- Arts-Machineries a écrit:
- D'autant plus que le résultat s'est fait remarquer outre atlantique, interview par Jonathan Lane de Fan Film Factor.
Oui d'ailleurs voici le lien :
https://fanfilmfactor.com/2020/06/10/the-french-fan-film-connection-horreur-post-atomique-made-entirely-during-quarantine-interview/Et la traduction en français :
«
Lorsque la pandémie mondiale a éclaté et que le monde a commencé à se confiner sur place (du moins dans de nombreux pays), je me suis demandé quel effet la mise en quarantaine aurait sur les fanfilms Star Trek. Après tout, la plupart des films de fans impliquent de multiples personnes qui interagissent étroitement ensemble. Même la distance entre un acteur et un cameraman ne peut pas toujours être de deux mètres... et qui veut filmer un équipage de passerelle qui portent tous des masques ? Je veux dire, je suppose que vous pourriez faire un fanfilm qui se déroule entièrement à bord d'un vaisseau Breen ou Gorn, mais la plupart des espèces dans Star Trek montrent leur bouche et leur nez.
Quand j'ai finalement vu comment un groupe de Trekkers de France a résolu ce problème, leur réponse m'a paru si élégante (laissez les Français·e·s s'en occuper !) Au début, on ne se rend même pas compte qu'il s'agit d'une histoire de Star Trek, mais ensuite - et bien, plutôt que de tout gâcher, il suffit de regarder d'abord le court métrage, puis de poursuivre la lecture. Il ne dure que 7 minutes et est entièrement sous-titré si vous cliquez sur le bouton "cc" dans le coin inférieur droit...
Les quatre fans étaient impatient·e·s de parler de leur travail, et j'avais hâte d'interviewer mes premiers fans cinéastes de la future patrie de Jean-Luc Picard ! Iels ont demandé à n'utiliser que leurs prénoms plutôt que leurs noms complets (c'est aussi un truc français ?), et ça me convient. Une interview est une interview, comme je le dis toujours !
J'ai donc envoyé un tas de questions par e-mail à leur show-runner, appelé "THIERRY", et il a invité ses trois autres amis - PAULINE, LÉONIE et RÉMI - à répondre à chaque question, également, dans une sorte de roulement. Le résultat est une conversation très amusante et très instructive qui, je pense, vous plaira beaucoup.
Allons-y !*
JONATHAN - Parlez-nous un peu de vous. Où habitez-vous tous ? Que faites-vous dans la vie ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et que faisiez-vous en tant que fans avant que la quarantaine ne survienne ?
THIERRY - J'habite à Lyon, et je suis développeur web. J'ai rencontré Rémi sur un forum Star Trek français, et nous avons échangé pendant un certain temps. Puis il a demandé de l'aide pour son projet de podcast, Star Trek pour les Nuls. C'est ainsi que j'ai commencé à le connaître à un niveau plus personnel.
J'ai aussi rencontré Pauline sur le web, et Léonie est une amie de Pauline que j'ai rencontrée quand elle, moi et quelques amis sommes allés au pub l'Antre II Mondes (un pub de Dijon à thème Heavy Metal et Heroïc Fantasy).
Avant la quarantaine, nous n'avions jamais travaillé ensemble sur un projet Star Trek. Rémi, Pauline et moi avons participé au podcast mentionné ci-dessus. Pauline et moi étions dans le Star Trek French Club à faire du cosplay dans des conventions françaises et à exposer nos objets de collection Star Trek en commun avec d'autres membres du fan club. Et en dehors du fandom Star Trek, nous avons joué Elina et Rith, personnages de la websérie française indépendante de fantasy parodique Zero Quest Burgundia. C'est donc la première fois que nous travaillons avec Léonie sur un projet Star Trek (en dehors des jeux de rôle sur table).
Quant à moi, j'étais sur la ligne d'arrivée de deux fan-projets : Un webcomic klingon en langue klingonne et une fan-fiction klingonne en texte et en audio (en français).
LÉONIE - Le pub ! (Le meilleur pub de Dijon, si vous voulez mon avis. Vous pouvez y rencontrer des gens sympas) En tant que fan, je n'ai pas fait grand chose, mais j'ai sagement utilisé le temps de quarantaine pour finir de regarder Voyager !
RÉMI - Pour ma part, je suis un des rares Trekkies du sud-ouest de la France. Sans blague, on doit être 10. Je suis vendeur de chaussures dans un petit village paradisiaque, et quand je ne vends pas de chaussures, je fais des podcasts dans lesquels mes amis et moi parlons de beaucoup de choses, dont Star Trek (nous avons même eu la chance d'interviewer Rich Handley !).
PAULINE - Je vis à Dijon (qui est dans la même région que le domaine de la famille Picard). J'ai rencontré Léonie pendant mes études au collège. Je suis fonctionnaire.
JONATHAN - Quand avez-vous décidé de faire un fanfilm, et qu'est-ce qui vous a inspiré ?
THIERRY - Tout d'abord, je dois dire que l'idée de faire un fanfilm ne m'aurait jamais traversé l'esprit si je n'étais pas un fan de fanfilm (c'est bizarre de le dire comme ça). Je lis souvent ton blog, Jonathan, tu y fais un excellent travail. Regarder des fanfilms comme Prelude to Axanar, Renegades, Horizon, Aurora, Starship Farragut, etc. et suivre le développement de projets géniaux comme Squadron, Pacific 201, Axanar, Interlude, etc. C'est très motivant. J'aime tout. J'aime cette diversité, ces pures expressions d'amour pour Star Trek.
Quelque part au fond de mon esprit, cela m'a donné envie d'en faire partie, modestement, et ça a fait son chemin jusqu'à ma conscience cette nuit-là. Je m'en souviens très bien. C'était dans la nuit du 4 au 5 avril, et je souffrais d'insomnie. Vous connaissez ce genre d'état d'esprit : votre cerveau ne peut pas s'arrêter de penser, vous êtes harcelé par vos propres pensées. J'étais assez inquiet pour mon travail et la crise financière en raison de la pandémie et des mesures d'auto-isolement.
Je ne me souviens pas exactement de l'heure qu'il était, mais bien après minuit. J'ai fait quelque chose de stupide. Enfin, la plupart du temps ça l'est, dans ce genre de contexte : aller consulter les réseaux sociaux sur mon téléphone. Gné, tu peux pas dormir parce que ton cerveau est coincé dans une boucle de pensée, et donc tu vas ajouter des trucs dans cette boucle déjà trop grande. Enfin bon, c'est pas rationnel. *rire*
Mais ensuite, je l'ai vu : Il y avait tous ces messages "Joyeux Jour du Premier Contact".
Cela m'a donné l'idée de ce fanfilm, une idée floue au début, mais elle est devenue la nouvelle boucle, amenant l'insomnie à un tout autre niveau ! *rire* Après une heure ou deux, l'idée était plus précise, et je me suis dit "Si tu n'écris pas ça, tu ne vas jamais dormir." Alors je l'ai fait, j'ai écrit tout le scénario et j'ai finalement pu m'endormir.
Le lendemain matin, je me suis rappelé l'avoir écrit. Je me suis dit : "Oh, c'était une idée stupide. Je n'arrive pas à croire qu'elle tournait comme ça dans ma tête." Et j'ai ouvert le fichier pour le relire, juste pour me moquer de moi-même. Et il s'est avéré que ce n'était pas si mal. C'est alors que j'ai décidé d'essayer d'en faire un fanfilm.
LÉONIE - Ne soit pas si modeste, c'était un bon scénario !
RÉMI - +1
JONATHAN - Une fois que vous avez décidé de créer un fanfilm Star Trek, que s'est-il passé ensuite ?
THIERRY - J'ai envoyé le scénario à certain·e·s de mes ami·e·s trekkies pour leur demander ce qu'iels en pensaient et s'iels étaient intéressé·e·s par le projet. Et Pauline, Rémi et Léonie se sont montré·e·s très enthousiastes. Donc dans l'après-midi, nous avons organisé une réunion en ligne, je leur ai expliqué en détail ma vision du projet, je leur ai demandé quels personnages iels voulaient faire, et nous avons discuté du scénario... renommé certains personnages, changé des détails, etc.
JONATHAN - Comment vous êtes-vous touste préparé·e·s à enregistrer vos scènes ? Avez-vous d'abord travaillé ensemble, ou vous êtes-vous simplement enregistré·e·s séparément, sans aucun conseil de la part d'un réalisateur ?
LÉONIE - Nous avons touste enregistré·e notre rôle individuellement. Pour moi, c'était sur mon téléphone de merde dans mon sous-sol avec de vieux vêtements déchirés, des trucs en cuir et des boîtes de graines cousues dessus. On ne voit rien du tout sur la vidéo, et bien sûr, ma "belle" coiffure et mon maquillage (je ne suis pas si moche que ça, ça a demandé du travail) ! *rire*
Nous avons pu interpréter librement la façon dont nous voyions notre personnage et la façon dont elle vivait en ces temps terribles. Je pense que c'est la raison pour laquelle chaque personnage a une tonalité différente. Le mien est clairement dépressif et très sensible, alors que celui de Pauline a été endurci par ce monde et est devenu assez froid (ce qui, je pense, a plus de sens maintenant : on ne survit pas dans ce genre de chaos post-apocalyptique en pleurant tout le temps à chaudes larmes !)
Avant, je voyais Piquant comme le personnage principal (probablement parce qu'il était le personnage de Thierry, et que Thierry était l'instigateur du projet), mais en voyant le film terminé, je ne pense pas que ce soit si évident. Chacun d'eux a sa propre histoire, ses luttes et sa personnalité. Ils sont tous importants.
THIERRY - Comme nous sommes touste des joueureuses de GN ou de JDR sur table, j'avais assez confiance en la capacité de chacun·e à entrer dans le personnage et à se l'approprier. Donc, à part quelques indications de mise en scène écrites dans le scénario (vous savez, on a un mot pour ça en français : "didascalies"), je les ai laissé·e·s libres. Je leur ai expliqué le type de décor et de costumes qu'iels devaient utiliser, en leur envoyant quelques exemples de mes propres costumes et quelques captures d'écran de "Premier contact" et de "Rendez-vous à Farpoint".
Je suis très content du résultat. Il est meilleur que ce que j'attendais. Léonie est dure avec elle-même ; son interprétation du personnage m'a paru tout à fait logique. Personne n'est tout le temps fort. Crinière est prise dans un mauvais jour, il y l'accumulation d'événements pire que l'horreur habituelle (son frère est mourant, des rats mangent sa nourriture...). De plus, les pleurs sont dans les didascalies. Donc si c'est une mauvaise idée, c'est la mienne.
Je suis content de ce que tu dis sur Piquant, Léonie. Même s'il était destiné à être joué par moi-même dès le début, je n'ai jamais voulu qu'il soit un personnage principal... ni qu'aucun autre personnage ne soit principal. Mais je craignais d'être biaisé à ce sujet.
PAULINE - J'ai eu du mal à enregistrer mon rôle à cause de l'angoisse du confinement, alors j'ai mis beaucoup de temps à le faire. J'ai aussi utilisé mon smartphone (je n'ai pas de matériel de tournage) et je me suis assise derrière mon frigo dans un petit coin avec mon téléphone posé sur une pile de livres et une boîte en carton.
JONATHAN - Une fois que vous avez eu les images de l'autre, qui les a montées ensemble ? Avez-vous touste discuté·e·s des meilleures prises à utiliser, ou cette décision a-t-elle simplement été prise par le réalisateur et/ou le monteur ?
LÉONIE - Nous avons surtout discuté ensemble des parties de l'introduction et de la conclusion, mais nous avons laissé à Thierry le soin de s'occuper des parties filmées. (Pour moi, je ne lui ai pas donné grand-chose de toute façon. J'ai tout filmé en une seule fois et je n'ai pas fait d'interprétations différentes pour mon rôle).
THIERRY - Une fois que j'ai eu toutes les images, j'ai fait le montage. J'ai fait tous les choix moi-même au début. Mais les acteurs et les actrices m'ont beaucoup aidé d'une certaine façon. Tu vois, dans leurs prises, iels ont fait la plupart des lignes plusieurs fois et se sont arrêté·e·s quand iels étaient content·e·s d'elleux. Et la plupart du temps, j'étais d'accord avec elleux pour dire que la dernière prise était la meilleure. Les choix les plus difficiles étaient mes propres lignes. *Rire* Après ça, j'ai envoyé une première ébauche à tout le monde en leur demandant leur avis. C'est là que nous avons beaucoup discuté de l'introduction et de la conclusion, et beaucoup de changements ont été apportés. Au début, l'introduction était censée n'être qu'un écran noir.
RÉMI - J'ai proposé à Thierry de retravailler le son, car ma deuxième grande passion après Star Trek est le podcast. Avant le montage, il m'a envoyé les rushes sur lesquels j'ai lissé et boosté le son. Au fait, si vous écoutez bien, vous pouvez entendre des oiseaux chez Thierry ! C'est une bonne nouvelle, les oiseaux ont survécu à l'apocalypse !
JONATHAN - Combien de temps a-t-il fallu au total pour que cette production passe de l'idée à la vidéo complète sur YouTube ?
THIERRY - Le scénario a été écrit le 5 avril et la vidéo publiée le 10 mai... Je dirais trente-cinq jours. Mais pas trente-cinq jours complets de travail, puisque nous avions touste du travail à faire pour vivre et/ou pour nos propres projets. Vous connaissez ce dicton dans l'industrie cinématographique : "Dépêchez-vous et attendez" ? Eh bien, c'est vrai. *rire*
PAULINE - Et il y a au moins 30 jours d'attente pour ma part !
JONATHAN - Vous êtes toujours en confinement ou la France lève-t-elle ses restrictions ? Dans quelle mesure la France a-t-elle été touchée par la pandémie ?
LÉONIE - Il est difficile de répondre car nous manquons de tests et d'informations fiables. Il semble que pour l'instant nous avons évité "le pire", mais la situation reste un peu effrayante. Personnellement, je ne retourne pas au travail (je suis enseignante) parce que cela me mettrait en danger (problèmes de santé), et j'essaie d'être prudente avec les gens que je rencontre (essentiellement mes amoureux, certains de mes amis, et ma mère, toujours en petits groupes), et je ne les vois pas tous les jours. Je dirais que je suis à moitié auto-confinée maintenant.
THIERRY - Depuis le 11 mai, il n'y a plus de contrainte d'auto-isolement, mais il y a des limites : on ne peut pas se déplacer à plus de cent kilomètres de chez soi (il y a quelques exceptions). Le port d'un masque est obligatoire dans les transports publics. Les restaurants et les pubs sont toujours fermés. Mon patron a choisi de nous faire travailler à la maison pour le reste du mois, mais il pourrait nous demander de retourner travailler au bureau s'il le souhaitait.
PAULINE - Je suis retournée partiellement au travail lundi dernier (23 mai), et j'attends toujours un équipement de télétravail adéquat pour pouvoir travailler à plein temps. Je suis toujours loin de beaucoup de gens qui me sont chers à cause de la restriction de déplacement.
JONATHAN - Et enfin, maintenant que vous avez créé votre premier fanfilm, avez-vous l'intention d'en faire plus ? Si oui, quand pensez-vous que le monde verra votre prochain film ?
LÉONIE - J'ai aimé l'expérience, alors je suis d'accord si Thierry veut en faire un autre !
THIERRY - Comme c'était une idée très spontanée, je n'ai plus de projets de fanfilms en tête. Mais si quelqu'un me veut dans son propre fanfilm, je serais heureux de travailler avec lui si je le peux. Et qui sait ce qu'une bonne nuit d'insomnie peut entraîner à l'avenir ? *clin d'oeil*
RÉMI - Je dois avouer que chaque fois que je vois une notification de Thierry sur mon téléphone, j'espère qu'il me propose une nouvelle fan-fiction à laquelle travailler !
PAULINE - Moi aussi, j'aimerais bien, et peut-être que cette expérience m'aidera à écrire la mienne.
JONATHAN - Merci beaucoup mes amis*. Beau travail sur votre fan production !
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*En français dans le texte.
(Traduit avec l'aide de DeepL Translator
https://www.deepl.com/fr/translator et retravaillé).