’était pas si simple que cela non plus. Chakotay était son second, le père de ses filles, quelqu’un de très proche mais il n’y avait rien de romantique entre eux parce qu’ils l’avaient décidé voici plusieurs années et ça n’aurait fait que poser des problèmes. Mais il y avait toujours ce quelque chose, cette attirance entre eux qui avait causé la naissance des jumelles, mais ce sentiment s’était plus ou moins tempéré pour devenir une grande complicité et une grande confiance. Ils s’efforçaient néanmoins d’être de bons parents malgré l’instabilité ambiante et ils aimaient leurs filles, ce qui était essentiel, même s’ils devaient souvent être fermes avec elles.
Elle sourit à sa progéniture et expliqua calmement :
« Parfois, les papas et les mamans ne sont pas mariés, ce n’est pas obligatoire pour voir avoir des enfants mais, ce qui est obligatoire, c’est d’aimer ses enfants et d’en prendre soin. Papa et moi ne sommes pas mariés mais nous vous aimons énormément et nous prenons soin de vous, c’est ce que les parents doivent faire, qu’ils soient mariés ou pas… »
Elle attendit la réaction de ses filles, espérant que cela comblerait leur curiosité, mais son cauchemar continua lorsque Virginia sortit de sa poche son petit PADD personnel qui ne la quittait jamais, sur lequel sa mère reconnut un schéma très simple et adapté aux enfants de la reproduction humaine.
« C’est Seven qui nous l’a trouvé parce qu’on voulait comprendre, mais elle n’a pas su nous expliquer… », dit la fillette, perplexe.
Allons bon, voilà que la Borg s’y mettait, maintenant. Elle était proche des fillettes et leur apprenait beaucoup de choses, mais Kathryn nota dans un coin de son cerveau de lui signifier de lui laisser expliquer de genre de choses à ses filles bien qu’elle se doutât que c’étaient probablement les jumelles qui avaient insisté.
Elle leur fit signe de venir de l’autre côté du bureau et expliqua en désignant les dessins :
« Vous avez déjà compris qu’il fallait un papa et une maman pour faire des enfants. Alors c’est la maman qui va porter le bébé à l’intérieur d’elle, et il sort quand il est prêt, normalement au bout de neuf mois. Vous, vous étiez deux, c’est pour ça que vous étiez petites quand vous êtes nées et que vous étiez un peu en avance pour venir au monde… »
Elles avaient vu des photos d’elles bébé dans leur album de photo, ce qui suffisait à prouver ce que leur mère leur disait. Janeway s’interrompit et, un peu tendue, attendit une réaction de ses filles et surtout une question embarrassante sur la façon dont étaient conçus les enfants à l’origine. Mais il fallait croire qu’une plus haute instance était de son côté car rien ne vint à ce propos, même pas de la part de Virginia, la plus curieuse des deux. Pour l’instant, l’explication leur suffisait et elle se retint de soupirer discrètement.
Mais Virginia, bien qu’elle eût l’esprit scientifique, était encore perplexe.
« Alors on était toutes les deux à l’intérieur de toi, maman ? », demanda-t-elle.
Elle avait peine à imaginer cet état de fait malgré le schéma, et Kathryn le comprit parfaitement.
Elle acquiesça :
« Oui, je vous ai portées toutes les deux à l’intérieur de moi pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que vous soyez prêtes à vivre à l’extérieur… »
Cela n’avait pas été sans mal mais elle ne le regrettait toujours pas, même cinq ans après. Elle avait failli mourir, ses filles aussi mais, au-delà de tout cela, elle croyait toujours que le jeu en avait fallu la chandelle. Les années qui venaient de s’écouler avaient été difficiles pour son équipage et elle, mais elle n’avait pas pensé qu’elle se réaliserait autant en tant que mère.
Elle ajouta pour clore la discussion :
« Le reste, vous l’apprendrez quand vous serez plus grandes, vous êtes encore trop petites pour comprendre. Quand vous en aurez l’âge, je vous en parlerai…»
Elle leur sourit et caressa leurs cheveux avec tendresse.
« Quoi qu’il en soit, je n’oublierai jamais le jour où vous êtes nées, cela a été l’un des plus beaux jours de ma vie… »
Elle déposa un baiser sur chacun des fronts de ses filles et leur dit :
« Maintenant, j’ai du travail... »
Les fillettes, habituées à cet état de fait, rendirent à leur mère son baiser sur sa joue et sortirent de la ready room. Elles marchèrent un moment puis Virginia fronça les sourcils et dit à sa sœur :
« Mais…finalement, elle ne nous a pas dit comment on fait les bébés… »
Diana haussa les épaules.
« Hé bien…on n’a plus qu’à attendre d’être plus grandes, alors… »
FIN