Attention ! Cette mini-fic contient une scène pour adultes qui, bien que "soft", n'est pas à mettre entre toutes les mains. Cette mini fic est la suite de « Question de point de vue »Et maintenant ?
« Deviner le jour qui se lève
Sentir ton regard sur moi
Toucher ton visage
Respirer ta peau
M’abandonner contre toi
Déchiffrer tes yeux d’aquarelle
Me glisser sous tes satins
Embrasser tes lèvres
Gémir dans ton cou
Et nous sentir amoureux fous »
Herbert Léonard, Julie Pietri « Amoureux fous »
San Francisco, 17 janvier 2380, 4h30« Et maintenant ? », se demandait Kathryn Janeway, allongée dans son lit à regarder le plafond. Près d’elle, sa peau mate se démarquant du drap, Chakotay dormait calmement.
Kathryn se trouvait partagée entre la félicité la plus totale et l’impression d’avoir trahi ce qu’il y avait entre eux, et elle ne savait plus que penser.
Il était arrivé la veille au soir pour lui rendre visite car il venait de débarquer du Voyager. Bien sûr, elle savait qu’il était de nouveau célibataire depuis plusieurs mois, mais elle l’avait accueilli comme un ami proche qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Ils avaient agréablement devisé pendant un bon moment, puis elle avait cuisiné à dîner et ils avaient mangé en discutant encore. C’était lorsqu’ils s’étaient assis dans le salon que la situation avait commencé à glisser imperceptiblement vers le badinage. Elle l’avait senti mais elle n’avait rien fait contre, même si une part d’elle-même lui avait crié d’arrêter là, que la situation échappait à tout contrôle. Ils s’étaient trouvés face à face, sans plus soudainement savoir que dire ou que faire. Il y avait eu un long instant de silence quelque peu embarrassé, puis leurs regards s’étaient croisés. Et là, plus moyen de tricher, de faire semblant. Ils s’étaient trouvés à la fois terriblement attirés l’un vers l’autre mais ils avaient encore hésité, ne voulant pas briser par un simple moment d’égarement des années de complicité et d’amitié indéfectible. Après tout, ils avaient fait ce choix voilà bien longtemps maintenant et ils avaient vécu avec, admettant sans le moindre problème qu’il y avait des sentiments très forts entre eux sans la moindre jalousie, même lorsqu’il y avait eu Seven of Nine dans la vie de Chakotay. Mais ce soir-là, alors qu’il n’y avait qu’un seul pas entre eux, ils avaient eu conscience de se trouver à la croisée des chemins. Ils savaient que, s’ils franchissaient ce pas qui les séparait, rien ne serait plus pareil.
Leurs regards ne s’étaient pas quittés pendant un long moment, et c’était lui qui avait franchi le pas le premier. Lorsqu’il avait posé ses lèvres sur les siennes, elle avait su qu’elle ne pourrait pas résister. Le maelström de sensations qui avait envahi son corps était trop fort et elle avait répondu à son baiser en mettant ses bras autour de son cou. Elle avait senti ses mains glisser sur elle, découvrir son corps au gré de ses explorations. Pourtant, avant de s’aventurer sous ses vêtements, il s’était interrompu, voulant lui laisser son libre-arbitre. Kathryn était restée là à le regarder sans pouvoir dire un mot, la respiration rapide, ses yeux bleus devenus presque noirs sous l’effet du désir qui courait dans ses veines. Pourtant, malgré tout cela, elle avait été encore capable de réfléchir et oscillait entre cette soif de lui qui lui tordait les entrailles et la peur de briser cette relation équilibrée qu’ils avaient mis tant d’années à construire et à stabiliser. Pourtant, confusément, elle avait ressenti qu’ils étaient au point de non-retour, que de sa décision découlerait tout ce qui allait suivre.
Alors elle avait résolu de franchir le pas en toute connaissance de cause, et tout avait basculé. Le contact direct de sa peau avait électrisé Chakotay et ses caresses s’étaient faites plus précises, ce qui avait accéléré les choses. Il l’avait soulevée et portée jusqu’à sa chambre, où leurs vêtements avaient vite parsemé le sol. Le fait de se sentir ainsi l’un contre l’autre, peau contre peau, les avait encore excités davantage et elle avait gémi en sentant ses lèvres venir titiller la pointe de ses seins. Pourtant, malgré l’envie qui leur tordait les entrailles, ils ne s’étaient pas pressés, chacun prenant le temps de découvrir le corps de l’autre. Elle s’était cambrée quand sa main avait trouvé l’endroit le plus sensible de son être, et elle l’avait presque supplié d’en finir tant son bas-ventre lui faisait mal. Mais il avait pris son temps, exaspérant son désir jusqu’au point de non-retour où leurs corps s’étaient enfin unis et où tous deux s’étaient laissés aller au plaisir ultime.
Pourtant, l’excitation retombée, elle se posait tout de même des questions. Elle n’était pas femme à s’appesantir sur des regrets, ce qui était fait était fait, mais elle refusait que cela change quoi que ce soit entre eux, même si elle se rendait confusément compte que ce serait de toute façon le cas. Ils avaient mis des années à construire leur relation, en écartant d’un commun accord toutes velléités romantiques, mais elles avaient fini par les rattraper. Lorsqu’elle avait affirmé à sa sœur, quelques mois plus tôt, qu’il y avait des sentiments mais qu’elle était parfaitement au clair avec lui concernant cela et qu’ils avaient décidé d’un commun accord d’être amis, se leurrait-elle ? Difficile à dire…
Elle tira la couverture sur ses épaules nues que refroidissait la fraîcheur qui montait de la mer et qui s’infiltrait par la fenêtre entrouverte. Il bougea dans son sommeil, mais ne se réveilla pas. Elle n’aurait jamais pensé qu’ils auraient une telle entente sensuelle. Cela ne lui était arrivé que très rarement, voire même jamais, qu’un homme se soucie à ce point de son plaisir à elle avant le sien. Elle avait essayé également de lui donner du plaisir, pour qu’il ressente à quel point le sien était fort, mais elle n’était pas forcément sûre d’y être arrivée tant il avait de contrôle sur lui-même et exprimait peu ce qu’il ressentait.
Finalement, peut-être était-ce le bon moment pour que ça arrive. Elle n’était plus son supérieur hiérarchique depuis longtemps, et cela ne risquait plus de faire voler en éclats la hiérarchie du vaisseau. Mais tout de même, elle avait peine à voir où cela allait les mener. Ils n’avaient pas la même vie, lui vivait les trois-quarts du temps loin de la Terre sur le Voyager. Comment espérer seulement bâtir quelque chose dans ces conditions, s’ils décidaient seulement de le faire ?
Perdue dans ses pensées, elle sentit brusquement quelque chose effleurer sa cuisse et se retourna. Il s’était réveillé et la regardait avec un sourire énigmatique alors que sa main experte menaçait de remettre le feu aux poudres. Mais, malgré l’envie qu’elle sentait poindre à nouveau là, au creux de son ventre, elle se dégagea et s’assit contre son oreiller.
« Nous devons parler… », lui dit-elle.
Il hocha pensivement la tête.
« Je sais ce que tu vas me dire. Tu as des regrets, c’est cela ?»
Elle secoua la tête.
« Ce n’est pas ça, non… »
Interrogatif, il s’assit lui aussi et ses yeux sombres examinèrent son visage pour essayer de comprendre ce qu’elle voulait exprimer. Elle finit par parler.
« Est-ce que nous n’avons pas fait voler en éclats ce qui nous avons mis si longtemps à construire ? »
Il secoua la tête.
« Je ne pense pas…pour moi, c’est juste la continuité de ce que nous ressentons l’un pour l’autre depuis des années… »
Il croisa les bras et regarda fixement le plafond.
« C’est étrange…j’ai cru en toute bonne foi aimer Seven, mais je me suis aperçu que c’était loin de ce que je peux ressentir pour toi. Je ne parle pas seulement de l’aspect sensuel ou de ce que nous venons de partager, mais également de tout le reste… »
Il tourna la tête vers elle :
« J’ai vraiment cru aimer Seven, mais c’est elle qui a compris avant moi que ce n’était qu’illusion, que la seule femme dans mon cœur depuis tant d’années c’était toi, et toi seule… »
Elle secoua la tête.
« Pauvre Seven ! Nous l’avons fait souffrir inutilement…elle ne méritait pas cela… »
Il soupira.
« Je sais, mais je suis le seul fautif et je m’en suis excusé à plusieurs reprises auprès d’elle. Je n’aurais jamais cru qu’elle puisse ainsi lire en moi, comme dans un livre ouvert…j’ai longuement réfléchi à ce qu’elle m’avait dit avant de venir te rendre visite et, crois-moi si tu veux, je n’avais absolument pas prévu ce qui est arrivé… »
Elle resta silencieuse un moment et finit par dire :
« Tu n’étais pas tout seul. Si je n’avais pas voulu ce qui est arrivé, je t’aurais repoussé, or je ne l’ai pas fait. J’en avais autant envie que toi… »
Quoi qu’il en fût, il avait l’air plus au clair avec ses propres sentiments qu’elle-même. Rien d’étonnant, il avait toujours eu cette capacité de voir plus rapidement clair en lui-même qu’elle.
Il lui sourit.
« Tu as tort de te poser autant de questions. Mon peuple croit que rien n’arrive jamais par hasard et je partage cet avis… »
Il bougea et vint immobiliser sa tête à quelques centimètres de celle de Kathryn, plongeant son regard sombre dans le sien.
« Tu es l’unique femme qui occupe à la fois ma tête et mon cœur, à qui je pense aussi bien jour que nuit et qui me manque comme une part essentielle de moi-même lorsqu’elle n’est pas auprès de moi…je t’aime, Kathryn… »
Elle écarquilla les yeux tant elle ne s’y attendait pas. Les hommes, bien souvent, disaient « je t’aime » dans le feu de l’action, mais il l’avait dit calmement, posément, ce qui lui ressemblait parfaitement. Il ne se serait jamais laissé aller à dire cela s’il ne le ressentait pas, elle le connaissait assez pour le savoir.
Sans qu’elle puisse s’en empêcher, ses yeux tremblèrent d’émotion mais elle ne laissa pas échapper une larme, elle avait trop de contrôle sur elle-même pour cela. Que ressentait-elle exactement ? Difficile à dire mais, si elle s’arrêtait aux faits, il fallait bien reconnaître qu’il avait l’art de réveiller la femme qui était en elle et qu’elle dissimulait souvent très profondément derrière ses dehors sévères. Sans tomber dans le sentimentalisme suintant, elle avait l’impression d’être quelqu’un d’unique lorsqu’il posait les yeux sur elle, et davantage lorsqu’il refermait ses bras sur elle. Elle n’avait que très rarement ressenti cela dans ses précédentes relations. Etait-ce une raison pour se lancer dans une relation, à distance qui plus est ? Elle ne le saurait que si elle se décidait enfin à écouter ses propres sentiments…
Lentement, un sourire éclaira son visage et elle glissa ses bras autour de son cou. Tergiverser ne servait à rien, elle devait aller de l’avant à présent.
« Tu crois qu’on peut réussir à reconstruire quelque chose sur des bases nouvelles ? », lui demanda-t-elle.
Comprenant ce qu’elle voulait lui faire appréhender, il sourit largement et referma ses bras sur elle.
« On a connu plus difficile par le passé et je suis prêt à relever le défi… »
Et il reprit ses lèvres alors que, dehors, le ciel s’éclairait déjà à l’horizon, comme s’il voulait prendre son temps pour garder encore dans l’obscurité le nouveau couple…
FIN