Cette mini fic prend place dans la série de livres Voyager "Full Circle", écrits par Kirsten Beyer (non, ce n'est pas traduit). Elle extrapole ce que j'espère voir se passer dans quelques livres (qu'on va attendre un bon moment, l'auteur est scénariste sur DSC actuellement)
Pour le meilleur et pour le pire
2384Kathryn Janeway s’observait dans son miroir. Elle venait d’achever de revêtir son uniforme de parade, et tirait machinalement dessus, le regard vague. Dans quelques minutes, B’Elanna Torres et Seven of Nine viendraient la chercher dans le mess du Voyager où se tiendrait la cérémonie. Après des années à refuser catégoriquement le mot « mariage », elle allait dans les règles se faire passer la corde au cou au milieu d’un public trié sur le volet et qui, même comme cela, remplirait à craquer la pièce. Mais tout de même, elle n’avait cédé qu’à une seule condition : qu’elle n’aurait pas à porter une robe de mariée, car elle estimait que ça aurait mis à mal son autorité sur sa flotte, et que la cérémonie soit simple et sans tambour ni trompettes. La cérémonie avec flonflons, robe et famille, ce serait pour leur retour sur Terre, à la fin de leur mission, dans plusieurs années. Malgré tout, elle s’était sentie obligée de l’annoncer à sa mère et à sa sœur, qui ne s’étaient pas trouvées ravies de la voir se marier sans elles, comme c’était prévisible. Heureusement, sa concession avait réussi à faire passer la chose plus facilement.
Finalement, celle qui avait pris le mieux la chose était la sœur de Chakotay, Sekaya, qui leur avait souhaité beaucoup de bonheur et espérait elle aussi pouvoir accomplir les rites avec eux dès qu’ils le pourraient.
Finalement, après avoir refusé toutes ces années, c’était elle qui avait abordé à nouveau le sujet. Chakotay avait dit qu’il se rangerait à sa décision, quoi qu’elle en dise, mais elle l’avait senti vraiment heureux quand elle lui avait proposé, au détour d’un petit déjeuner, de se marier. Et voilà comment elle s’était tout simplement engagée, rien de compliqué et elle entendait que ça reste de la même façon. Et si quelqu’un tentait de dire quoi que ce soit, elle était désormais prête à l’affronter, et pas uniquement parce qu’elle aurait signé en bas d’un contrat de mariage…
De son côté, Chakotay, assis dans ses quartiers, ceux qui avaient été ceux de Kathryn Janeway pendant des années, tentait de s’intéresser à la discussion animée qu’entretenaient devant lui Tom Paris et Harry Kim, ses témoins. Il ne ressentait que très peu de nervosité, comme si c’était finalement très évident, dans l’ordre des choses. Lui aussi portait son uniforme de cérémonie avec quelques éléments indiens, et c’était Tom Paris, désormais son premier officier, qui tenait dans sa main le petit écrin qui contenait leurs alliances. Il le remettrait tout à l’heure au petit Michael Owen, son fils, qui l’apporterait aux mariés. Ne cédant pas aux objurgations de ses témoins qui auraient voulu leur organiser une cérémonie renversante, Kathryn et lui avaient fait front et souhaité le plus simple possible. Ils avaient demandé au capitaine Regina Farkas, officier commandant de l’USS Vesta, de bien vouloir officier, ils la connaissaient bien et l’estimaient.
Il suivait la conversation d’une oreille. Il n’avait jamais été marié jusque-là, mais Paris et Kim l’étaient déjà et insistaient sur le fait que ça allait changer beaucoup de choses pour lui. Il ne voyait pas quoi, vu qu’il avait déjà l’habitude qu’on l’appelle « l’homme de l’amiral » ou « le mari de l’amiral », ça ne changerait rien de ce côté-là, il devrait toujours en faire plus pour prouver qu’il n’était pas là par favoritisme. De toute façon, vu les épreuves qu’ils avaient traversé à l’époque de l’amiral Montgomery, il avait l’assurance que leur couple était assez solide pour en traverser d’autres. Il n’était pas non plus du genre à être fleur bleue, mais il était clair pour lui depuis longtemps que Kathryn était la femme de sa vie. Difficile de dire exactement pourquoi, c’était un tout qu’il n’aurait su démêler.
On frappa et une tête chauve apparut alors par l’entrebâillement. C’était le docteur.
« Vous ne venez pas ? Elles vont bientôt arriver… »
Les trois hommes se levèrent et déposèrent les tasses de café qu’ils tenaient. Chakotay tira sur son uniforme, prit une grande respiration et dit à ses témoins :
« Alors allons-y… »
Dans les quartiers de Kathryn Janeway, Seven of Nine et B’Elanna Torres venaient d’arriver. B’Elanna avait amené avec elle la petite Miral, filleule de Janeway, habillée d’une robe recouverte de tulle argentée et qui tenait un petit panier rempli de pétales de roses, et le petit Michael Owen, qui étrennait le premier costume de sa jeune vie. Même B’Elanna avait fait un effort vestimentaire digne de sa qualité de témoin avec une robe en velours bleu très habillée. Pour Seven, c’était la sobriété qui prévalait, comme à son habitude, avec un tailleur simple, et Janeway trouvait cela juste parfait.
La petite Miral adorait sa marraine, et vint l’embrasser.
« Alors, tu vas te marier, comme maman ? »
Janeway sourit à sa petite filleule.
« Oui, et je suis ravie que tu sois ma demoiselle d’honneur… »
Elle avait toujours eu une relation proche avec Miral depuis que celle-ci était née sur le Voyager, quelque part entre les quadrants delta et alpha. Pourtant, pour l’instant, la question des enfants éventuels restait entre elle et Chakotay. Elle aimait les enfants, mais elle n’en désirait pas pour l’instant, alors que lui se sentait tout à fait prêt à être père. Cependant, elle n’avait pas fermé la porte à la discussion, elle se voyait pour l’instant plutôt adopter, mais ils devraient en reparler pour éviter que ceci ne mette à mal leur relation sur la durée. Cependant, cela n’avait jamais remis en question les sentiments qu’ils se portaient l’un à l’autre.
Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir davantage, ce fut Seven qui, de sa voix toujours aussi monocorde et impavide, leur rappela qu’il était presque l’heure. B’Elanna rassembla sa nichée et Seven et elle accompagnèrent leur ancien capitaine jusqu’au mess que l’on avait décoré avec force rubans roses et motifs indiens.
Quand elles arrivèrent au mess, tout le monde y était déjà rassemblé et le marié attendait avec ses témoins tout au fond, sous l’arche qu’on avait installée et munie de force fleurs. Au bout, près de la porte, Tuvok se tenait là, raide comme à son habitude. Comme Janeway n’avait plus de père, c’était à lui qu’elle avait demandé de la mener à l’autel et, même s’il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle y tenait, il avait fini par accepter. Ce qu’il avait compris, malgré tout, c’était l’importance qu’elle lui accordait puisqu’en quelque sorte, elle lui donnait la place de son père qui n’était plus. Elle glissa son bras sous le sien et il l’accompagna de son pas égal jusqu’à Chakotay alors que Miral jetait des pétales de fleurs devant eux. Pendant ce temps, un membre de l’équipage jouait la marche nuptiale au violoncelle. Le capitaine Farkas se trouvait devant eux, vêtue de son uniforme de parade, un peu raide mais souriante. C’était de loin un des devoirs qu’elle préférait lié à son grade, surtout quand il s’agissait de marier des personnes qu’elle respectait et estimait. Et elle estimait largement qu’ils avaient assez eu leur part de malheur pour pouvoir enfin connaître un peu de bonheur, même si c’était ici, dans le Quadrant Delta qui finalement les avait réunis.
Chakotay ne quittait pas Kathryn des yeux à mesure qu’elle avançait vers lui, pour lui elle était aussi belle et impressionnante dans son uniforme de parade qu’elle le serait en robe de mariée quand ils retourneraient sur Terre. Ce n’était pas ça qui comptait, c’était du décorum et ils n’y accordaient que très peu d’importance. C’était le moment qui importait. Eux, leurs amis autour d’eux, ces gens qui leur étaient précieux, dont certains étaient à leurs côtés depuis des années.
Quand elle arriva à son niveau, elle remercia Tuvok d’un signe de tête. Son regard croisa celui de Chakotay et ils se sourirent, complices. Voyant cela, Farkas eut elle aussi un sourire et, se raclant la gorge, commença :
« Il est des devoirs plus faciles à remplir que d’autres pour un capitaine, mais celui-ci m’a toujours paru le plus facile de tous, surtout quand il s’agit d’unir deux personnes, deux officiers de valeur que nous tous ici estimons et apprécions… »
Elle fit une pause et sourit aux deux héros du jour, mais ils étaient surtout occupés à se regarder l’un l’autre à ce moment-là. Mais ils finirent par reporter son attention sur elle. Elle reprit :
« Mais vous n’êtes pas venus ici pour m’entendre parler pendant une heure, aussi vais-je donner la parole pendant quelques minutes aux mariés, pour qu’ils puissent échanger devant vous leurs vœux… »
Et elle fit signe à Chakotay de commencer. Celui-ci n’avait pas vraiment manqué d’inspiration pour imaginer ce qu’il dirait à cette occasion, il lui avait même fallu se limiter, mais l’essentiel était tout de même là. Il reporta son attention sur sa fiancée et commença :
« En me retrouver dans les Badlands voici tant d’années, je n’aurais jamais pensé que croiser un vaisseau de la Fédération puis partager son sort m’amènerait beaucoup d’années après à en épouser le capitaine après en avoir pris le commandement. Il y a des rencontres qui ont plus ou moins d’importance, et te rencontrer, malgré les conditions, a assurément été un des moments les plus conséquents de toute ma vie. Je n’oublierai jamais à quel point la première impression que j’ai eu de toi, cette sévérité extérieure, était finalement assez éloignée de ce que tu es réellement. Ce que tu es véritablement au fond de toi, nous le connaissons tous, et c’est de cette vraie Kathryn que je suis tombé amoureux. Mon peuple fait grand cas de l’instinct et le mien me soufflait que c’était toi la femme de ma vie. Les événements t’ont ramenée vers moi et j’y ai vu un signe, signe que c’était le moment d’enfin lier nos destins après tant d’années. C’est avec toi que je veux partager ma vie pour le temps qui nous reste. »
Il perçut quelques reniflements dans l’assistance, mais n’y fit guère attention, son regard ne quittant pas sa dulcinée. Elle se tut quelques dizaines de secondes avant de commencer :
« On ne peut pas dire que notre rencontre se soit produite sous les meilleurs auspices, pas de petits cœurs roses ou de papillons dans le ventre, loin de là. Il est difficile de songer à la bagatelle quand on doit veiller sur son équipage, assurer sa survie et faire en sorte que deux mondes éloignés fonctionnent ensemble dans un même but. Et pourtant, malgré ton passé, malgré ce que tu étais à cette époque, tu as été là, toujours. Ta présence à mes côtés ne s’est jamais démentie, même quand tu désapprouvais mes actions. C’est ainsi que j’ai appris à connaître l’homme que tu étais et ce qui était important pour toi. Le reste a été un très long chemin semé d’embûches, et pourtant ce que je ressentais envers toi n’a jamais varié, même s’il était difficile au début de le qualifier réellement, le sentimentalisme n’a jamais vraiment été mon fort. Et à présent, je suis prête à lier mon destin au tien, parce que je pense que vu ce que nous avons déjà supporté, il ne peut pas nous arriver pire et, puisque nous sommes toujours ensemble après tout cela, c’est que nous sommes prêts pour ça maintenant...pour, comme les Vulcains disent, nous réjouir de nos différences respectives…
Elle avait parlé calmement, avec franchise, comme à son habitude, et quelques-unes de ses assertions avait fait sourire dans l’assistance. Farkas posa le regard sur les deux personnes devant elle, et commença en regardant Chakotay :
« A présent, place aux paroles classiques. Capitaine Chakotay, voulez-vous prendre pour épouse l’amiral Kathryn Janeway, pour l’aimer et partager sa vie et son destin jusqu’à ce que la mort vous sépare ? »
L’intéressé fit entendre un retentissant « oui », et quelques reniflements apparurent dans l’assistance.
Puis elle reporta son attention sur Janeway :
« Amiral Kathryn Janeway, voulez-vous prendre pour époux le capitaine Chakotay pour l’aimer, partager sa vie et son destin jusqu’à ce que la mort vous sépare ? »
Là aussi, le « oui » fut net, franc et massif. Clairement, la fiancée elle non plus n’avait aucun doute sur son engagement. Les reniflements se firent plus présents, et certains sortirent discrètement leurs mouchoirs.
Farkas fit signe à Tom Paris, et le petit Michael Owen, de son pas un peu hésitant, apporta aux mariés le petit écrin contenant leurs alliances. Chakotay prit la première dans sa main, prit celle de Kathryn dans la sienne et lui glissa l’alliance au doigt. Elle fit ensuite de même pour lui, devant l’assistance de plus en plus émue. Leurs regards ne se quittaient pas, et il percevait son émotion, même si elle ne l’exprimait pas vraiment physiquement, et elle le connaissait suffisamment pour percevoir la sienne. Mais ils goûtaient tous les deux l’émotion et la solennité de ce moment qui leur appartenait en propre.
Farkas sourit et conclut :
«En ma qualité de capitaine du Vesta, après la déclaration de votre amour devant nous tous et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare officiellement mari et femme… »
Elle acheva en direction du nouveau mari :
« Vous pouvez embrasser la mariée… »
Chakotay n’avait pas vraiment besoin d’encouragement pour cela et s’exécuta sous les vivats de l’assistance. Elle ne l’entendit pas mais elle le vit articuler « je t’aime » alors qu’elle le sentit serrer davantage sa main qu’il tenait toujours alors que tout le monde applaudissait à tout rompre…
FIN