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 [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime

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Minos
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MessageSujet: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostLun 22 Juin 2009, 07:26

Chapitre 1 : La fiancée




   Le lieutenant Harry Harlington s’ennuyait à mourir. Deux heures qu’il assurait son quart, assis dans son fauteuil de commandement. Sur l’écran de la passerelle, la Nébuleuse d’Endevaar s’étalait paresseusement, dans de magnifiques tons bleu pastel qui avait frappé l’équipage du Baltimore lors de son arrivée dans la système. Cette merveille de la galaxie était d’une grande beauté. Seulement, trois jours plus tard, l’effet de surprise et d’émerveillement ne jouait plus. Au contraire, la lassitude s’était installée. Harlington avait hâte que T’Savhek annonce la fin de ses observations et de ses mesures. Ils pourraient alors reprendre leur route et rallier la colonie de la Fédération sur Narnaya Prime, à qui ils devaient amener du matériel.
   Si seulement une équipe scientifique avait été mutée à bord de l’USS Baltimore, les relevés auraient été faits plus rapidement. Mais non ! Leur seule halte depuis les événements survenus avec le SS Orcus avait été la base stellaire 23, qui ne disposait pas de recrues à mettre au service de Harlington. T’Savhek, son officier en second et ingénieur en chef, s’était donc proposée pour cette mission, et elle s’était adjointe les compétences du Zaldan aux doigts palmés Venamir Inriek, membre de la section pilotage-navigation et spécialiste des senseurs.
   Au terme de cet interminable quart, il fut enfin relevé par le sous-lieutenant Dorin Lupescu, son chef de la sécurité. Grand échalas à la musculature longiligne, son teint blême et ses joues émaciées le faisait ressembler à un croque-mort, se disait parfois Harlington. Mais il se gardait bien de faire part à son subordonné de cette idée incongrue et se contentait d’en rire sous cape quand cette comparaison lui venait à l’esprit.
   – Bon courage, Lupescu, se contenta-t-il de dire en lui cédant son fauteuil.
   – Merrrci, commandant. Bonne nuit à vous, répondit le chef de la sécurité en roulant les « r » comme jamais.
   Harlington acquiesça du chef et s’engouffra dans le turbolift, direction ses quartiers.

*
**

   Sur le chemin, il croisa le médecin de bord, Sulok. Autant Harlington nourrissait de tendres sentiments pour la sœur jumelle de Sulok, T’Savhek, autant il détestait cordialement le docteur, trop hautain et méprisant à son goût. Leur inimitié avait été réciproque dès leur première rencontre. Pourtant, ce soir-là, Sulok dérogea à leur habitude de se saluer d’un simple hochement de tête sans échanger un mot en entamant la conversation, à la grande surprise de son supérieur.
   – Commandant, vous tombez plutôt bien, j’avais une question à vous poser.
   – Je vous écoute, Sulok.
   – Sauriez-vous me dire quand nous allons quitter la Nébuleuse d’Endevaar ?
   – Je crains que ne nous restions encore un certain temps. Votre sœur ne m’ayant pas communiqué de résultats ni d’estimations, je pense qu’elle a encore du pain sur la planche. Vous devriez lui poser la question directement.
   – Oui, vous avez parfaitement raison. Quoiqu’il en soit, je ne vous cache que j’ai hâte que vous repartions et que nous arrivions à la colonie de Narnaya Prime.
   – Vraiment, docteur ? répondit distraitement Harlington.
   – Oui. Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de croiser d’autres Vulcains, or il y a en un que je connais très bien qui travaille sur Nanaya Prime. À vrai dire, il est presque de la famille.
   – Presque ?
   – Oui, il sera un jour mon beau-frère, car il a été convenu depuis sa plus tendre enfance qu’il épouserait T’Savhek.
   – Épouser… T’Savhek ? demanda Harlington, abasourdi.
   – En effet. Dans certaines familles appartenant à l’oligarchie dirigeant Vulcain, comme la mienne, les mariages arrangés dès l’enfance sont une pratique courante.  
   – Oh. Et qu’en pense T’Savhek ?
   – Elle se fait une joie de revoir Silkar. Ils échangent une correspondance fournie, mais cela ne remplace pas les rencontres directes.
   – Je… le conçois… tout à fait, bredouilla Harlington, l’esprit en feu. Fiancée ? Comment ça, fiancée ? Pourquoi est-ce qu’elle ne m’en a jamais parlé ?
   – Je suis confus, commandant, fit Sulok d’un ton qui semblait pourtant plutôt triomphant, même pour un Vulcain, je croyais que ma sœur vous avait parlé de Silkar or je constate qu’il n’en est rien. Veuillez me pardonner de vous importuner avec des données aussi… personnelles.
   – Il n’y a pas de mal, Sulok, répondit précipitamment Harlington. Je suis ravi pour T’Savhek et pour ce… euh… Cigare.
   – Silkar, commandant, Silkar. Je vous souhaite la bonne nuit, conclut Sulok en hochant la tête, avant de reprendre son chemin.
   Voilà qui devrait mettre un terme à vos rêves ridicules, commandant, pensa-t-il en s’éloignant.
   Le fumier ! Je suis sûr qu’il a compris ce que je ressens pour sa sœur… se dit Harlington de son côté.

*
**

   Harlington se retourna dans sa couchette. Deux heures qu’il s’était mis au lit, mais impossible de s’endormir. T’Savhek fiancée… il n’arrivait pas à accepter une telle idée. Dès leur première rencontre, moins de six mois plus tôt, il était tombé sous le charme de la Vulcaine inaccessible, à bord de l’USS Eagle. Lui, le simple aspirant arrivé là presque par hasard… et elle, la sous-lieutenant sortie de l’Académie et membre d’une famille de dignitaires de haut vol. Comment aurait-il pu espérer quoi que ce fut ?
   Et pourtant. Il avait réussi à faire sa connaissance sur l’Eagle, ils avaient joués ensemble aux échecs tridimensionnels… enfin, disons plutôt qu’elle l’avait laminé à chaque fois ; il n’aimait pas ce jeu, auquel il était au demeurant médiocre, mais ça lui avait semblé être une bonne idée d’y jouer pour se rapprocher d’elle. Peut-être n’avait-elle fait que manifester un intérêt poli pour lui ?
   Au début, sans doute, Harlington ne se leurrait pas là-dessus. Par la suite, il avait tout fait pour paraître intéressant, quitte à se ridiculiser… jusqu’à son heure de gloire. La libération de l’USS Eagle et le sauvetage de l’équipage étaient de son fait à lui, mais il n’aurait pu accomplir cet exploit sans elle, car elle avait les connaissances nécessaires pour appliquer ses folles idées. Tout ce qu’il avait accompli avait impressionné T’Savhek, cela avait été flagrant dans son attitude et à travers le respect dont elle avait fait preuve à son égard par la suite.
   Aucune des réussites de Harlington n’avait suffi pour qu’elle tombe dans ses bras. Par moments, il avait envie de l’empoigner et de l’embrasser fougueusement. À d’autres, de lui crier son amour, vu qu’il ne semblait pas assez suinter de toutes les particules de son être pour qu’elle le remarque.
   Mais quand il retrouvait sa lucidité, comme à ce moment-là, au plus profond de son insomnie, il se sentait déprimé. Jamais il n’y aurait d’amour entre eux. Car pour qu’il y en ait, il fallait qu’ils soient deux à éprouver les mêmes sentiments. Être seul à les éprouver, même avec assez de cœur pour deux, ne suffisait jamais. De plus, ils appartenaient à des espèces différentes. Et alors ? Un vieux proverbe terrien ne disait-il pas que les contraires s’attiraient ? En outre, des unions vulcano-humaines avaient déjà donné naissances à des enfants.        
   Fiancée… fiancée. Bon dieu, c’était incroyable ! Pourquoi n’en avait-elle rien dit ? N’étaient-ils donc pas bons amis, contrairement à ce que Harlington pensait ? À moins qu’elle ne fût simplement gênée à l’idée de lui annoncer une telle nouvelle ? Après tout, cette union avait été décidée pour elle, sans son consentement, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Elle n’avait sans doute pas envie d’épouser un homme qu’elle n’avait pas choisi. Et si elle l’épousait en fin de compte, ce serait contrainte et forcée, pour faire bonne figure auprès des siens. Il la voyait mal tomber amoureuse sur ordre. Quoiqu’il arrive, elle continuerait à servir dans Starfleet… et il s’arrangerait pour qu’elle reste sous ses ordres. Peut-être qu’un jour, elle finirait par comprendre qu’ils étaient faits l’un pour l’autre ?

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Faire les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux.


Dernière édition par Minos le Jeu 30 Nov 2017, 12:53, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostJeu 25 Juin 2009, 11:13

Chapitre 2 : Unions et désunions


Penché sur son écran d’ordinateur, Antonino Garcia était très concentré. Il lissait machinalement sa fine moustache et, de temps en temps, rejetait en arrière une mèche rebelle. Il était bel homme et conscient de l’être ; Harry Harlington lui avait toujours trouvé une ressemblance avec les représentations classiques de Don Diego de la Vega, alias Zorro. Jusqu’à la fine moustache, les traits fins et le teint mat. Même l’origine géographique - Garcia était Ibérique - collait avec la description.
Si Garcia était fier de ses succès faciles auprès de la gent féminine, il ne pouvait s’enorgueillir d’une réussite similaire en ce qui concernait sa carrière professionnelle. Entre médiocres et acceptables, ses performances avaient laissées dubitatifs tous les supérieurs qu’il avait eu dans sa carrière. Il avait cru cette dernière finie quand, pendant deux ans et demi, il avait végété dans l’USS Baltimore décrépi, qui pourrissait lentement aux Quartiers Généraux de la Flotte, à San Francisco. Heureusement était arrivé Harry Harlington, porteur de l’ordre de réarmer le navire.
Garcia soupira. Son supérieur le poussait en permanence à s’améliorer, mais le pilote avait beaucoup de mal à se dépasser : les moindres manœuvres lui semblaient très compliquées et il devait souvent - trop à son goût - faire ses gammes pour ne pas perdre la main. Malgré la nonchalance et l’air sûr de lui qu’il affichait tout le temps, il n’en menait pas large à cet instant précis. Dans un laps de temps indéterminé qui ne serait qu’une question de jours, il lui faudrait poser le Baltimore tout près de la colonie de Narnaya Prime, or il n’avait jamais pratiqué d’atterrissage avec. Entre toute une batterie de procédures à connaître sur le bout des doigts et un environnement planétaire assez hostile, il serait servi pour la manœuvre !
Il avait pourtant fait de l’assez bon travail lors de l’affrontement contre les forces du capitaine Valment, au point d’y gagner les galons de sous-lieutenant. Mais nul n’avait jamais su à quel point il avait été au bord de la panique pendant les combats, ni comment il avait dû se faire violence pour rester un tant soit peu efficace. S’il était parvenu à donner le change jusque-là, la vraie question était de savoir encore combien de temps il parviendrait à le faire.
Garcia soupira à nouveau. Sa vie personnelle non plus n’était pas rose ces jours-ci. Certes, il avait une petite amie qui servait à bord, l’aspirant Kimiko Heitashi, officier de sécurité. Petit bout de femme à ne pas sous-estimer - elle pratiquait pas moins de huit arts martiaux différents -, la séduire avait été un jeu d’enfant pour lui. Toujours espiègle et souriante, il l’avait trouvée craquante dès leur premier contact, et il s’était promis qu’elle échouerait dans son lit. Passé le plaisir de la conquête, que restait-il ? Jamais grand-chose aux yeux de Garcia. Une femme n’était intéressante que s’il fallait la séduire ; tombée amoureuse, elle n’était plus qu’envahissante. Il ne s’écoulerait plus beaucoup de temps avant qu’il rompe avec elle. Restait à le lui faire comprendre et à trouver les mots justes.

*
**

T’Savhek était tellement plongée dans sa prise de notes qu’elle manqua de sursauter quand la sonnette de sa porte retentit.
– Entrez, fit-elle avant de pianoter furieusement sur son clavier pour finir un nouveau paragraphe de son rapport.
Dès qu’elle eut fini, elle leva les yeux et découvrit Sulok.
– Bonsoir, mon frère.
– Bonsoir, ma sœur. En plein travail ?
– Nous autres Vulcains ne le sommes-nous pas toujours ?
– Presque, ma chère. Écoute… incidemment, tout à l’heure, j’ai parlé de tes liens avec Silkar au commandant. Bien que ce soit un sujet strictement privé à tes yeux, pour ma défense, j’étais persuadé que tu t’en étais déjà ouvert à lui, vu que vous êtes relativement proches.
– Et pourtant tu étais dans l’erreur, répondit T’Savhek, un peu sur la défensive.
– Je trouve cela étrange. Il est certes ton supérieur, mais vous avez partagé des moments forts ensemble. Vous me semblez même être passés au stade de l’amitié, me trompé-je ?
– Nous avons en effet des liens. Amitié, je n’en suis pas sûre. Respect mutuel, en revanche, c’est certain. En tout cas, pas de liens assez importants pour que je lui parle de mon fiancé.
– Vraiment ? Pourtant, quand tu te marieras, je présume que tu quitteras le service de Starfleet pour regagner Vulcain, et que tu abandonneras donc ton poste… et ton commandant ?
– C’est en effet ce que j’ai toujours envisagé. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Servir dans Starfleet n’est pas idéal pour mener une vie de famille, et tel n’est de toute manière pas mon but. J’ai toujours pensé qu’une fois mariés, Silkar et moi retournerions sur Vulcain pour y fonder notre famille.
– J’ai une autre solution à te proposer, ma chère.
– Je t’écoute.
– Depuis combien de temps n’as-tu pas vu Silkar ?
– Six mois et dix-sept jours. Ta mémoire te jouerait-elle des tours ? Tu y étais.
– Je sais que vous êtes fort attachés l’un à l’autre. Pourquoi ne pas concrétiser cet attachement en demandant à notre commandant de vous marier ? Après tout, il en a les prérogatives. Pourquoi encore attendre alors que l’occasion vous est fournie ?
– Il est hors de question que je rompe mon serment d’officier de Starfleet : je ne compte pas démissionner.
– Qui te parle de démissionner ? Il existe une autre solution. Une fois que vous serez mariés, vous pourrez mettre à profit cet état de fait pour demander à servir ensemble. Notre oncle Stelek n’aurait qu’un mot à dire pour arranger cela.
– J’avoue que l’idée de conjuguer les devoirs d’une épouse et ceux d’un officier de Starfleet ne m’était pas venue à l’esprit. C’est une perspective séduisante, mon frère, je te remercie de me l’avoir soumise. J’en parlerai dès demain matin au commandant.
– Voilà qui est dit et bien dit, ma sœur. À demain.
– À demain, Sulok.
Restée seule, T’Savhek donna assez de mou à sa discipline vulcaine pour permettre à ses pensées de vagabonder librement. Elle se demanda pourquoi Sulok avait paru la sonder à propos de… elle et du commandant Harlington ? Drôle d’idée que d’envisager que quelque chose puisse se passer entre eux. Une idylle entre un commandant et son officier en second ne pourrait déboucher que sur une catastrophe, toutes les statistiques le montraient.
Ce qui ne l’empêchait pas de beaucoup aimer cet humain, qu’elle considérait comme un véritable ami même si leurs relations dépassaient rarement le cadre du travail. Il ne pensait pas comme un Vulcain, loin de là, même, et c’était ce qui le rendait spécial : son enthousiasme, ses émotions non réprimées avaient quelque chose de… vivifiant ? Peut-être était-ce le mot juste, mais elle n’en était pas certaine. Jamais elle ne connaîtrait une telle sensation auprès d’un Vulcain.
Quant à savoir pourquoi elle ne lui avait jamais parlé de Silkar… elle n’avait pas été tout à fait franche avec Sulok. Harry Harlington comptait vraiment sur elle et il était d’une loyauté sans faille à son égard. Elle n’avait pas envie de lire de la déception dans ses yeux quand elle lui apprendrait son mariage. Car à partir du moment où son union avec Silkar serait décidée, ce ne serait qu’une question de temps avant qu’ils ne cessent de travailler ensemble. Ce qu’elle ne désirait pas, se rendit-elle compte avec surprise.

*
**

Les yeux rouges de fatigue, Harlington arpentait les coursives du Baltimore, une tasse de café corsé à la main. Elle ne serait pas de trop pour tenir un quart ennuyeux au possible dès qu’il aurait rejoint la passerelle. Quand il entendit la voix de T’Savhek l’interpeller, derrière lui, son humeur remonta instantanément de plusieurs crans.
– Bonjour, T’Savhek, sourit-il. Comment allez-vous ?
– Ma forme est optimale, commandant. Puis-je vous entretenir d’un sujet personnel ?
– Bien sûr, je suis à votre disposition, répondit-il.
– Mon frère m’a appris qu’il vous avait parlé de mon futur mari.
– En effet. Et j’avoue que je n’en soupçonnais pas l’existence.
Était-ce une pointe de reproche qu’elle sentit dans sa voix ?
– Il est vrai que les circonstances n’ont jamais été propices pour que je vous en entretienne. Maintenant que mon frère a vendu la mèche, comme vous dites, vous autres les humains, je pense vous devoir une explication.
– Je ne me permettrai pas de m’immiscer dans votre vie sans y avoir été invité.
– Je le sais et je vous remercie de faire montre d’une telle discrétion, commandant. Je suis fiancée à Silkar depuis très longtemps. Je m’étais toujours imaginée l’épouser une fois nos temps respectifs de service au sein de Starfleet achevés, mais j’avoue que devenir sa femme dès maintenant ne serait pas pour me déplaire.
Harlington sentit un étau enserrer son cœur à ces paroles, mais parvint à faire bonne contenance.
– Euh… êtes-vous sûre que ce soit une bonne idée ? Vous seriez loin l’un de l’autre.
– Un rapprochement géographique ne serait pas un problème une fois notre mariage prononcé.
– Oui… c’est vrai. Le règlement de Starfleet prend en compte les spécificités familiales. Qui plus est, votre oncle pourrait sans doute accélérer les choses.
– Exactement, acquiesça T’Savhek.
– Vous quitteriez l’USS Baltimore, ou tenteriez de faire inclure votre mari à l’équipage ?
– À vrai dire, il est trop tôt pour y songer. il faut d’abord que j’en parle avec Silkar.
– Oui, bien sûr. Puis-je vous poser une question personnelle, T’Savhek ?
– Faites, commandant.
– Vous… l’aimez ?
– Les mariages arrangés entre Vulcains s’avèrent le plus souvent aussi solides que les mariages d’amour. Certes, ce sont tout d’abord des mariages d’intérêt, mais quand vous y êtes préparé dès votre plus jeune âge, les deux futurs époux font ce qu’il faut pour être proches l’un de l’autre. Silkar et moi avons toujours été en contact dès que c’était possible. Il est issu d’une famille importante et a bénéficié d’une éducation sans faille, c’est indubitablement un bon parti. Depuis le temps que nous nous côtoyons, nous savons que nos caractères s’accordent. Et il est bien fait de sa personne, ce qui ne gâte rien.
– Je… j’en suis ravi pour vous, T’Savhek, fit Harry, pris d’une soudaine envie de hurler et de se taper la tête contre les murs.
Comment ne se rendait-elle pas compte qu’elle venait de le poignarder en plein cœur ?
– Si Silkar est d’accord pour que la cérémonie se fasse rapidement, ce serait un honneur pour moi que vous nous mariiez.
– Moi ? demanda Harlington, incrédule.
– C’est l’une de vos prérogatives de commandant de navire, et je préfère que ce soit vous qui officiiez qu’un parfait inconnu ou un haut dignitaire de Vulcain.
– Bien sûr, vous pouvez compter sur moi, répondit Harlington précipitamment.
Dieu qu’elle était belle. L’ovale parfait de son visage et ses traits fins étaient rehaussés par ses yeux verts irradiants de bonheur.
– Alors, c’est entendu. Merci beaucoup, commandant, je ne vous dérange pas plus longtemps.
Elle salua et s’en fut, tandis qu’Harlington restait immobile dans la coursive, pétrifié. Ce serait à lui de la marier ? Pour la première fois de son existence, il comprenait le sens de l’expression « boire le calice jusqu’à la lie ».

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostMer 01 Juil 2009, 16:14

Chapitre 3 : tensions



Thif sentait que la déprime n’était pas loin. Effectuer les tâches ingrates réservées à un infirmier pour le compte d’un médecin acariâtre lui pesait chaque jour un peu plus. À plus forte raison quand le médecin était Vulcain, et que Thif était Andorien.
Certes, les deux peuples avaient enterrés la hache de guerre des décennies auparavant. Certes, ils avaient fait partie des espèces à l’origine de la création de la Fédération des Planètes Unies. Quand bien même : il n’était pas rare que des problèmes ponctuels resurgissent entre membres de ses deux races, et Thif se sentait pris au piège d’une telle situation.
Depuis le premier jour où il s’était retrouvé sous les ordres de Sulok, Thif avait senti l’hostilité à peine voilée qui émanait de son supérieur. La réponse logique qu’il avait trouvé avait consisté à la lui rendre cordialement. Sulok était un Vulcain typique aux yeux de Thif : arrogant et méprisant envers les autres. Subir ses piques et ses remontrances à longueur de journées commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs.
D’accord, il n’était peut-être pas le meilleur infirmier de la Fédération. Oui, il avait terminé à une place plus ou moins honorable dans sa promotion, en tête du peloton d’étudiants qui suivait les six premiers, de loin les plus brillants. Mais cela ne remettait pas en cause ses compétences… du moins tant qu’on n’était pas sous les ordres d’un Vulcain.
Avec lui, Sulok était cassant et ne manquait pas une occasion de souligner ses erreurs, selon lui nombreuses. Comme son supérieur menait de très intéressantes et prometteuses sur le virus hélicondratile, qui faisait des ravages dans l’Amas de Caenderf, Thif s’était vite retrouvé à l’aider, bien qu’il ne comprit goutte aux expériences menées par Sulok. Plutôt que de l’en remercier, le Vulcain agissait comme si Thif était un frein pour lui. Thif encaissait tout sans se plaindre, mais il sentait que ses limites serait bientôt atteintes…

*
**

Quand Kimiko Heitashi entra dans la cabine d’Antonino Garcia, le pilote était penché sur son écran d'ordinateur, de dos. Elle s'approcha, l’enlaça et lui baisa le cou, mutine. Il soupira et lui attrapa les poignets en se retournant. Elle en profita pour se coller à lui, radieuse, mais quand il la repoussa, elle le toisa, intriguée. Surtout quand il ajouta un « Écoute, il faut qu’on parle » de mauvais augure.
– Hum… comment te dire ça ? reprit-il. On a vécu des super moments ensemble, on s’est bien amusés, mais…
– Mais quoi ? demanda Heitashi, tombant des nues.
– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée qu’on sorte ensemble, en fait.
– Comment ça, sortir ensemble et bien s’amuser ? Tu... tu ne vas quand même pas oser me dire que c'est tout ce que tu vois dans notre relation ?
– Franchement, Kimiko, on a vécu quelque chose de fort, je suis le premier à le reconnaître. Mais depuis, j'ai pas mal réfléchi à nous deux, et je pense que nous allons droit dans le mur.
– Je ne vois pas comment, fit Kimiko d'un ton glacial, mais explique-moi quand même.
– Nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre assez vite. On n'a pas assez songé aux conséquences, on s'est laissé griser parce que notre amour était tout beau tout nouveau.
– Comme tout début d'histoire, je te signale !
– Ou comme une fausse histoire, Kimiko.
– Pardon ?
– On a foncé, on s'est trouvé, mais je vois avec inquiétude à quel point tu t'es vite attaché à moi. Ce que je veux dire, c'est que tout va trop vite. On ne se connaît pas encore assez pour se faire des grandes promesses d'avenir et de vie commune.
– Depuis, répliqua-t-elle, nous apprenons à nous connaître, nous rattrapons ce retard à grande vitesse.
– Oui, mais comprends-moi. Nous servons à bord du même navire, cela pourrait poser problème dans le travail du travail. Imagine que nous en arrivions à nous séparer ? Comment on ferait pour s'éviter sur un vaisseau aussi petit ? Tu sais que ce serait impossible.
– Nous n'avons qu'une seule manière de savoir si notre couple peut durer : c'est de le vivre au quotidien !
– À quoi bon ? Tu te rends compte que l'un de nous peut mourir n'importe quand ? Servir au sein de Starfleet n'est pas une mince affaire, c'est dangereux. Sans parler du fait que nous pourrions mourir tous les deux. Tu te vois fonder une famille dans ces conditions ? Je suis désolé mais ce n'est pas mon cas. Cela représente trop d'aleas. C'est cruel à dire car je suis profondément attaché à toi, sois-en sûre, mais il vaut mieux s'en tenir là.
Le cœur au bord des lèvres, Kimito Heitashi ne répondit rien. Ce salaud lui avait tant promis, il avait été si charmant ! Comment avait-elle pu être aussi gourde ? Le pire étant que ce n'était pas la première fois qu'elle tombait dans un piège similaire. Elle avait pourtant cru que cette fois-ci, elle pourrait pleinement vivre une vraie histoire, ce à quoi elle aspirait vainement depuis toujours. Justement parce qu'ils servaient ensemble...
Un étau lui comprimait la poitrine et sa gorge était comme desséchée, incapable d'émettre le moindre mot. Si elle restait une minute de plus, elle allait fondre en larmes. Ce qu'elle refusait de faire devant Garcia. Pas alors qu'il affichait un air de commisération.
– Tu sais, Kimiko, je...
Elle leva la main et secoua la tête pour le faire taire. Elle quitta prestement les lieux, à deux doigts de craquer. Dès qu'elle fut dans la coursive, elle courut jusqu'à sa cabine, trois portes plus loin, où elle s'enferma pour laisser libre cours à son chagrin.

Harry Harlington, qui avançait au bout du couloir, remarqua le manège de l'officier de sécurité. Indécis, il se demanda s'il ne devait pas s'enquérir de l'état de santé de l'enseigne Kimiko Heitashi. Finalement, il préféra s'abstenir de peur de passer pour indiscret. Il nota néanmoins avec intérêt que Heitashi était sortie des appartements du pilote Antonino Garcia. Alors les rumeurs qui circulaient à bord étaient fondées ? Il se passait quelque chose entre ces deux-là ?
Vue l'expression décomposée de l'enseigne Heitashi, les bruits colportés risquaient de changer de teneur. Quoi qu'il en fut, Harlington se promit de les surveiller tous les deux, au cas où leurs problèmes personnels aient une influence sur leurs performances professionnelles. Peut-être même devrait-il s'en ouvrir à Sulok, officier médical en chef ? Il renonça vite à cette idée : ce Vulcain froid comme une lune de Dogben semblait bien être le dernier du bord à pouvoir faire montre de compassion et d'empathie pour autrui.

*
**

– Monsieur Thif, vous en avez fini avec l'analyse des échantillons de parsémiodine ?
Comme toujours, Sulok s'exprimait d'une voix tranchante. Comme toujours, Thif sentit une bouffée de chaleur l'envahir. Pour une fois, il n'eut pas besoin de faire d'effort pour se calmer, car les résultats qui s'affichèrent sur son écran firent diversion.
– Je suis dessus, monsieur. Mais... les données sont incohérentes, je ne comprends pas.
– Soyez plus précis, monsieur Thif. Quel genre d'incohérences ?
– J'affine mes recherches, docteur, fit-il en pianotant furieusement sur l'écran. Quand les nouveaux résultats apparurent, l'épiderme bleu de Thif prit une teinte plus pâle et ses antennes s'affaissèrent.
– Oh non... murmura-t-il.
– Que se passe-t-il, Thif ?
– Les données indiquent que l'échantillon du vaccin a été contaminé.
– Comment est-ce possible, Thif ? demanda Sulok en venant lire par-dessus l'épaule de l'Andorien. Et surtout, par quoi ?
– Je crains avoir commis une erreur de manipulation, monsieur. Je détecte de l'ADN andorien dans les composants de notre solution.
Sulok vérifia, avant de reprendre la parole.
– Monsieur Thif, ces recherches sur le virus hélicondratile sont d’une extrême importance. Il s'agit de sauver des milliards de vies d'un virus mutagène dont la potentialité de destruction dépasse de loin tout ce à quoi nos civilisations ont été confrontées par le passé. Nous avons 7 659 tests à accomplir, en espérant trouver une piste pour un remède. Si nous y arrivons, ce qui n'est même pas certain, il faudrait encore de longs mois pour en affiner les effets et surveiller l'évolution sur le long terme.
« Monsieur Thif, accepter votre aide pour mes travaux m'avait paru une bonne idée, mais la répétition de vos erreurs a fini par me faire changer d'avis. Vous vous rendez compte que vous n'êtes pas capable de manipuler proprement des échantillons. J'aurai préféré que vous ne fassiez rien plutôt que de me faire prendre du retard sur mon planning de recherches. Je ne veux plus de votre aide, monsieur Thif : vous n'avez que trop prouvé que vous étiez pire qu'un inutile.
La frustration et le stress accumulés par Thif sous les ordres de Sulok explosèrent soudainement. Il jaillit hors de son fauteuil et se jeta sur Sulok, le poing en avant.
Il ne porta qu'un seul coup, puissant, à la mâchoire du médecin trop stupéfait pour réagir. Sulok tomba sur les fesses et son masque d'équanimité vulcaine laissa brièvement place à une expression d'intense surprise.
Thif reprit le contrôle de ses nerfs au moment où il toucha le médecin. La honte l'envahit. Il allait devoir affronter les conséquences de son geste. Il ne s'excusa pas, ni n'aida son supérieur à se relever. Il se contenta de quitter l'infirmerie pour regagner ses quartiers.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostJeu 06 Mai 2010, 14:16

Ça faisait trop longtemps... on y retourne !

Chapitre 4 : Mises au point


Les conséquences ne se firent pas attendre. Sulok, la lèvre fendue, alla sonner à la porte des appartements du commandant Harlington et déposa sa plainte officielle contre l’infirmier andorien, assortie d’une demande de cour martiale pour son subordonné.
Au vu de l’heure tardive, Harlington promit la réunion d’une commission d’enquête dès le lendemain matin. Il ordonna au médecin-chef et à l’infirmier, contacté par communicateur, de rédiger sur-le-champ leur compte-rendu sur l’incident.
Moins d’une demi-heure plus tard, les deux rapports entre les mains, il les envoya sur les postes de travail de T’Savhek, officier en second, et de Lupescu, chef de la sécurité, avec l’ordre de les étudier pour le lendemain matin.
Harlington pesta intérieurement contre Thif et Sulok avant d’amener leurs rapports respectifs sur son écran de contrôle. La nuit promettait d’être longue et le café allait couler à flots du synthétiseur de nourriture…

*
**

Les yeux cernés de fatigue et une énième tasse de café à la main, Harry Harlington entra en avance ce matin-là dans le mess réquisitionné pour la réunion. Il constata avec une certaine pointe d’agacement que T’Savhek, Sulok et Lupescu étaient déjà là.

Il répondit aux saluts de ses subordonnés par un simple hochement de tête avant d’entrer aussitôt dans le vif du sujet.
– Vous avez tous lu les comptes-rendus de Sulok et de Thif. Lupescu, en tant que chef de la sécurité, qu’en pensez-vous ? Une cour martiale est-elle justifiée ?
– Même si j’ai beaucoup d’estime pour Thif à titrrre perrrsonnel, comme le rrreste de l’équipage, je tiens à le souligner, je crrrains que son geste ne nous laisse pas le choix, monsieur.
– T’Savhek ?
– Je suis d’accord : il n’y a pas d’autre option que de réunir une cour martiale. Frapper un officier supérieur est un acte extrêmement grave qui ne peut rester impuni. La suite logique sera l’exclusion de l’aspirant Thif de Starfleet, après avoir purgé une peine d’emprisonnement qui, selon les recherches que j’ai menées, pourrait aller jusqu’à…
– On se calme, coupa Harlington.
– Monsieur ?
– Ne condamnez pas Thif avant que la cour martiale ne se soit prononcée sur son sort… si cour martiale il y a.
– Commandant, reprit la Vulcaine, avec tout le respect que je vous dois, il ne peut que y avoir une cour martiale avec des faits d’une telle gravité.
Harlington se tourna vers Sulok, resté prudemment silencieux.
– Monsieur Sulok, quelles sont vos fonctions à bord ?
Le Vulcain haussa un sourcil, seul signe visible de sa surprise, avant de répondre.
– Je suis le médecin du bord, monsieur.
– Plus précisément ?
– Je dois veiller à ce que la santé physique et mentale de l’équipage soit à son niveau optimal.
– Et ?
– Je ne vois pas où vous voulez en venir, monsieur.
– Sont-ce vos seules attributions sur le Baltimore ?
– Oui, monsieur.
– Vos recherches sur le virus hélicondratile entrent-elles dans le champ officiel de vos fonctions de médecin du bord ?
– C’est un programme ambitieux, subventionné par la Fédération des Planètes Unies, et que je mène en collaboration avec d’autres chercheurs.
– Cela ne répond pas à ma question, docteur.
– La réponse est non, monsieur. Ces travaux, aussi importants soient-ils, sont menés en-dehors du cadre de mes fonctions officielles, sur mon temps de loisir.
– Alors si j’ai bien compris, asséna sèchement Harlington, vous voulez convoquer une cour martiale pour un incident survenu entre deux membres de l’équipage pendant leurs loisirs ?
– Commandant, intervint T’Savhek, aussi pertinent que soit votre argument, ne pas punir l’infirmier Thif pour son geste conduira à miner la discipline sur le navire, et le respect dû au médecin de bord risque d’en pâtir d’une manière qui pourrait s’avérer désastreuse.
– Vous n’avez pas tort. Mais il y a un autre point qui me gêne. D’après ce qu’a expliqué Thif dans son rapport, ses relations avec vous, docteur Sulok, n’ont jamais été au beau fixe, et ont empiré jusqu’à la perte de son self-control hier soir. D’un point de vue psychologique, pensez-vous que cette théorie se tienne, docteur ?
– Je veux bien admettre que chez les espèces intelligentes qui ne maîtrisent pas leurs émotions, notamment les Andoriens, les choses soient arrivées telles que vous les décrivez.
– Comme vous l’avez souligné par ailleurs, votre fonction consiste à veiller à ce que l’équipage soit au top de sa forme physique et mentale. Ne peut-on pas penser que vous avez failli à votre devoir de médecin en laissant l’état psychologique de l’infirmier Thif se dégrader jusqu’à aboutir à l’incident d’hier soir ?
Un silence de plomb se fit suite à cette déclaration. Les deux Vulcains semblèrent soupeser les arguments avancés par leur commandant, tandis que Lupescu, qui restait prudemment silencieux, avait du mal à dissimuler sa satisfaction.
– Commandant, finit par répondre Sulok, j’admets n’avoir pas prêté assez attention aux signes avant-coureurs. Je me rends compte qu’il y en avait. De ce fait, je porte une part de responsabilité dans ce qui s’est passé.
– Je suis ravi de constater que nous arrivons à la même conclusion, docteur. Souhaitez-vous toujours engager une procédure en vue de réunir une cour martiale contre l’aspirant Thif ?
– Je crois qu’en fin de compte, ce ne serait guère adéquat, monsieur.
– Un simple non m’aurait suffit, docteur, rétorqua Harlington en souriant pour la première fois depuis le début de la réunion. J’ose espérer que votre mauvaise appréciation de l’état d’esprit d’un membre de l’équipage sera la dernière erreur du genre.
– Je l’espère aussi, monsieur, et je puis vous assurer que je vais y travailler avec le plus grand sérieux.
– Parfait ! Dans ce cas, je ne vous retiens pas plus, messieurs-dame. Sulok, je vous laisse annoncer vous-même à l’infirmier Thif les conclusions de cette réunion. Lupescu, restez un peu, j’ai à vous parler.
Dès que les Vulcains furent sortis, Harlington dit à son chef de la sécurité :
– La position du docteur Sulok est désormais affaiblie, et ses compétences pourraient être remises en cause par l’équipage suite à l’incident. Il ne gagnera sans doute jamais un concours de popularité à bord, mais je ne veux pas qu’il soit mis au ban de l’équipage ni qu’il soit l’objet de railleries ou d’irrespect.
– Si je peux me perrrmettrrre, monsieur, il s’est déjà mis tout seul au ban de l’équipage.
– Ce n’est pas une raison pour l’enfoncer. Je veux que vous insistiez auprès de tout le monde sur l’autocritique qu’a mené le docteur. Il sait reconnaître et admettre ses erreurs et est là pour prendre soin de l’équipage, voilà le message à faire passer.
– À vos orrrdrrres, monsieur.
– Merci, Lupescu, ce sera tout.
Une fois seul, Harlington se permit un long soupir théâtral. La situation semblait calmée, mais l’intuition tenace que les choses n’en resteraient pas là refusait de le quitter…

*
**

Comme convenu, Sulok se rendit aux quartiers de Thif et lui apprit l’abandon des poursuites qui planaient sur lui. Puis il se tut, après avoir reconnu sa part de responsabilité dans l’incident.
Visiblement gêné, Thif eut besoin de temps pour remettre ses idées en place. Soulagé de voir l’évolution de sa situation après avoir envisagé le pire, il lâcha :
– Même si les charges sont abandonnées, je tiens à vous présenter mes excuses, docteur. Jamais je n’aurais dû vous frapper, et jamais je n’aurais dû commettre l’erreur grossière de contaminer nos échantillons. Je… si vous voulez encore de mon aide pour vos travaux sur le virus hélicondratile, je serai honoré de vous assister, car ces recherches sont très importantes pour la survie de millions d’êtres.
– En ce cas, allons de l’avant, monsieur Thif. Je serai d’ailleurs curieux de savoir si la contamination de nos échantillons par votre ADN ne nous apprendra pas certaines choses qui nous ont échappé sur le virus.
– Vraiment ? Vous voulez dire que mon erreur pourrait en fin de compte nous faire avancer ?
– Qui sait, monsieur Thif ?
À vrai dire, Sulok ne le pensait guère, mais aussi illogique – et donc irritant pour son esprit vulcain – que cela paraisse, il n’était pas rare que des hasards et des erreurs soient à l’origine de percées fondamentales dans le monde de la recherche et de la science.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostVen 07 Mai 2010, 06:54

Chapitre 5 : Rien ne va plus


La tension à bord de l’USS Baltimore ne fit que croître pendant les jours suivants. Malgré les recommandations et désirs de Harlington, Sulok n’avait jamais été si peu apprécié, même si Thif et lui s’étaient rabibochés et donnaient l’impression qu’il ne s’était rien passé de fâcheux entre eux. L’équipage se méfiait du caractère introverti du docteur, assimilé à une froideur glaciale.
Harlington avait en outre convoqué Thif pour un entretien confidentiel, au cours duquel il lui avait signifié sèchement que si ce genre d’incident venait à se reproduire, Thif serait muté sur-le-champ. Même avec toutes les bonnes raisons du monde, il était hors de question qu’un membre d’équipage porte la main sur un officier. Sous aucun prétexte. L’Andorien ne put que renouveler ses excuses, surtout après avoir appris que Harlington lui avait sauvé la mise.
Si les relations entre Sulok et le reste de l’équipage n’étaient pas au beau fixe, cela n’était rien à côté de l’isolement dans lequel fut plongé Antonino Garcia. Lui fut considéré comme un paria par l’équipage dès que celui-ci apprit qu’il avait rompu avec Kimiko Heitashi. Jusque-là, avec son charme et son assurance de façade, Garcia avait compté beaucoup d’admirateurs. Les femmes du bord, à l’exception bien sûr de T’Savhek, avaient toutes flirté et badiné avec lui à un moment ou à un autre. Ses collègues masculins aimaient bien sa gouaille et s’amusaient de sa vantardise. Le jeune enseigne Evander Mitchell éprouvait une grande admiration envers son aîné, qui n’avait qu’à claquer des doigts ou presque pour faire des femmes ce qu’il voulait.
Mais Kimiko Heitashi était elle aussi très aimée car sa bonne humeur étant proverbiale, elle contribuait par sa simple présence à alléger l’atmosphère. Elle fut d’autant plus l’objet de la compassion de l’équipage qu’elle eut beaucoup de mal à se remettre de la rupture.
Oubliés ses sourires et son espièglerie naturelle. Blême et les yeux rouges à force de pleurer, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même et montrait beaucoup de difficultés à surmonter cette mauvaise passe.
Vu l’exiguïté du navire, elle était obligée de croiser souvent son ex-amant, ce qui n’arrangeait rien, et le danger qu’elle tombe dans la plus noire des dépressions était présent à l’esprit de tout le monde. Elle en prenait tout droit le chemin et son travail en pâtissait, bien que l’équipage veillât à la laisser le moins possible seule.
Sulok mit les bouchées doubles pour s’occuper d’elle, bien qu’il partît de loin : comprendre une espèce qui pouvait se laisser autant dominer par ses émotions lui semblait très compliqué et le mettait très mal à l’aise. À ses yeux, un tel manque de maîtrise de ses émotions était presque indécent. Mais il remisa ses jugements et passa de longues heures à étudier la psychologie humaine, désireux de montrer ses compétences de médecin et de rattraper le coup après l’incident avec Thif.

À force de persévérance, il parvint à ses premiers résultats positifs au bout d’une longue semaine. Si l’aspirante Heitashi semblait avoir perdu le goût de sourire, son chagrin commença peu à peu à refluer. Ce fut en fin de compte grâce à sa vulcanité que Sulok parvint à l’aider, en proposant à Heitashi d’étudier avec lui quelques techniques de relaxation et de maîtrise de soi mises au point par son peuple.

*
**

Pleinement conscient de la morosité ambiante, Harry Harlington priait pour qu’un événement extérieur fasse son apparition afin d’apporter une salutaire distraction à ses hommes. Bien entendu, rien ne se produisit.

Il finit par enjoindre T’Savhek à accélérer le plus possible ses mesures et ses études de la nébuleuse d’Endevaar. L’équipage avait réellement besoin de passer à autre chose, et T’Savhek elle-même en convint. Quand la Vulcaine annonça à Harlington que les relevés prendraient encore une semaine, il estima un tel délai beaucoup trop long. Ils firent un compromis en décidant d’affecter tout l’équipage à l’étude la nébuleuse, à des degrés divers. Le double avantage qu’ils en retireraient serait qu’une semaine suffirait à boucler le programme de recherches, et que tout le monde à bord serait occupé et mis un tant soit peu sous pression.

Les vœux de Harlington de voir enfin brisées la morne routine et l’ambiance délétère furent exaucés plus vite qu’il ne l’avait prévu. Et d’une manière qu’il ne goûta guère…
Dès que le travail en cours fut réorganisé, Harlington ordonna à Garcia de contacter la colonie de Narnaya Prime pour annoncer l’arrivée prochaine du Baltimore. La colonie n’accusa pas réception du message, fait inhabituel mais qui n’avait rien d’inquiétant. Il n’était pas rare que les systèmes de communication soient capricieux, surtout dans des endroits isolés comme des avant-postes de la Fédération. Pendant les quatre heures suivantes, Garcia tenta de prendre contact avec la colonie tous les quarts d’heure. En vain.

Harlington se retrouva face à un dilemme. Ses ordres étaient clairs : procéder à une évaluation complète de la nébuleuse d’Endevaar, puis après et seulement après, aller apporter du matériel à la colonie de Narnaya Prime et recueillir en échange le fruit des travaux menés pas les scientifiques dans ce poste avancé de la Fédération.
L’absence de réponse de la colonie aux appels du Baltimore ne pouvait avoir que deux explications : une panne, ce qui semblait le plus plausible. Ou des ennuis plus graves.

Un commandant de navire de la Fédération devait savoir faire la part des choses, à plus forte raison quand son navire croisait loin de toute base alliée. Il ne paniquait pas pour un rien et ne bouleversait pas les plannings prévisionnels sur un coup de tête. Pourtant, au fur et à mesure que les heures passaient sans réponse de Narnaya Prime, Harlington sentit la pression monter en lui. Un sentiment d’urgence commença à l’oppresser. Il l’écarta plusieurs fois en se moquant in petto de lui-même : il avait du mal à qualifier d’intuition son angoisse grandissante et son envie d’action.
Pourtant, même si les probabilités que la colonie ait des problèmes semblaient bien faibles, il finit par céder aux sirènes de son inquiétude. Après tout, il ne fallait que douze heures pour rallier Narnaya Prime. Si tout allait bien sur place, ils n’auraient perdu que vingt-quatre heures pour faire l’aller-retour. Qui plus est, ce ne serait pas totalement du temps perdu puisqu’ils auraient le loisir de le mettre à profit pour commencer à interpréter les données recueillies sur la nébuleuse d’Endevaar.
– Monsieur Garcia, calculez-nous un cap pour Narnaya Prime.
– À vos ordres, commandant.
Harlington activa l’intercom pour s’adresser à l’équipage :
– Ici le commandant. Face à l’absence de réponse à nos appels en direction de Narnaya Prime, j’estime que nous devons nous assurer que la situation là-bas est normale. Nous allons donc nous y diriger sur-le-champ. Que les officiers T’Savhek, Lupescu et Sulok me rejoignent au mess pour un briefing.

*
**

– T’Savhek, en tant qu’officier scientifique par intérim, que pouvez-vous nous dire sur Narnaya Prime ?
– C’est une planète de classe M, approximativement de la taille de la Terre ou de Vulcain. Les conditions de vie y sont rudes, comme sur Vulcain. Des vents violents balayent la surface et ne permettent pas d’y vivre à découvert. L’avant-poste de la Fédération est constitué d’éléments préfabriqués scellés entre eux, installés à flanc de colline pour se protéger du vent.
– Quelles sont les formes de vie locales ?
– Les précédentes campagnes de sondage ont indiqué un peu de végétation, typique d’environnements arides. Bien que l’air soit respirable pour nous, il est tout de même à noter qu’aucun mammifère ou espèce intelligente n’a jamais été détectée. Par contre, il existe une vie microbienne.
– N’est-ce pas inhabituel ?
– La vie microbienne débouche toujours sur l’apparition de formes de vie plus évoluées. Cette anomalie a été l’un des choix ayant conduit à l’installation de l’avant-poste sur la planète : nos scientifiques ont été intrigués par ce fait et ont voulu en apprendre plus.
L’un des choix ? Quels étaient les autres ?
– La région de l’espace dans laquelle nous nous trouvons a été peu explorée et, à notre connaissance, nulle espèce n’en revendique la suzeraineté. La Fédération a donc trouvé intéressant d’y développer sa présence. La planète pourrait servir en vue d’une colonisation ou de la réimplantation de peuples chassés de leur habitat.
– Je présume que quelque chose empêche la colonisation de se faire dès maintenant, sinon qu’est-ce qui justifierait la présence de l’avant-poste scientifique ?
– En effet, commandant. Bien que la planète soit de classe M, il y a certaines particules inhabituelles dans l’air. Les scientifiques sont là pour les tester et s’assurer qu’ils ne représentent pas un danger en cas d’exposition prolongée sur du très long terme.
– Monsieur Lupescu, qu’en est-il du nombre de scientifiques sur place et de leurs moyens de se défendre en cas de problème ?
– Ils sont au nombrrre de huit, commandés parrr un Vulcain du nom de Silkarrr. Trrrois autrrres Vulcains et quatre humains composent le rrreste de l’équipe. Leurrrs compétences vont de l’astrophysique à l’exobiologie, en passant parrr la minérrralogie, la micrrrobiologie et la médecine bactérrrienne. Parrr ailleurs, la base est équipée d’un bouclier pour fairrre face aux tempêtes, assez frrréquentes et qui peuvent occasionner des dégâts imporrrtants. Mais horrrmis un phaseurrr individuel par membrrre de l’équipe, l’avant-poste est dépourrrvu de tout armement.
– Bon. Monsieur Lupescu, préparez une équipe d’intervention au cas où il y aurait du grabuge. T’Savhek, n’omettez pas de continuer à contacter l’avant-poste, au cas où leurs soucis se borneraient à une panne d’émetteur réparé entre-temps. Sulok, soyez prêt à intervenir en cas de premiers secours à prodiguer. Au travail !

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostSam 08 Mai 2010, 10:41

Chapitre 6 : l’arrivée


Une demi-heure avant d’entrer en orbite autour de Narnaya Prime, Harlington ordonna à Garcia de quitter la vitesse de distorsion et de changer de trajectoire. Ainsi, si un danger rôdait, le Baltimore arriverait d’une direction imprévue et aurait donc plus de latitude pour réagir ou surprendre un éventuel ennemi.

Rien ne se produisit et le navire de Starfleet se retrouva bientôt en orbite à scanner les lieux.
– Monsieur Inriek, que détectez-vous ?
– Rien, monsieur. Il y a beaucoup d’interférences dues à une violente tempête, mais il semble n’y avoir aucun signe de vie dans l’avant-poste.
– T’Savhek, pensez-vous qu’une téléportation soit possible dans de telles conditions ? demanda Harlington.
– J’en doute fort, monsieur. Je recommande donc un atterrissage du Baltimore.
– Cela ne représente-t-il pas un danger pour nous ?
– La manœuvre est délicate mais à la portée d’un bon pilote, monsieur.
Harlington reporta son attention sur Antonino Garcia, assis devant lui face à la console de pilotage.
– Garcia ?
– Oui, monsieur ?
Était-ce de la tension que Harlington crut déceler dans le ton de l’Ibérique ?
– Qu’en pensez-vous ?
– C’est dans mes cordes, monsieur, rétorqua Garcia avant de s’essuyer les paumes des mains sur ses cuisses, ce qui n’était guère rassurant.
– Alors, allons-y. Que tout le monde s’accroche.

Tout se passa bien dans les premiers instants de la descente, même si la plongée à une vitesse folle dans le tourbillon de nuages était très impressionnante, vue de l’écran de la passerelle.
Harlington serra les accoudoirs de son fauteuil à en blanchir ses phalanges et ne cessa que lorsque ses mains devinrent douloureuses. Il balaya alors la passerelle du regard, bien embêté à l’idée que quelqu’un ait pu surprendre sa nervosité. Si quelqu’un la remarqua, personne n’eut l’imprudence de lui montrer le contraire.
Par prudence, Garcia réduisit la vitesse du Baltimore dès les premières turbulences. Quand le navire fit une sévère embardée, des alarmes anti-collisions mugirent et Garcia pianota furieusement sur sa console. Il hurla à son copilote Inriek :
– Caramba ! Utilise les rétrofusées pour accompagner toutes mes manœuvres, je crains pour l’intégrité structurelle de la coque !
Inriek acquiesça et riva les yeux sur les mains de son collègue, afin de reproduire ses gestes. Pendant l’interminable descente, plus d’un membre de l’équipage sur la passerelle se retrouva à terre à un moment ou à un autre. Les sautes de vent étaient très violentes, presque comme des impacts de torpilles.
Garcia lui-même fut éjecté de son poste. Quand Harlington, solidement cramponné à ses accoudoirs, vit son pilote tomber, il se jeta en avant pour le remplacer. Mal lui en prit car il chuta aussitôt à son tour et se fendit la lèvre sur le bord de la console de navigation. Il parvint tout de même à aider Garcia à se rasseoir à son poste, avant de ramper vers son fauteuil en se morigénant. Qu’est-ce qu’il avait donc essayé de faire ? Prendre les commandes ? Il était à peine capable de faire voler tout droit une navette et n’avait pas encore saisi toutes les subtilités d’un atterrissage réussi, malgré des dizaines d’heures passées sur simulateur.
Revenant au présent, il s’avisa enfin que la tension était presque palpable sur la passerelle, et il eut la présence d'esprit d'ordonner à T’Savhek de couper les maudites alarmes tonitruantes qui leur vrillaient le crâne. Dès qu’elles se turent, tous eurent l’impression qu’un grand poids venait de leur être ôté des épaules.
– Situation, monsieur Garcia ? demanda le plus calmement du monde Harlington, en contradiction totale avec son envie de hurler sa peur.
– On maîtrise, commandant, on maîtrise ! répondit trop vite le pilote.
Ce n’était pas ce que Harlington crut lire sur le visage de T’Savhek, mais il préféra se taire. Il voulut prier, mais l’athée convaincu qu’il était ne trouva aucune divinité vers qui se tourner. Ne lui resta alors plus qu’à se dire que d’un instant à l’autre, ils allaient tous mourir. Tout en prenant soin de rester impassible, comme tout commandant devait l’être, à son avis.

Les conditions météorologiques se calmèrent enfin et Garcia s’écria :
– On en est sortis, monsieur !
Il avait l’air d’être le premier surpris. Harlington eut envie de lui fracasser la tête sur la console de pilotage.
– Félicitations, monsieur Garcia, se borna-t-il à répondre tout en essayant de se remémorer si oui ou non il y avait un punching-ball dans la salle de sport du navire. Tout le monde va bien ?
– Sur la passerelle, il semblerait que oui, commandant, fit T’Savhek. Je fais monter le docteur pour qu’il s’occupe de votre lèvre. Le Baltimore a subi quelques dommages, mais rien de bien sérieux.
– Parfait ! Monsieur Inriek, l’écran de la passerelle ne fonctionne plus ?
– Si monsieur, mais nous sommes pris dans une tempête de sable. Nos instruments fonctionnent parfaitement et notre position est calée sur celle de l’avant-poste. Même si nous ne l’avons pas en visuel, nous n’en sommes pas loin.
Harlington se concentra sur sa lèvre fendue. La douleur était infime mais il constata avec dépit qu’une belle tache de sang souillait son uniforme moutarde.
– Il y a des blessés ? demanda Harlington à Sulok quand celui-ci, talonné de près par Thif, fit son apparition sur la passerelle.
– Non, répondit sèchement le Vulcain en attrapant maladroitement son tricordeur médical d’une seule main.
Le bras gauche du médecin pendait, inerte. Harlington préféra se taire pendant que les deux membres de la section médicale examinaient tous les hommes d’équipage. Dès que Thif eut badigeonné la lèvre de Harlington avec une dose massive de coagulant en spray, le commandant crut pouvoir partir se changer, mais Garcia dit :
– Nous survolerons l’avant-poste dans une minute.
– Tout le monde aux postes de combat, levez les boucliers. Monsieur Inriek, tentez de joindre l’avant-poste.
– Aucune réponse, commandant.

Quand l’ascenseur appelé par Sulok et Thif arriva, Evander Mitchell en sortit, un haut d’uniforme jaune moutarde à la main.
– Commandant ? Le lieutenant T’Savhek m’a demandé de vous apporter ceci.
– Merci, Mitchell, sourit Harlington. Et merci à vous aussi, T’Savhek.
– Survol de la base dans dix secondes, annonça Inriek. Les senseurs n’indiquent aucune présence hostile… et aucune présence vivante dans l’avant-poste.
– Faites nous atterrir, Garcia.

La large plate-forme de l’avant-poste leur tendait les bras. Bien qu’elle fût en grande partie recouverte de sable, le souffle des rétrofusées de l’USS Baltimore suffit à dégager la place et l’atterrissage se fit en douceur.

– Monsieur Lupescu, préparez votre équipe et investissez l’avant-poste.
– À vos orrrdrrres, commandant.

*
**

Il ne fallut que cinq minutes aux officiers Lupescu, Heitashi, Nimar et Gotram pour sortir en scaphandres. Sur l’écran, l’équipage de la passerelle les vit avancer lentement jusqu’au sas de l’avant-poste, dans lequel ils se réfugièrent.
Ils se rendirent vite à l’évidence : les scientifiques de la Fédération avaient disparu. Dans la cafétéria de la base, deux plateaux-repas entamés gisaient sur une table. Dans les laboratoires, des expériences étaient toujours en cours, écrans d’ordinateurs allumés, liquides bouillonnants dans des alambics.
Le bureau de Silkar, commandant de la base, était d’une sobriété toute vulcaine : tout y était rangé avec la plus extrême rigueur. Rien dans son journal de bord n’indiquait le moindre problème ; les résultats des expériences y étaient soigneusement consignés.

T’Savhek se réfugia derrière son impassibilité coutumière, mais Harlington ne fut pas dupe. Elle s’inquiétait du sort de son fiancé : avec l’air pincé voire offensé qui se lisait sur son visage, elle ressemblait plus que jamais à son frère jumeau, dont c’était l’expression normale.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostVen 14 Mai 2010, 06:57

Chapitre 7 : l’enquête


L’équipe de sécurité continua en vain ses investigations, bientôt rejointe par Harlington et T’Savhek. Cette dernière se dépensait sans compter et ne cessait d’avancer de nouvelles théories pour expliquer la disparition des scientifiques, mais aucune piste n’apparut.
Le seul incident fut déclenché par l’enseigne de la sécurité Gotram. Il crut déceler un mouvement du coin de l’œil et courut dans sa direction, non sans avoir alerté ses camarades par communicateur. Il fut vertement rabroué par T’Savhek quand il s’avéra qu’il avait rêvé, ou cédé à la nervosité.
Il n’était pas le seul à être atteint par le sinistre avant-poste désert. Le silence qui y régnait était presque sépulcral, et le moral de l’équipage, déjà peu élevé avant l’arrivée sur Narnaya Prime, redescendit encore de quelques crans, au grand dam de Harlington. À la tension latente s’ajoutait la frustration de ne trouver aucune explication à la disparition des membres de l’avant-poste.

C’est à nouveau par le biais – involontaire, cette fois-ci – de l’Andorien Gotram que la situation évolua. Quand Lupescu le contacta pour son rapport de routine, il ne répondit pas. Tout le monde fut mis sur le pied de guerre. T’Savhek utilisa en vain son tricordeur pour localiser Gotram, tandis que sur le Baltimore, l’équipe de la passerelle assura que nul n’avait quitté les lieux : les senseurs comme les caméras du navire étaient braqués sur l’avant-poste.

– Au rapport, T’Savhek ! fit un Harlington aux abois en déboulant dans le laboratoire de l’avant-poste que la Vulcaine s’était approprié pour mener ses recherches.
– Nos tricordeurs n’ont rien noté sortant de l’ordinaire, aussi ai-je eu idée d’utiliser ceux de la base, plus puissants et plus précis. Il y a quelque chose qui me roule en boule dans les relevés.
– Roule en… Vous voulez dire chiffonne, je présume ?
– Le moment ne me paraît guère opportun pour un cours de sémantique idiomatique terrienne, commandant, répondit la Vulcaine, un tantinet vexée d’être prise en défaut sur une expression imagée.
– Au fait, T’Savhek, s’irrita Harlington.
– J’ai trouvé une piste, mais elle s’interrompt brutalement.
– Vous pouvez m’expliquer cela avec des mots que je puisse comprendre, lieutenant ?
– J’ai triangulé la base pour reconstituer le parcours de Gotram. Avec l’aide des capteurs en temps réel, j’ai réussi à isoler sa signature thermique et à la suivre… jusqu’à ce qu’elle disparaisse brusquement.
– Ce serait dû à quoi ? Téléportation ? Désintégration ?
– Je n’en sais pas plus, commandant, répondit la Vulcaine avec lassitude. Je ne suis pas une scientifique de formation. En théorie, les téléportations sont impossibles sur cette planète car les tempêtes locales charrient trop d’interférences magnétiques. De plus, le processus de recombinaison moléculaire laisse des traces or il n’y en a aucune. Une désintégration paraît tout aussi improbable : il y aurait un pic de chaleur à la dernière position connue du disparu. Mais là non plus ce n'est pas le cas.
Harlington réalisa qu’elle n’avait pas dormi depuis leur arrivée, plus de trente-six heures auparavant. Si ses compétences commençaient s’émousser par manque de sommeil, il risquait d’être obligé de lui enjoindre à prendre du repos… ce qu’il savait qu’elle ne ferait pas. Son fiancé comptait parmi les disparus et Harlington n’aurait pas agi autrement s’il s’était retrouvé à sa place. Peut-être devait-il s’en ouvrir à Sulok ? Il ne s’attarda guère sur cette hypothèse. Moins il avait affaire à l’antipathique docteur, mieux il se portait.
– Tenez moi au courant, lieutenant, et en attendant, que tout le monde se regroupe par équipes de deux. Pas question de perdre qui que ce soit d’autre. Quadrillez toute la base et envoyez vos données en direct sur le Baltimore. Je veux que tout le monde soit à l’affût de la moindre anomalie.
– À vos ordres, monsieur.
T’Savhek se replongea dans les données affichées par les moniteurs. Quelque chose lui échappait forcément. Restait à trouver quoi…

*
**

Dans l’infirmerie du Baltimore, l’infirmier Thif ne quittait pas du regard le docteur Sulok. Ce dernier s’était injecté le contenu d’une seringue hypodermique mais rien n’y avait fait : son bras était toujours inerte et Sulok avait depuis éludé toute question concernant sa blessure.
Présentement, le médecin rassemblait avec maladresse quelques fournitures de premiers secours, qu’il empilait dans sa mallette médicale, prêt à rejoindre l’avant-poste en cas de problème. Il cogna involontairement son bras invalide contre un lit médical et Thif surprit quelque chose d’impensable sur le visage du froid Vulcain : une grimace de douleur. L’Andorien n’y tint plus :
– Ça suffit, docteur ! Que vous le vouliez ou non, vous n’êtes pas en état d’assumer vos fonctions. Allongez-vous, que je vous examine.
– Je suis encore le médecin de bord, rétorqua Sulok, et je connais mes limites.
– Vous êtes surtout l’être le plus borné que j’ai jamais rencontré ! Si le commandant apprend dans quel état physique vous êtes, il vous relèvera de vos fonctions et aura bien raison. Je me demande d’ailleurs si je ne vais aller l’en informer moi-même.
– Je vous l’interdis, monsieur Thif ! Je suis tout à fait capable de remplir mon rôle.
– Vous le faites exprès, ma parole ! Réfléchissez un peu, bon sang ! Comment voulez-vous que l’équipage ait confiance en son médecin s’il n’est pas foutu de se soigner lui-même ? Euh, sauf votre respect, monsieur, ajouta-t-il précipitamment en se rendant compte qu’il dépassait les bornes.
Sulok fusilla du regard son subordonné pendant un bon moment, l’air plus glacial et pincé que jamais. Thif fit appel à sa fierté pour ne pas détourner le regard. Sulok rompit le silence, d’une voix douce :
– Monsieur Thif, la médecine n’est pas un simple métier, c’est un sacerdoce. Défendre et faire prospérer la vie est un art difficile, d’autant qu’il est bien plus facile de détruire que de construire ou de préserver. Or je suis Vulcain, les choses faciles ne m’intéressent pas. Je pensais que mes recherches sur le virus hélicondratile étaient très importantes, et j’avais raison. Elles peuvent conduire à sauver des millions de vies, voilà l’essence même de la médecine à mes yeux ! Mais d’un autre côté, je me suis laissé aveugler par cet objectif, au point que tout le reste, y compris mes fonctions à bord, sont devenues secondaires à mes yeux… comme l’a bien compris le commandant. Ce faisant, je me suis retrouvé de facto à presque violer mon serment d’officier de Starfleet puisque j’ai négligé la santé de l’équipage. Pouvez-vous imaginer le sacrilège, la honte que représentent aux yeux d’un Vulcain le non-respect d’un serment ? J’ai déjà failli une fois, et ce sera la dernière. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il m’en coûte, toutes mes capacités sont désormais au service de l’équipage.
Thif fut abasourdi par de telles révélations. C’était la première fois que Sulok parlait de manière si personnelle. C’était d’ailleurs la première fois qu’il lui parlait autant. Alors que Thif s’était imaginé que seule sa fierté égoïste guidait Sulok à agir de manière aussi inconsidérée, voilà qu’il lui révélait que c’était uniquement son souci de la santé de l’équipage qui le poussait en avant et à se négliger lui-même.
– Docteur… tant qu’il n’y a pas d’urgence médicale, je peux gérer la santé de l’équipage. Or il n’y en a pas. Vous devez absolument profiter du répit que nous connaissons pour vous soigner. C’est indispensable pour que vos capacités soient à nouveau optimales. Pour l’instant, nous savons tous deux qu’elles ne le sont pas, ce qui là encore risque de vous faire échouer. Allongez-vous et laissez-moi vous soigner.
– Entendu, répondit Sulok après avoir jaugé son assistant.
– Je commence par quoi ? demanda Thif dès que le médecin fut allongé sur un lit médical.
– Que proposez-vous ? rétorqua Sulok.
Tout sourire face à ce qu’il interpréta comme une marque de confiance, Thif prit le temps de réfléchir avant de lancer ses propositions. Il n’était pas question de décevoir son supérieur.

*
**

Pour la quatrième fois de sa vie, T’Savhek perdit le contrôle de ses nerfs. Elle tapa du poing le coin de la console devant laquelle elle travaillait. Comme les trois fois précédentes, elle fut envahie d’une honte immense et eut l’impression d’avoir trahi son peuple et ses idéaux. Elle s’assura que nul ne l’avait vu céder à des pulsions si primaires. Puis son esprit logique reprit le dessus, rejetant l’image de Silkar qui venait de plus en plus souvent la hanter.
Il y avait quelque chose de très important à découvrir dans les relevés des ordinateurs, tout son être le lui soufflait. Mais sa frustration venait surtout que cette conviction profonde ne cadrait pas du tout avec la logique et ne reposait que sur du vent… ou une envie désespérée de trouver des réponses rationnelles.
Pourtant, hormis les relevés thermiques, elle n’avait rien découvert. Nulle trace des particules caractéristiques d’une téléportation, d’autant plus que les scientifiques locaux avaient mené des expériences en ce sens. Leurs conclusions avaient été irréfutables : nulle téléportation n’était possible sur la planète, la faute à une variété de minéral très répandu sur Narnaya Prime, le mitrandium, dont les caractéristiques naturelles empêchaient tout transfert d’énergie.
Il y avait forcément une faille dans son raisonnement. Elle lança l’ordinateur dans une nouvelle analyse qui incluait un très large spectre de diverses particules liées de près ou de loin à la téléportation.
Elle venait de finir la programmation de la nouvelle recherche quand son communicateur se mit en route :
– Ici Inriek, sur le Baltimore. Je ne détecte plus le lieutenant Lupescu ! Il vient tout bonnement de disparaître de nos écrans de surveillance !

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostDim 16 Mai 2010, 08:20

Chapitre 8 : disparitions


– Bon sang, c’est pas vrai ! hurla Harry Harlington dans son communicateur. Qui se trouvait avec Lupescu ?
– Moi, commandant, répondit Kimiko Heitashi, au bord de la panique. Je ne comprends pas, je lui ai juste tourné le dos pour jeter un œil par une porte. Je n’ai entendu aucun bruit, rien de rien !
– Ne bougez pas, aspirant, on arrive.

L’officier ingénieur O’Connor sur les talons, Harlington sprinta à travers les couloirs de la base. Alors qu’il ne restait plus qu’un coude à franchir pour atteindre Heitashi, la voix de Inriek retentit :
– Commandant, Kimiko a disparu à son tour !
Harlington atteignit la dernière position enregistrée de Kimiko Heitashi, phaseur à la main. Comme l’avait annoncé Inriek, il n’y avait rien à voir. L’aspirante s’était volatilisée.
– Au rapport, fit-il sèchement.
– Même chose que pour Gotram et Lupescu, commandant, répondit Inriek. Ils étaient là et l’instant d’après, ils avaient disparu. Nos senseurs n’ont rien enregistré de particulier, ils les ont juste… perdus.
– Ça ne me suffit pas, enseigne, je veux des réponses !
– À vos ordres, commandant.
– T’Savhek, vous m’entendez ? fit Harlington dans son communicateur.
Il échangea un regard avec Mary O’Connor, et espéra que la terreur qu’il lut dans ses yeux ne se reflétait pas dans les siens. C’est alors que sous ses yeux, Mary O’Connor devint transparente avant de disparaître. Sans un bruit, sans aucun effet d’annonce. En deux secondes à peine.
– C’est un piège ! cria Harlington dans son communicateur. Que tout le monde quitte l’avant-poste et rejoigne le Baltimore ! Inriek, gardez un œil sur les positions de chacun et tenez-moi au courant de nouvelles disparitions. Inriek ? Inriek, bon sang, répondez-moi !
– Ici Garcia, monsieur. Je ne comprends pas… Inriek s’est volatilisé à son tour.
Harlington sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il avait imaginé que ses hommes et lui seraient en sécurité sur le Baltimore. L’annonce de Garcia le convainquit que rien ne les sauverait à part fuir la planète. La mort dans l’âme, il donna ce qui pourrait très bien être ses derniers ordres :
– Monsieur Garcia, levez les boucliers. Préparez un résumé de nos investigations et joignez-y un rapport des derniers événements. Envoyez le tout vers la Terre sous la forme d’une communication subspatiale. Au moins, Starfleet sera prévenu.
– Oui, monsieur !

Alors c’était cela, la constatation de son échec le plus cuisant ? Un ennemi invisible qui s’en prenait en toute impunité à ses hommes sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit ? Harlington se demanda ce que le commodore Jericho aurait fait à sa place mais aucune idée ne lui vint. Il se mit à marcher lentement, sonné au possible. À quoi servait-il de courir s’il pouvait à son tour être capturé à n’importe quel instant ? Il chercha à rejoindre la dernière position connue de T’Savhek, sans trop croire qu’on lui laisserait le temps de l’atteindre.
La Vulcaine n’était pas à son poste. Hébété, Harlington se rapprocha de la console et ses yeux se posèrent sur les données qui défilaient à l’écran. Un rapport d’analyse apparut et il le lut machinalement. L’ordinateur afficha ses conclusions, dénuées de la moindre logique pour Harlington. Son attention fut attirée par le mot erdebium, une molécule synthétique dont le nom lui était familier. Il fut abasourdi quand les pièces du puzzle s’assemblèrent enfin dans son esprit. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Il aurait dû comprendre depuis longtemps !
Baltimore, ici Harlington, répondez. Garcia ? Quelqu’un ? J’ai tout compris ! Il faut reconfigurer sur-le-champ…
Le commandant du Baltimore se tut quand son environnement disparut brutalement et qu’il se retrouva dans le noir le plus total.

*
**

– Pourtant, docteur Sulok, tous les manuels préconisent que la solution doit être affinée à 0,3%. Pourquoi voulez-vous un dosage à 0,5% ?
– Parce que les données dont vous vous servez, monsieur Thif, ne sont que des moyennes génériques tenant compte de l’espèce à laquelle appartient le patient, ainsi que le sexe et l’âge. Chaque patient est différent d’un autre et seules des analyses précises menées au cas par cas garantissent un effet optimal dans les processus de guérison. Je connais parfaitement tous les paramètres à prendre en compte concernant ma propre santé. La solution d’antétropine doit donc être affinée à 0,5% pour être la plus efficace sur moi.
– Vous avez dressé un profil personnalisé pour chaque membre de l’équipage ? C’est un travail de titan !
– Je n’ai malheureusement pas eu le temps de m’y atteler, mais je vais y remédier dès que possible. Ce n’est effectivement pas un travail simple, qui nécessite des centaines d’analyses poussées. J’estime néanmoins qu’il faudra mener ces recherches à bien afin d’optimiser les profils médicaux des membres de l’équipage.
Thif se tut. Décidément, Sulok avait changé. Il mettait la barre très haute concernant la santé de l’équipage, si haute que Thif avait presque le vertige à l’idée des heures qu’ils allaient devoir passer sur des échantillons dans le laboratoire. Lors de ses études à l’Académie, l’un des devoirs les plus importants pour les examens finaux avait été une étude de cas personnalisée et très poussée. Il avait passé une grande partie de l’année scolaire à cette étude. Que Sulok en fasse une procédure standard à bord montrait à Thif à quel point le médecin vulcain n’avait plus l’intention de laisser quoi que ce soit au hasard. Il serait irréprochable, et Thif allait devoir suivre le rythme.
Penché au-dessus d’un plan de travail, l’Andorien injecta la solution dans une seringue hypodermique. Quand il se retourna vers Sulok, le lit médical de celui-ci était vide.
– Docteur ? DOCTEUR ?
Thif se jeta sur l’intercom.
– Passerelle, ici l’infirmerie, le docteur Sulok a disparu ! Passerelle, vous m’entendez ? Répondez, s’il vous plaît ! Salle des machines ? Mess ? Allô, quelqu’un ?
Au bord de la panique, Thif se colla au mur. Où étaient-ils tous passés ? Qu’allait-il lui arriver ?
Il vit sa peur reflétée dans un miroir sur le mur d’en face. L’incrédulité remplaça la peur quand son reflet devint transparent et que sa vue se brouilla.
Le Baltimore était désormais un vaisseau fantôme. Aussi mort que l’était l’avant-poste de la Fédération.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostVen 21 Mai 2010, 05:53

Chapitre 9 : les hérétiques


Harry Harlington se réveilla en sursaut, les sens en alerte, et voulut se lever. Une douleur violente lui traversa le crâne et il se rendit compte qu’il était solidement attaché à ce qui ressemblait à un lit médical. À moins qu’il ne s’agisse d’une table de torture ?
Il se souvint avoir été matérialisé dans un endroit si sombre qu’il s’était brièvement inquiété d’être devenu aveugle, avant de perdre connaissance suite à un coup porté à l’arrière de la tête.
Ses pensées revinrent vite aux événements qui avaient précédés sa téléportation. Car c’en était une, il le savait désormais grâce aux informations qu’il avait lues sur l’écran utilisé par T’Savhek juste avant son enlèvement.
Si Harlington n’était pas passé par l’Académie de Starfleet, il s’était toujours passionné pour la technologie de la téléportation et connaissait son mode de fonctionnement sur le bout des doigts. Il avait toujours trouvé fascinant – et un peu effrayant – le concept même de cette technologie de transport instantané qui jouait avec les molécules de la vie. Ses connaissances en la matière s’étendaient aux technologies de plusieurs dizaines de peuples, et incluaient les dernières améliorations et les travaux en cours.
Harlington n’était pas un scientifique et ne serait jamais un chercheur. Mais il était un dilettante de haut vol, capable de comprendre certaines choses de manière intuitive. Quand il avait lu le mot erdebium, il avait aussitôt fait le rapprochement avec un rapport scientifique lu quelques mois auparavant.
Un téléporteur transformait la matière en énergie, convoyée par un faisceau d’ondes jusqu’au point d’arrivée, où l’énergie était à nouveau transformée en matière, dans le même ordre moléculaire et atomique qu’au départ. Des chercheurs de la Fédération avait affirmé, d’après leurs modélisations informatiques, que l’erdebium était capable de renforcer le faisceau d’ondes au point de pouvoir traverser des boucliers voire tout obstacle normalement infranchissable. Ces recherches étaient prometteuses mais, de l’aveu même des scientifiques, des années voire des décennies d’études et de tests seraient nécessaires pour une application concrète.
Un peuple dans la galaxie maîtrisait cette technologie, et les scientifiques de l’avant-poste comme l’équipage du Baltimore venaient d’en subir les conséquences. Harlington en était persuadé.

Harry revint au présent. La pièce dans laquelle il était détenu était austère et ressemblait à une chambre d’hôpital, jusqu’aux murs blancs.
La porte qui faisait face à son lit s’ouvrit en chuintant et un humanoïde fit son apparition. Trapu, l’être semblait être fait de la même pierre rouge que l’on retrouvait partout sur la planète. Harlington se crut face à La Chose en plus petit, un super-héros imaginaire datant du XXème siècle mais régulièrement remis au goût du jour depuis lors.
– Je suis le lieutenant Harry Harlington, commandant le…
– Tu n’es surtout qu’un envahisseur, répondit l’autochtone d’une voix aussi rocailleuse que son apparence.
– Pas du tout ! Mes hommes et moi sommes des explorateurs, et…
– Vous êtes des pilleurs, vous en voulez à nos ressources ! Vous allez le payer de votre vie !
– Je vous assure qu’il y a un malentendu. Les membres de l’avant-poste sont des scientifiques et sont là pour mener des recherches. Quant à mon équipage et moi, nous venions juste nous assurer que tout se déroulait bien pour eux. Nous ignorions qu’il y avait de la vie intelligente sur la planète, sans quoi nous ne nous serions jamais permis de nous installer sans vous en demander l’autorisation.
– Vous avez exploité la terre, énonça l’homme rouge sur un ton solennel.
– Et bien… les scientifiques ont en effet procédé à un peu d’extraction minérale en vue de…
– Saint Larka créa Soffré, reprit l’autochtone, dogmatique, et il dit : « La surface sera sacrée, nul autre qu’un dieu ne sera digne de la fouler ». Et il offrit les profondeurs au peuple de Soffré, qu’il avait créé.
– Je vous le répète, c’est une épouvantable erreur. Nous avons commis un crime à vos yeux mais nous ne l’avons fait que par ignorance et…
– La loi est la loi, et nul ne s’y soustrait.
– Je comprends bien mais je…
– Le sacrilège mérite la mort. Tous les envahisseurs infidèles seront sacrifiés à Saint Larka au prochain krevaï.
– Au prochain quoi ?
Mais l’être faisait déjà demi-tour et quitta la pièce sans ajouter un mot.
Bon sang, et moi qui trouvais que tout allait déjà mal avant de me retrouver ici…

*
**

Le Grand Prêtre Sender était outré, choqué au-delà de toute mesure. L’être à la peau blanche était bien comme ses prédécesseurs. Il se moquait éperdument des croyances de Soffré et avait osé s’excuser pour le sacrilège commis. Comment pouvait-il espérer que cela suffise ? Rien ne le pouvait. Le sacrilège mérite la mort. Il n’y avait rien à rajouter.
Il rejoignit Jingkler, le Gardien de la Loi, avec qui il partageait le pouvoir sur le peuple des Soffrés.
– Il dit la même chose que les autres, fit Sender. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Comme si cette explication était suffisante pour les soustraire à leur destin. Le sacrilège mérite la mort.
– Bien sûr qu’ils méritent la mort, approuva Jingkler. Heureusement, krevaï est proche. Nous devons nous débarrasser de ces démons blasphémateurs le plus vite possible. Saint Larka nous met à l’épreuve. Il ne sera pas déçu.
– Oui. Krevaï est dans deux jours. Tout est-il prêt pour la cérémonie ?
– Tout est prêt, Grand Prêtre.
– Bien. Allons nous purifier, nous avons été salis par la présence de ces créatures.
– Attendez, Grand Prêtre. Il est un point important à soulever.
– Lequel ?
– Lorsque nous avons capturé les premiers infidèles, nous avons décidé à juste raison de les sacrifier. L’un d’eux a affirmé que d’autres viendraient à leur secours. Nous constatons aujourd’hui que c’est le cas.
– Maintenant que nous les avons tous pris, il n’y a plus de problème.
– Et si d’autres venaient encore ? Pour notre propre sécurité, nous devons savoir ce que sont ces êtres et combien ils sont. Connaître l’étendue de la puissance de nos ennemis nous permettra de mieux nous défendre contre eux.
– Vous estimez que nous devons continuer à nous souiller en leur soutirant des informations ?
– Ce qui semble être une abomination – se laisser volontairement souiller par ces créatures – nous sera pardonné par Saint Larka. Nous faisons ce que nous avons à faire pour protéger son peuple. Il jugera nos mérites et nos sacrifices.

*
**

Quand les deux êtres rouges entrèrent dans la pièce où Harlington était détenu, celui-ci crut que sa situation allait s’améliorer. Il déchanta en comprenant que les deux Soffrés ne voulaient que lui soutirer des informations.
Il leur apprit avec une certaine satisfaction qu’il appartenait à la Fédération des Planètes Unies, puissante entité riche de plusieurs centaines de mondes et de milliards d’habitants. L’apprendre ne sembla pas ébranler ses interlocuteurs.
Il plaida sa cause du mieux qu’il put mais dut se rendre à l’évidence : les Soffrés ne changeraient pas d’avis quant au destin mortel qu’ils promettaient aux membres de la Fédération qu’ils avaient capturés. Même la menace d’un ou de plusieurs vaisseaux de secours lourdement armés ne les fit pas ciller.
Quand Harlington voulut expliquer une énième fois que « l’invasion » de Narnaya Prime – ou Soffré, comme l’appelait les autochtones – n’en était pas une et que toute cette histoire reposait sur un malentendu, le Gardien de la Loi Jingkler rétorqua :
– Vous êtes un menteur, il n’y a pas de malentendu. Nous ne sommes pas des imbéciles et bénéficions d’une technologie avancée. Nous savons pertinemment qu’il existe d’autres êtres vivants en-dehors de notre monde, mais nos croyances nous ordonnent de nous tenir à l'écart. Nous refusons d’être contaminés par la souillure de l’univers.
– Comment aurions-nous pu le savoir ? demanda Harlington.
– Vous le saviez, menteur hérétique. Un signal part des profondeurs de Soffré en direction de l’espace et indique à tout voyageur galactique que nul ne doit approcher de notre planète sous peine de mort.
– Je… je ne comprends pas, personne n’a jamais détecté un tel message. Ni nos prédécesseurs ni nous-mêmes. Si cela avait été le cas, nous nous serions bien sûr abstenus de venir vous… euh… envahir, comme vous le pensez. Vous devriez vérifier que votre signal fonctionne.
Cet échange marqua la fin de l’interrogatoire. Les Soffrés s’en furent sans même prendre la peine de lui répondre.
Harlington était dans tous ses états. Allaient-ils donc tous mourir à cause du dysfonctionnement d’une communication subspatiale ? Il eut beau retourner la situation dans tous les sens, il ne vit aucune lueur d’espoir pour lui et les siens.
On est foutus…

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostLun 31 Mai 2010, 06:39

Chapitre 10 : La Résistance


– Vous êtes libre !
Pourquoi est-ce que le Soffré qui s’apprêtait à épouser T’Savhek disait une telle chose ? Et surtout, comment faisait-il, comme tous les autres convives, Harlington y compris, pour réussir à se tenir au sec, les pieds effleurant comme par magie l’océan qu’ils surplombaient ?
– Debout, vite, vous êtes libre, répéta le Soffré, dont les paroles pressantes parvinrent finalement à sortir Harlington du rêve idiot dans lequel il s’illustrait un instant auparavant.
En attendant le réveil définitif de Harlington, le Soffré le débarrassa de ses liens.
– Qui êtes-vous ? demanda le jeune lieutenant.
– Nous n’avons pas le temps, humain, hâtez-vous !
Harlington fut remis sur pied par une poigne vigoureuse. Le Soffré pianota sur un boîtier de commande passé autour de son avant-bras et agrippa Harlington.
– Détendez-vous, on s’en va !

Harlington se demanda s’il devenait fou ou s’il n’avait pas été drogué. Il fut plongé dans le noir et, nonobstant la main ferme du Soffré qui enserrait son bras, il aurait volontiers cru être encore dans un drôle de rêve.
D’habitude, la téléportation était instantanée. Là, Harlington eut l’impression de faire plusieurs sauts, des périodes de ténèbres le disputant à des visions de roches aussi rouges que les Soffrés. Le paysage se stabilisa enfin et le Soffré confirma qu’ils étaient arrivés à leur destination, quelle qu’elle fut.
– Nous y sommes, humain.

Harlington se rendit compte qu’il avait retenu sa respiration pendant le voyage. Il se détendit enfin, surtout en voyant T’Savhek bondir d’un fauteuil pour se porter à sa rencontre. Il balaya les lieux du regard. Ils se trouvaient dans ce qui ressemblait à une salle de conférence, dont une longue table ovale en pierre blanche occupait le centre. Une longue baie vitrée courait le long du mur et dévoilait un lac de lave en contrebas. En dehors de T’Savhek et du Soffré qui l’avait amené là, un seul autre être, autochtone lui aussi, était présent.
– Commandant, annonça calmement la Vulcaine, c’est un plaisir de vous revoir.
– Partagé, T’Savhek. Qu’est-ce qui se passe, au juste ? demanda-t-il en tournant la tête vers les deux Soffrés.
– Je l’ignore, monsieur. Ils m’ont libérée et interrogée sur la Fédération. Ils voulaient également savoir qui avait un pouvoir décisionnel au sein de notre équipage.
– Je vous en prie, asseyez-vous, fit l’un des deux Soffrés.
Harlington aurait été bien en peine de deviner lequel l’avait libéré : à ses yeux, les Soffrés se ressemblaient tous. Même leurs voix étaient semblables. Il s’assit et T’Savhek l’imita.
– Je suppose que nous vous devons des remerciements, messieurs. Mais j’aimerais également avoir des explications quant à la situation qui règne sur votre planète.
– Nous sommes là pour ça… Harlington, c’est ça ?
Commandant Harlington, corrigea instantanément l’intéressé, avant de se morigéner. Quelle vanité puérile !
Les Soffrés ne semblèrent pas s’en offusquer.
– Nous vous avons tiré des griffes du gouvernement parce que nous avons besoin de votre aide.
– Ah ? Et… vous êtes qui par rapport à ce gouvernement ?
– Nous sommes les chefs de la Résistance. Je suis Emgpé et voici Jussé. Nous luttons contre le dogmatisme et le fanatisme religieux de nos aînés, qui entendent régir nos vies selon des principes archaïques et figés. Nous savons, notamment grâce à votre subordonnée, qu’il existe des centaines de mondes habités, or nos croyances dépassées nous interdisent le moindre contact avec eux. Et cela est intolérable ! la Résistance veut la liberté pour le peuple des Soffrés !
– Résistance ? Quel genre de résistance ?
– Nous cherchons à miner le pouvoir de l’intérieur, mais c’est quelque chose de très difficile et qui prend trop de temps, surtout que la répression est omniprésente. Les Soffrés vivent dans la peur. Depuis l’installation de votre avant-poste et votre arrivée, nous estimons avoir des alliés suffisamment puissants pour passer à une autre phase du conflit, bien plus déterminante pour l’avenir de Soffré.
– Et c’est ?
– Une révolution armée, avec votre aide.
– Starfleet n’a pas pour habitude de se mêler à des histoires de politique locale, énonça prudemment Harlington, et encore moins de prendre parti dans des conflits internes.
– Nous ne voulons que la justice, le progrès ! Nous voulons fouler la surface de Soffré, ce qui nous est refusé par les Lois de la Tradition ! Nous appartenons à la majorité silencieuse, réprimée comme toutes autres formes de liberté. Nous ne demandons qu’une chose : pouvoir vivre à la surface de Soffré, loin du rigorisme des Anciens.
– Vos buts semblent louables, en effet. Mais si vous le permettez, j’aimerais m’entretenir seul à seule avec T’Savhek.
– Faites, je vous en prie, dit le Soffré avant de s’éloigner avec son compagnon.
– Vous en pensez quoi, T’Savhek ?
– La Prime Directive nous interdit de polluer une civilisation moins avancée que la nôtre avec notre technologie. Je pense donc que nous ne pouvons pas intervenir dans ce conflit.
– Moins avancée ? s’insurgea Harlington. C’est une plaisanterie ? Ils savent qu’ils ne sont pas seuls dans l’univers et seraient déjà dans l’espace s’ils ne subissaient pas le carcan de leurs croyances religieuses. Et je ne parle même pas de leur technologie de téléportation, plus avancée que la nôtre !
– Ce que je veux dire, c’est que la technologie de Starfleet est de manière générale bien plus avancée et bien plus complète que la leur. C’est ce que nous allons apporter en balance si vous décidez de les aider.
– Nous pouvons toujours couper la poire en deux : ils nous aident à libérer nos compagnons, y compris les membres de l‘équipe scientifique de l’avant-poste, en échange de l’envoi d’une délégation de la Fédération pour aider les deux factions à trouver un terrain d’entente.
– Vous croyez réellement que les rigoristes qui tiennent la planète sous leur joug voudront entendre quoi que ce soit, surtout de la bouche d’étrangers à leur monde ?
– Hum… vous n’avez pas tort, concéda Harlington. Mais d’un autre côté, si nous voulons libérer les nôtres, je crains que nous n’ayons guère le choix : nous allons devoir faire confiance à ces révolutionnaires. En échange de leur aide, nous pourrions leur trouver un endroit un tant soit peu hospitalier à la surface. Tout le monde y gagnerait. Les rigoristes de ce monde resteraient vivre en bas et les, euh… appelons-les les libéraux, pourraient vivre à la surface et, à partir de là, grossir progressivement leurs rangs.
– Nous sommes dans une situation précaire, commandant. Nous ne savons pas si ces gens sont des pacifistes ou si à leurs yeux la fin justifie les moyens.
– C’est un risque que je suis prêt à courir, T’Savhek. Mon devoir va clairement à la protection de mes hommes, ainsi qu’à celle des scientifiques de l’avant-poste. Et je vous rappelle que votre fiancé est parmi eux.
– Voilà une remarque qui manque de pertinence, commandant. Je ne réfléchis à la situation que de manière globale. Je suis Vulcaine, je ne peux pas me permettre d’appréhender la situation en tenant compte de mes sentiments personnels. Mon jugement en serait affecté.
– Je vois, mentit Harlington. J’estime que nous n’aurons pas de meilleur moyen de sauver tous nos hommes, donc nous allons aider ces Soffrés rebelles.
– À vos ordres, commandant.
Était-ce du soulagement que Harlington sentit dans le ton de T’Savhek ? Il ne l’aurait pas juré. Il appela les deux Soffrés et leur fit sa proposition : la libération de tous les membres de la Fédération contre l’aide aux insurgés pour s’installer à la surface.
Emgpé – à moins que ce ne fut Jussé – répondit :
– Qu’il en soit ainsi. Nous acceptons votre aide.
– Parfait ! Vous avez un plan ?
– Oui. Nous allons détruire votre vaisseau !

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostDim 27 Juin 2010, 09:04

Chapitre 11 : Le plan d’action


– Je vous demande pardon ? fit Harlington, sur la défensive.
– Voici mon idée, poursuivit Emgpé. En détruisant votre vaisseau et l’avant-poste, la voûte de nos cavernes devrait s’écrouler, d’après les calculs des scientifiques ralliés à notre cause.
– Et ?
– Vous ne comprenez donc pas ? Ce serait la fin de notre civilisation, la fin du rigorisme religieux ! Les lois de la Tradition disent que les Soffrés doivent vivre sous la surface de la planète, et que tous ceux qui enfreignent cette règle fondamentale sont punis de mort par nos dieux. Avec la destruction de la voûte, nous vivrons de fait à la surface. Bien sûr, nous ne mourrons pas suite à un châtiment divin, et le peuple comprendra alors que toute notre société, toute notre religion reposent sur du vent.
– C’est une idée qui a ses mérites, concéda Harlington. Mais pourquoi ne pas faire sauter la voûte de l’intérieur, avec des explosifs artisanaux, par exemple ?
– Il est impossible de s’en procurer, les autorités verrouillent le marché des armes avec une efficacité qui confine à la paranoïa. De plus, de telles explosions ne seraient rien à côté de la destruction de votre vaisseau, dont la puissance est tiré d’un mélange matière-antimatière.
– Comment se fait-il que vous ne vous contentiez pas de vous téléporter à la surface pour y vivre ? intervint T’Savhek.
Harlington s’en voulut de ne pas avoir pensé plus tôt à une solution aussi simple.
– Nous utilisons deux systèmes de téléportation. Le plus courant, utilisé par tout le monde, nous permet de nous téléporter de grotte en grotte via un système de signaux-relais. Mais il n’est pas assez puissant pour nous téléporter à la surface, l’épaisseur et la composition des roches au-dessus de nos têtes formant un écran naturel. En revanche, il existe un système plus élaboré, détenu par les autorités. C’est celui-là même qui leur a permis de vous amener ici, vous et les vôtres.
– Et aucun résistant n’a jamais réussi à mettre la main dessus ?
– En de très rares occasions, c’est arrivé. Mais nous n’avons jamais eu de nouvelles de nos concitoyens libérés. Soit ils ont été repris par les autorités, soit ils mènent la belle vie à la surface, conclut Emgpé dans un sourire plein d’espoir.
Harlington et T’Savhek échangèrent un regard. Si des Soffrés avaient vécu à la surface, les senseurs de l’avant-poste et du Baltimore les aurait détectés à coup sûr. Après avoir hésité, Harlington décida d’en informer ses hôtes.
Emgpé et Jussé accusèrent le coup. Les autorités étaient encore plus cruelles qu’ils ne l’avaient pensé. Emgpé redressa la tête et annonça fièrement :
– Nous ne renoncerons pas. Nous libérerons notre peuple ! Allons détruire votre vaisseau !
– Je pense qu’il y a une autre solution, fit Harlington. D’autant que nous aurons besoin du Baltimore pour quitter Narnaya Prime.
– Pourquoi vous inquiéter ? De toute manière, d’autres viendront à votre recherche, n’est-ce pas ? Nous y avons veillé.
– Comment ça, vous y avez veillé ?
– Les autorités émettent un signal vers l’espace, indiquant que nul ne doit approcher de Soffré sous peine de mort. Or nous avons désactivé ce signal et bricolé un système qui laisse croire que l’avertissement est toujours en activité.
Harlington fut interloqué de l’entendre : son équipage et l’avant-poste avaient été capturés à cause de ce sabotage des résistants. Et non contents d’avoir entraîné les membres de Starfleet dans leur guerre larvée, voilà qu’ils voulaient détruire l’avant-poste et le Baltimore !
– Il est hors de question que je détruise mon navire, annonça Harlington.
Il leva la main pour couper court aux protestations des deux Soffrés et reprit :
– On pourrait tout simplement s’emparer du Baltimore, le faire décoller et tirer dans le sol pour faire s’écrouler la voûte. Je suis sûr que nos torpilles à photon en viendront à bout.
Les Soffrés se consultèrent du regard avant d’acquiescer. Disposer de la puissance de feu du navire de Starfleet leur garantissait la victoire !
– Par contre, deux questions se posent, reprit Harlington. Comment se téléporter à la surface si vous n’avez pas accès a cette technologie, et surtout comment éviter d’être à nouveau téléporté par les autorités ?
À ces mots, Emgpé releva la manche de son bras gauche pour montrer l’appareil électronique fixé à son avant-bras.
– Bien des Soffrés sont morts pour que nous puissions obtenir cette unité de téléportation. C’est elle qui nous permettra de libérer notre peuple ! Outre le fait qu’elle permet de se rendre à la surface, l’unité empêche tout verrouillage sur son porteur.
– Voilà qui ne résout pas grand-chose. Si vous n’en avez qu’un, une seule personne peut rallier le Baltimore, or il en faudrait au moins deux pour faire décoller le navire.
– Nous n’avons pas réussi à dupliquer l’unité de téléportation, mais nos meilleurs analystes estiment que sa puissance peut suffire à téléporter trois personnes, pourvu qu’elles soient en contact physique.
– Mais vous n’en êtes pas sûrs ? demanda Harlington.
– Pas tout à fait, non. Mais nous le saurons vite, je compte vous accompagner !
– Une dernière chose, fit T’Savhek. Le porteur de l’unité ne pourra pas se faire reprendre, mais ce ne sera pas le cas des deux personnes qui l’accompagneront.
– Je le sais, admit Emgpé, mais je n’ai pas de solution. La vitesse sera la clé, et c’est le possesseur de l’unité qui devra prendre les commandes et se débrouiller seul quand les deux autres auront été repris. Il me paraît certain que cela arrivera, mais nul ne saurait prédire le temps que vont mettre les autorités à réagir.
Harlington décida que T’Savhek porterait l’unité de téléportation, lui-même n’étant qu’un pilote médiocre.

Dès que T’Savhek eut été équipée, Harlington et Emgpé posèrent chacun une main sur une épaule de la Vulcaine.
– Que Saint Larka soit avec vous, annonça avec gravité Jussé avant de s’incliner solennellement devant eux.
Emgpé manipula les commandes de l’unité et les trois silhouettes disparurent.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostDim 27 Juin 2010, 09:07

Chapitre 12 : Punition divine


Harlington fut ravi quand ils se matérialisèrent dans la minuscule salle de téléportation de l’USS Baltimore. Sa joie dura deux secondes, le temps qu’Emgpé ne s’écroule face contre terre, de la bave à la commissure des lèvres.
– T’Savhek, qu’est-ce qui se passe ?
– Je n’en sais rien, commandant, répliqua la Vulcaine en se penchant sur le Soffré. Il est en train de mourir.
Harlington avait du mal à y croire, et pourtant : Empgé avait les yeux révulsés, la langue pendante et son teint rougeâtre virait au bleu à une vitesse alarmante.
– Retour au point de départ, T’Savhek. Aidez-moi à relever Emgpé.
Dès qu’ils furent en place, T’Savhek pianota les commandes fixées à son avant-bras. Ils se retrouvèrent dans la caverne d’où ils étaient partis, face à un Jussé abasourdi.
– Appelez des secours, lança Harlington à l’intention du Soffré, Emgpé va très mal !

Jussé lança quelques mots dans un communicateur. Mais moins d’une minute plus tard, quand plusieurs Soffrés entrèrent avec une civière, ils n’eurent qu’un cadavre à emporter.
– Emmenez le corps dans notre institut médical, ordonna Jussé d’une voix tremblante. Nous devons comprendre ce qui s’est passé.
Dès que ses compatriotes eurent quitté la pièce, Jussé s’adossa à un mur et se laissa glisser jusqu’au sol en position assise, la tête cachée dans les mains. Harlington et T’Savhek attendirent à l’écart.
Jussé finit par lever des yeux hagards et dit d’une voix tremblante :
– Saint Larka créa Soffré, et il dit : « La surface sera sacrée, nul autre qu’un dieu ne sera digne de la fouler. Et il offrit les profondeurs au peuple de Soffré, qu’il avait créé ». « Le sacrilège mérite la mort. » Et si le Grand Prêtre Sender et le Gardien de la Loi Jingkler avaient raison ? Et si Saint Larka exerçait réellement une influence sur les Soffrés, les obligeant à vivre sous terre sous peine de mort ?
– Vous devriez peut-être attendre les conclusions des médecins, avança doucement Harlington, compatissant face à l’air décomposé de Jussé.
Intérieurement, le lieutenant bouillonnait. Ils avaient été si proches de reprendre la main ! Qu’allait-il leur arriver si les résistants retournaient leur veste et se remettaient à croire en leurs dirigeants officiels ? Rien de bon n’en ressortirait pour les membres de Starfleet, et Harlington rageait de se sentir si impuissant. Il lui fallait une idée, n’importe laquelle et vite, afin de distraire Jussé de ses funestes pensées.
– Jussé ! Avant que nous partions, vous n’accordiez plus aucune confiance à votre dieu ni à son clergé, qui dirige votre peuple. Vous ne pouvez pas revenir en arrière si facilement ! Le sacrilège mérite la mort, dites-vous ? Mais dans ce cas, si votre Saint Larka existe, pourquoi seul Emgpé aurait-il été frappé ? Ne croyez-vous pas que T’Savhek et moi-même aurions dû subir le même sort, voire pire puisqu’aux yeux de votre Saint, nous sommes des étrangers à ce monde ?
– Vous avez peut-être raison, murmura Jussé.
– Mais bien sûr que j’ai raison ! Il n’y a pas de malédiction divine pour ceux qui posent le pied à la surface, mon équipage et les scientifiques de l’avant-poste en sont la preuve vivante ! Je suis certain que vos médecins abonderont dans ce sens et trouveront l’explication.
– Et s’il n’y en a pas ? demanda Jussé.
– Il y en a une. Et s’ils ne la trouvent pas, ce sera parce que votre technologie n’est pas assez avancée pour la découvrir.
– Je ne sais pas, fit Jussé. Je ne sais plus. Attendons le rapport des médecins.
Le Soffré se mura dans le silence, indifférent aux exhortations de Harlington. Celui-ci se mit à faire les cent pas en marmonnant, les mains dans le dos. Il s’arrêta brusquement et se tourna vers T’Savhek.
La Vulcaine ne manqua pas de remarquer la lueur de détermination dans les yeux de son commandant.
– T’Savhek, j’ai une idée !
– Je vous écoute.
– L’appareil de téléportation que vous portez… sauriez-vous le reproduire ? Vous êtes un très bon ingénieur, ça devrait être dans vos cordes ?
– J’avoue que mes pensées étaient également tournées vers cet appareil, monsieur.
– Bien ! C’est faisable, selon vous ?
– Certainement. Avec beaucoup de temps et de matériel. Or je doute que ayons l’un ou l’autre dans des délais acceptables.
– Alors nous sommes dans une impasse, constata Harlington en faisant la grimace.
– Pas forcément, commandant. J’ai déjà pensé à l’hypothèse que vous émettez et je l’ai rejetée car irréaliste. En revanche, il en existe peut-être une autre…
– Je vous écoute ?
– Cet appareil permet de se téléporter mais empêche également tout verrouillage sur sa position. On peut donc en conclure qu’il émet une émission parasite sur une fréquence qu’il devrait être possible d’isoler… et de dupliquer. Si nous pouvons ensuite la projeter tout autour du Baltimore, à la manière des boucliers, nous serions à l’abri de toute téléportation intempestive de la part des Soffrés.
– Ça n’a pas l’air beaucoup plus simple que notre première hypothèse, énonça Harlington, dubitatif.
– Au contraire. La manipulation des émissions d’énergie est beaucoup plus rapide à accomplir que la reproduction physique d’un appareil technologique. J’ai quelques sous-programmes dans les ordinateurs de la salle des machines qui devraient m’apporter une aide précieuse.
– Bien. Savoir que nous pouvons sans doute reprendre le contrôle du Baltimore est une bonne chose. Il faudra décoller et nous éloigner le plus vite possible de Narnaya Prime afin d’être hors de portée de toute téléportation. Je ne bénéficierai pas de la protection de l’unité de téléportation, mais vous ne pourrez pas lancer toutes les procédures de pilotage seule. Ça risque d’être une course contre la montre.
– Que ferons-nous ensuite, commandant ?
– J’ai ma petite idée, fit Harlington en affichant un sourire torve.

Harlington retourna vers Jussé et lui expliqua que T’Savhek et lui-même repartaient à bord de leur navire afin d’en reprendre le contrôle. Le Soffré ne fit aucun geste montrant qu’il écoutait ou qu’il comprenait. Il ne prononça pas une parole.
Harlington finit par hausser les épaules et rejoignit T’Savhek. il posa une main sur son épaule et dit :
– Énergie !

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostLun 28 Juin 2010, 09:11

Chapitre 13 : chantage


Dès qu’ils furent à bord, Harlington et T’Savhek se précipitèrent sur la passerelle et gagnèrent respectivement les postes de pilotage et de navigation. La Vulcaine lança la procédure de démarrage, ensemble de tâches d’autant plus complexe qu’elle devait l’assumer seule, les compétences de Harlington en la matière étant rudimentaires. Lui se chargeait des sous-programmes, qu’il exécutait dès que sa subordonnée lui en donnait l’ordre.
Il fut impressionné de voir à quel point T’Savhek pouvait être performante dans un rôle qui n’avait pourtant rien à voir avec sa spécialité d’ingénieur. Il l’admira pour ses compétences et se sentit honteux de sa propre médiocrité : il était le commandant, aurait dû montrer l’exemple, savoir tout faire mieux que ses subordonnés. Mais à côté d’elle, Harlington se sentait dans la peau d’un singe à peine savant.
Il rangea dans un coin de sa mémoire qu’il lui faudrait suivre un cursus dans les différentes spécialités. Jouer au presse-bouton pour T’Savhek l’aurait moins dérangé s’il avait compris la logique des tâches qu’il accomplissait. Connaître les procédures pointues qui régissaient le système informatique du navire lui aurait permis d’anticiper les ordres de la Vulcaine et leur aurait fait gagner des secondes peut-être précieuses.
Il abandonna vite l’auto-flagellation et cessa d’admirer les mains de T’Savhek courir avec une grande célérité sur les panneaux de contrôle, car il avait besoin de toute sa concentration pour ne pas la retarder. Il leur faudrait de longues minutes pour arriver au bout de la procédure.

Le ronronnement discret des moteurs du Baltimore se fit entendre. T’Savhek mit les boucliers à pleine puissance en espérant que cela suffirait à déjouer toute tentative de téléportation à partir de la surface. Harlington fit décoller brusquement la corvette et accéléra.
Il ne put s’empêcher de sourire. Ils avaient réussi ! Même si la technologie de téléportation soffrée parvenait à percer la protection du bouclier et le ramenait à la surface, T’Savhek pourrait se débrouiller seule, protégée par l’unité de téléportation portative volée par les rebelles soffrés. Dans le pire des cas, un message pourrait être envoyé à Starfleet pour demander du renfort. Ils avaient gagné !

La console de communication bipa et Harlington s’en étonna. De l’aide, déjà ? Mais quand le visage revêche d’un Soffré apparut sur l’écran géant de la passerelle, les illusions de Harlington s’envolèrent. Il reconnut l’intégriste qui l’avait interrogé et qui lui avait promis la mort pour sacrilège.
– Je vous ordonne de faire demi-tour, hérétiques, énonça Jingkler, le Gardien de la Loi.
– Je ne crois pas que vous soyez en mesure de nous imposer quoi que ce soit, rétorqua froidement Harlington.
– Et moi je crois que si, répondit Jingkler.
Le Soffré disparut de l’écran, au profit de la vue d’une vaste caverne. Une dizaine de Soffrés étaient alignés, lances à la main. Pointées sur un groupe d’une vingtaine de personnes vêtues d’uniformes de Starfleet.
Le cœur de Harlington se serra : Lupescu, Sulok, Heitachi et les autres. Tout son équipage… ainsi que huit uniformes bleus, indiquant l’appartenance à la branche scientifique de Starfleet : les hommes de l’avant-poste.
– Je répète, reprit le Soffré. Faites demi-tour ou nous exécutons vos séides. Envoyez un message subspatial à vos supérieurs et nous les exécutons également. Enclenchez vos armes et le résultat sera le même.
Harlington s’efforça de rester impassible malgré la rage qui bouillonnait en lui. N’y avait-il donc aucune alternative ? Devait-il sacrifier son équipage ? Il s’y refusait mais ne voyait pas d’autre solution. Pas d’autre ? Une échappatoire lui vint en tête. Il repoussa l’idée, dont les conséquences le rebutaient. La mettre en place pourrait signifier la fin de sa carrière.
Rien ne lui vint en tête, et il s’en voulut de mettre en balance sa carrière et la vie des personnes placées sous son autorité. Il n’y avait pas à hésiter une seconde.
– Très bien, nous revenons. Harlington, terminé, annonça-t-il en coupant la communication et en faisant courir ses doigts sur la console de pilotage.
Harlington jeta un coup d’œil à T’Savhek. Il l’imaginait abattue mais comme à l’accoutumée, son impassibilité ne laissait rien transparaître de ses pensées.
– Prête pour le round suivant, T’Savhek ? demanda Harlington dans un sourire forcé.
– Le… round suivant, monsieur ? fit-elle en levant un sourcil interrogatif. Nous ne pouvons plus amener les Soffrés à la surface de leur monde en tirant sur la voûte de leur monde, comme nous l’escomptions. À moins que vous n’ayez décidé de sacrifier le personnel de Starfleet.
– Pas si nous pouvons l’éviter. Par contre, nous possédons les codes d’autodestruction du Baltimore. Si nous les enclenchons avec un compte à rebours et menaçons de faire sauter le navire après qu’il aura atterri, nous avons une chance de faire flancher les Soffrés.
T’Savhek soupesa les paroles de son commandant. Détruire sciemment son propre navire pourrait bien sonner le glas de la carrière de Harlington, et peut-être de la sienne si elle prenait part à cet acte extrême. L’intrépidité des Terriens la surprendrait toujours. Prêts à tout pour gagner, ils lui faisaient parfois peur. Avec eux, il s’en fallait parfois de peu que la fin justifie les moyens. Si les Soffrés ne cédaient pas, tout le personnel de Starfleet mourrait. Et le Baltimore disparaîtrait. Tout allait se jouer sur un pari potentiellement mortel.
– À vos ordres, commandant.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostLun 28 Juin 2010, 09:13

Chapitre 14 : Confrontations


Après l’atterrissage du Baltimore, T’Savhek et Harlington se téléportèrent dans le monde souterrain des Soffrés, à des coordonnées que Jingkler leur avait indiquées.
Pris en charge par des gardes soffrés, ils furent séparés. Harlington fut amené dans une vaste caverne aux murs couverts d’immenses tapisseries. Un long banc surélevé et peint en blanc occupait un pan de mur face à lui. Deux silhouettes y étaient assises : Jingkler et Sender, les respectivement Maître de la Loi et Grand Prêtre des Soffrés.
D’un signe du premier nommé, les gardes se retirèrent. Harlington était seul avec les deux dirigeants locaux. Il s’appliqua à rester impassible tandis qu’il étudiait la situation : une simple volée de marches le séparait des deux autochtones. Peut-être pouvait-il se ruer sur eux et en maîtriser un pour le prendre en otage ?
Il abandonna vite l’idée. Il ne connaissait rien de la force physique des Soffrés mais avait tout à fait conscience de ses propres limites en combat rapproché et en réflexes. Son entraînement quotidien avec le lieutenant Lupescu, chef de la sécurité du Baltimore et expert en combat à mains nues, lui avait démontré plus qu’il ne l’aurait souhaité ses lacunes en la matière.

– Vous voilà désormais devenu un assassin, étranger, fit Sender. Vous êtes fier de vous ?
– Comment ça, un assassin ?
– Vous avez amené un Soffré à la surface, signant ainsi son arrêt de mort. Saint Larka créa Soffré et il dit : « La surface sera sacrée, nul autre qu’un dieu ne sera digne de la fouler». Et il offrit les profondeurs au peuple de Soffré, qu’il avait créé.
– Vous ne pouvez quand même pas croire que c’est par la volonté de votre dieu qu’Emgpé est mort ? Il y a forcément une explication rationnelle !
– Nous sommes le peuple élu de Saint Larka. Obéir à ses commandements nous maintient en vie car il veille sur nous. Et il punit de mort les hérétiques qui osent douter de sa parole divine.
– Mes hommes et moi avons survécu à la surface, or… comment avez-vous dit ? La surface sera sacrée, nul autre qu’un dieu ne sera digne de la fouler ? Cela ne devrait-il pas faire de nous des dieux ?
– Silence, maudit ! hurla Jingkler. Seuls les Grands Prêtres ont les capacités reconnues pour interpréter les paroles de Saint Larka ! Es-tu un Grand Prêtre, chien d’étranger ?
Harlington fut surpris de la véhémence du ton, et Sender aussi au vu du regard qu’il coula vers son collègue.
– Paix, Jingkler, fit le Grand Prêtre. Je respecte les lois de Saint Larka à la lettre, étranger. Je précise ses pensées si besoin est, avec l’humilité qui doit être mienne face à la grandeur de mon dieu. Il est perfection, je suis imperfection, même si l’on me considère comme son relais sur Soffré. Et je dois avouer que ton argument ne manque pas de pertinence. Je le tourne et le retourne dans ma tête depuis que les premiers étrangers sont arrivés.
Jingkler se leva brusquement.
– Tu plaisantes, j’espère ? À moins que tu ne sois en train de devenir un hérétique à ton tour ?
– Rassieds-toi, Jingkler. Toutes les hypothèses doivent être étudiées avec lucidité. Certaines peuvent s’accorder avec nos enseignements divins. D’autres, non. Il est de mon devoir de Grand Prêtre de décider si la Loi doit évoluer.
Jingkler fusilla longuement du regard le visage calme de Sender, mais il finit par se rasseoir quand Harlington reprit la parole.
– Auriez-vous changé d’avis ? Envisagez-vous de nous rendre la liberté ?
– Cela fait partie des possibilités, je me dois de l’admettre après y avoir mûrement réfléchi.
– C’est une bonne chose, avança prudemment Harlington.
– Je ne pense pas, non, rétorqua Jingkler en se levant à nouveau. Soffré n’a connu qu’un seul dieu… et je serai le deuxième !
Il sortit un phaseur de la Fédération de sous sa toge et tira à bout portant sur Sender, qui s’effondra dans un grognement de douleur. Harlington n’eut pas le temps de réagir et se contenta de recueillir Sender dans ses bras quand celui-ci chut au bas des marches.
Le Grand Prêtre était immobile. Une tache noirâtre ornait le milieu de son front, à l’endroit où Jingkler avait tiré. Harlington était décomposé. Au moment où l’un des deux dirigeants des Soffrés s’avérait être un allié potentiel, voilà qu’il se faisait abattre !
– Pourquoi ? demanda Harlington d’une voix blanche à Jingkler. Et pourquoi parlez-vous de devenir un dieu ?
– Je vais devenir un dieu car je ne crois pas à la religion ! Ma famille est en charge de la Maîtrise de la Loi depuis des décennies et à ce titre, elle contrôle beaucoup de choses. Mon bisaïeul a décidé un jour que la religion était obsolète. Vous avez cité la bonne phrase, étranger : La surface sera sacrée, nul autre qu’un dieu ne sera digne de la fouler. Vous comprenez ce que cela veut dire ? Le jour où un Soffré pourra mettre le pied à la surface et y survivre, il sera devenu l’égal d’un dieu et pourra régner sur son peuple ! Voilà le but que ma famille poursuit depuis plusieurs générations !
– Je n’y comprends rien, avoua Harlington.
– C’est pourtant simple, imbécile ! Il y a quelque chose dans l’atmosphère qui est mortel pour les Soffrés. Nous ne sommes en sécurité que sous terre. Mais depuis maintenant soixante ans, ma famille fait travailler dans le grand secret des scientifiques de haut vol en vue de percer le mystère qui nous tue en surface. Le jour où ce danger mortel sera écarté, je marcherai à la surface et mon peuple me considérera comme un dieu !
– Mais comment l’air de la planète peut-il vous tuer ?
–Le corps des Soffrés réagit violemment face aux radiations cantarènes, véhiculées par les vents solaires et qui frappent Soffré. Ces émissions étant stoppées par la surface de la planète, nous pouvons vivre sous terre. C’est depuis qu’elle sait qu’il existe des êtres sur d’autres planètes que ma famille a décidé de rejeter nos croyances. Nous aussi voulons explorer les étoiles !
– Je peux comprendre ça. Mais pourquoi avoir tué votre ami ? Et pourquoi avoir œuvré en secret ? Songez que si vous rendiez publiques vos recherches, vous seriez un héros ! Vous seriez le Soffré qui a offert l‘immortalité à son peuple !
– Mais je compte bien l’être, sourit Jingkler. Il faudra juste que mes chers compatriotes en payent le prix. Et je sais déjà qu’il sera cher… très cher !
– Quelle que soit la planète ou l’espèce, les ordures sont toujours les mêmes, bougonna Harlington. Qu’allez-vous faire de moi ?
– Sender a été tué par une de vos armes. Je vais donc vous accuser de l’avoir assassiné… après vous avoir tué à votre tour, bien sûr. Vous avez juste eu le droit à l’explication du condamné à mort.
– Jingkler, vous n’êtes qu’une pourriture qui ne mérite ni son rang ni même de vivre ! Mais heureusement, votre vie touche à sa fin !
– Que voulez-vous dire ? demanda Jingkler en resserrant son emprise sur le phaseur.
– Vous vouliez apporter un nouveau mode de vie à vos compatriotes, tout en les dirigeant en tyran ? J’ai une mauvaise nouvelle pour vous : avant de revenir, j’ai activé l’autodestruction de mon vaisseau. Quand il explosera, il emportera avec lui la voûte de votre monde souterrain. Et tous les Soffrés mourront.
– Mensonges !
– Vous serez le dieu des morts, le Soffré qui a creusé la tombe de tout son peuple !
Jingkler écumait désormais de rage, et il leva le phaseur vers Harlington.
– Silence, vermine !
– Tuez-moi et vous condamnez votre peuple, reprit Harlington, imperturbable en surface mais très agité en son for intérieur.
Vu l’état de fébrilité de Jingkler, Harlington se demanda s’il n’avait pas poussé le bouchon un peu loin. Le Soffré avait-il une maîtrise de soi suffisante pour ne pas craquer… ni tirer ?
La réponse était non. Harlington s’en rendit compte quand Jingkler lui tira dessus avec le phaseur. En pleine poitrine. À moins de cinq mètres. Nul ne pouvait espérer y survivre. Le corps de Harlington fut projeté en arrière. Le lieutenant de Starfleet eut l’impression d’avoir été écrasé par une navette. Et ce fut le néant…

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostMar 29 Juin 2010, 08:00

Chapitre 15 : De mal en pis


Jingkler grimaça un sourire de satisfaction. Son rival et l’étranger étaient morts et l’absence de réaction des gardes postés dans le couloir indiquait qu’ils n’avaient rien entendu. Voilà qui était parfait, il n’aurait pas à les tuer.
Il tourna le dos aux deux cadavres et se dirigea vers l’entrée de la caverne. Il avait déjà préparé l’histoire qu’il allait raconter à la sécurité : contre toute attente, l’étranger avait passé en douce une arme et abattu Sender, avant d’être désarmé par Jingkler, qui avait réussi à s’emparer du phaseur et à le retourner contre le tueur.
Jingkler, déjà auréolé d’un grand respect par son peuple, allait devenir un héros. Et ce ne serait qu’un début.

Il appela les gardes postés dans le couloir, hors de sa vue. Alors qu’il s’apprêtait à franchir le porche, le Maître de la Loi entendit un grognement sourd dans son dos. Interloqué, il se retourna et sentit le sang refluer de son visage. Sender était en train de se relever avec des gestes hésitants. L’humain se mit à bouger à son tour.
Les pieds de Jingkler étaient comme ancrés dans le sol. Ses ennemis avaient survécu ! L’arme qu’il avait encore à la main ne fonctionnait pas, or son plan avait reposé dessus. Que pouvait-il faire, désormais ? Il n’aurait pas le temps de se débarrasser de Sender et de l’étranger avant que les gardes qu’il venait d’appeler n’arrivent.
Choisissant d’improviser, il cria sur les deux hommes de la sécurité :
– Alerte ! L’étranger a tenté de nous tuer, Sender et moi ! Il a rendu le Grand Prêtre complètement fou, il raconte n’importe quoi !
– C’est vous qui êtes devenu fou, Jingkler, rétorqua Sender. Gardes, emparez-vous de ce traître.
Les deux interpellés, leurs lances à la main, hésitèrent. Leur Grand Prêtre désignait du doigt le Maître de la Loi. Ils choisirent vite leur camp, influencés par les paroles de Jingkler, et pointèrent leurs armes vers Sender et Harlington.
– Tuez-les ! ordonna Jingkler. L’esprit de Sender a cédé aux manipulations de l’humain, et sa folie pourrait être contagieuse !
Habitués à obéir à la lettre aux injections de leur supérieur, les gardes entrèrent en action. L’un d’eux transperça la poitrine de Sender, et l’autre se jeta sur Harlington.
Ce dernier esquiva maladroitement, encore groggy, et tenta de jouer son va-tout :
– Ne faites pas ça, il vous ment. De plus, j’ai mis en route l’autodestruc…
Le reste de ses justifications fut noyé dans le hurlement de douleur qu’il poussa alors. La lance du garde venait de s’enfoncer dans son ventre. Le jeune lieutenant de Starfleet aurait voulu crier la vérité, expliquer aux gardes qui était réellement Jingkler et les buts qu’il poursuivait. Seul un gargouillis indistinct sortit de sa bouche, bientôt envahie par des flots de sang. C’étaient les événements de l’USS Eagle qui se reproduisaient, se dit ironiquement Harlington avant de basculer à nouveau dans l’inconscience.

*
**

T’Savhek était Vulcaine. À ce titre, elle cachait au plus profond d’elle-même les émotions qu’elle ne parvenait pas à réprimer. Néanmoins, quand elle fut conduite à la vaste geôle dans laquelle le reste de l’équipage et l’équipe de l’avant-poste étaient enfermés, elle faillit s’étrangler d’émotion en voyant son fiancé Silkar.
Elle contrôla cette seconde d’égarement et lui adressa un salut vulcain.
– Silkar, mon cœur se réjouit de vous voir en vie.
– Joie partagée, T’Savhek, rétorqua tout aussi froidement le scientifique.
T’Savhek fréquentait des humains depuis une décennie, et elle s’était toujours étonnée des ravages exercés sur eux par le temps. Son fiancé Silkar, depuis plus de six mois qu’elle ne l’avait pas vue, n’avait pas changé d’un iota. Ses traits fins et son air patricien indiquaient clairement son appartenance à l’aristocratie vulcaine. Le seul élément qui le distinguait de ses compatriotes était la chevelure bouclée qui lui tombait sur les épaules.
Cette lubie, en total désaccord avec les traditions des familles vulcaines, lui avait fermé bien des portes. Il n’était pas un Vulcain typique et à ce titre, suspect aux yeux de ses pairs. L’anathème n’avait pas été lancé sur lui car il respectait toutes les autres traditions de sa planète natale à la lettre. De plus et heureusement pour lui, son intelligence et ses talents de chercheur faisaient honneur à son peuple.
La famille de T’Savhek, qui avait fiancé la Vulcaine à Silkar pendant leur jeunesse, avait tenté d’intervenir, notamment l’amiral Stelek, oncle des jumeaux T’Savhek et Sulok. Mais rien n’y avait fait, même les injonctions de la propre famille de Silkar. Certains pouvaient le considérer comme étant un déviant, il ne comptait rien changer à son attitude.
En fait, Silkar était pourvu d’un humour certain, qu’il ne pouvait néanmoins pas exprimer auprès de son peuple. Sa crédibilité en dépendait. Il avait choisi sciemment cette coupe de cheveux et s’amusait intérieurement beaucoup à l’idée qu’elle dérangeait tous les bien-pensants de la planète.
Il craignait énormément le rigorisme vulcain : pour lui, c’était un frein à l’imagination de son peuple, et une preuve éclatante de son orgueil. Comment les Vulcains pouvaient-ils s’arroger le droit de proclamer l’immuabilité de leurs traditions, car les estimant parfaitement adaptées ? L’ouverture d’esprit n’était pas la qualité première des Vulcains et Silkar le déplorait. D’où sa réponse provocatrice.
Il n’avait jamais cherché à convaincre quiconque du bien-fondé de ses réflexions. Il savait qu’elles ne seraient pas acceptées, aussi n’avait-il même pas tenté de les partager. Il savait néanmoins qu’en se distinguant de ses compatriotes, il les irritait, ce qui était son but. Ainsi, il voulait forcer les Vulcains à réfléchir, voire à se remettre en cause.
S’il était trop Vulcain pour en faire plus, n’ayant aucune envie de s’aliéner les siens, il avait pu constater au fil des années que le message subliminal qu’il avait caché à travers sa simple coupe de cheveux portait parfois ses fruits : il arrivait que des Vulcains de renom l’approchent pour lui apporter leur soutien discret, ayant vu clair dans son jeu. Ce qui ne pouvait que le conforter dans son attitude. D’autres que lui songeaient également à faire évoluer le carcan des traditions.
Il lui arrivait parfois de rêver de découvertes qui révolutionneraient la science, ce qui lui permettrait d’obtenir un prestige sans précédent, voire d’être un exemple pour beaucoup et de faire évoluer les Vulcains. Il avait néanmoins bien conscience que ce genre d’avancées majeures ne se calculait jamais à l’avance, et que les chances qu’il y parvienne étaient très minces.
S’il n’avait jamais expliqué son attitude à sa famille, il avait fait une exception pour sa fiancée. Elle était sa future femme et les mariages arrangés ne s’embarrassaient pas d’amour, mais il tenait à partager ses sentiments profonds avec la personne avec qui il était censé passer le reste de ses jours. Il ne voyait pas ce futur mariage comme une manière de faire avancer les positions de leurs clans respectifs. À ses yeux, c’était avant toute chose l’union de deux êtres intelligents. Là était l’essentiel.
À sa grande surprise, T’Savhek avait été compréhensive. Elle n’adhérait pas à ses vues mais les tolérait. Il la soupçonnait de croire que son apparence rebelle ne serait que temporaire. Au fil des années, il n’avait pas changé. Elle, si : en fréquentant d’autres peuples à l’Académie de Starfleet, elle avait dû faire montre d’ouverture d’esprit, ce qui lui avait d’autant mieux fait accepter son si étrange fiancé.

De son côté et derrière son masque d’indifférence, Silkar était ravi de retrouver T’Savhek, en dépit des circonstances. T’Savhek était toujours aussi séduisante, de son chignon impeccable à ses petits pieds, en passant par ses magnifiques yeux verts et les courbes harmonieuses de son corps, que Silkar rêvait de caresser depuis fort longtemps. Quand elle haussa un sourcil interrogateur, il comprit qu’il avait laissé son regard s’égarer trop longtemps sur le corps de sa future femme.
– Comment se présente la situation, lieutenant ? demanda-t-il.
– Confuse et précaire, mais le commandant Harlington a eu une idée aussi lumineuse qu’extrême, qui devrait nous sortir de cette impasse.
– Ça ne m’étonne pas de lui, intervint le lieutenant Lupescu, qui s’était approché de sa supérieure, d’autres membres de l’équipage sur les talons.
T’Savhek mit un terme aux questions des uns et des autres en les gratifiant d’un résumé des événements récents. L’enseigne Mary O’Connor, ingénieure dévouée corps et âme à sa tache et au vaisseau, eut un pincement au cœur en apprenant que l’autodestruction du navire avait été enclenchée.
Beaucoup d’autres étaient inquiets, aussi T’Savhek tenta de rassurer ses troupes :
– Soyez certains que le commandant Harlington a la situation sous contrôle. Il doit être en ce moment même occupé à négocier avec les Soffrés.
C’est alors que plusieurs gardes soffrés entrèrent dans la caverne où les membres de Starfleet étaient retenus prisonniers, derrière les barreaux de leur geôle. Deux des autochtones portaient une civière. Dessus, le commandant Harlington grimaçait de douleur, une main sur le ventre. L’habituelle couleur moutarde de son uniforme ne se voyait presque plus, au profit de larges traînées de sang.
La cellule fut ouverte et les membres de Starfleet durent reculer sous la pression des lances des Soffrés. La civière fut déposée au sol et les gardes s’en furent après avoir verrouillé la porte de la geôle.
Sulok et Thif se précipitèrent sur leur commandant, en même temps que les deux officiers médicaux de l’avant-poste. Ils comprirent vite que son état de santé était très grave. Privés de leur matériel médical, ils ne pouvaient rien faire pour Harlington hormis comprimer ses plaies. Le jeune commandant de l’USS Baltimore était-il donc condamné à se vider de son sang dans cette prison soffrée ?
Plus d’un officier cria au secours auprès de leurs geôliers. En vain.
– Le commandant sera mort dans une heure ou deux si rien n’évolue d’ici là, répondit Sulok à une question de sa jumelle.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostMar 29 Juin 2010, 08:03

Chapitre 16 : L’évasion


Les pensées de T’Savhek tournaient autour de la crise survenue sur l’USS Eagle, lorsque Harlington et elle s’étaient retrouvés à essayer de sauver l’équipage de l’invasion cornayenne. En ces circonstances, Harlington avait également été gravement blessé par éventration, ce qui troublait beaucoup la Vulcaine.
Elle se reprit. En tant que commandant en second, elle se devait de prendre la situation en main. Son devoir était clair : sauver son supérieur. Pourtant, alors qu’il geignait de douleur, des larmes dans les yeux, elle se pencha vers lui et l’interpella :
– Commandant, vous m’entendez ?
– Que fais-tu, T’Savhek ? intervint Sulok. Il doit utiliser toutes ses forces pour se reposer, ne viens pas le distraire ou le stresser.
– Je fais mon devoir, docteur, rétorqua-t-elle sèchement. Et j’ai besoin d’informations pour sauver l’équipage et les membres de l’avant-poste.
– Médicalement parlant, je refuse de…
– Je dois parler au commandant, la survie de tous ici en dépend. Même si ça contribue à le tuer, lui.
Si Sulok n’aimait pas ce qu’il entendait, il préféra se taire. Son devoir était de veiller sur la santé des hommes de bord, tâche dont il s’acquittait avec zèle depuis la remise en cause de ses capacités par Harlington. T’Savhek n’avait sans doute pas tort en étant prête à sacrifier son commandant en échange de renseignements pouvant sauver le plus grand nombre. Il comprenait cette froide logique mais fut dérangé par la certitude qu’elle n’aurait pas agi autrement si lui-même avait été à la place du commandant. Sa sœur pouvait parfois se montrer intraitable, à un point qu’il doutait pouvoir atteindre un jour.
– Commandant, il faut que je vous parle, c’est important ! insista T’Savhek.
Pour avoir déjà vécu ce type de scène avec lui, elle le savait capable de réagir dans l’intérêt de tous.
– Quoi ? parvint-il à articuler, les dents serrées.
– Que s’est-il passé avec Sender et Jingkler ?
– Sender… tué… par Jingkler. Il sait… pour auto… destruction mais ne l’a… pas prise au… sérieux. Il ne… la fera pas désactiver. À… vous de jouer, T’Savhek.
– À vos ordres, commandant, répondit-elle, laconique.
– Allez-y. Je reste… ici pour… veiller sur vos arrières, conclut-il avec une grimace qu’il essaya de faire passer pour un sourire.
La détermination sans faille affichée par Harlington malgré son état mit du baume au cœur à beaucoup de ses hommes, et son attitude lui valut même le respect silencieux des Vulcains de l’avant-poste.

– Au travail, chaque minute compte, annonça T’Savhek. D’après mon estimation, le Baltimore explosera dans trente-quatre minutes. Nous devons impérativement sortir d’ici.
– Mes hommes et moi sommes enfermés ici depuis suffisamment longtemps pour que nous ayons eu le temps d’y réfléchir, avança Silkar. Cette cellule est archaïque, seuls des barreaux nous séparent de la liberté. Il devrait être possible de les tordre à l’aide de notre force de Vulcains. Quant aux gardes, ils semblent avoir une foi inébranlable en cette prison : ils ne viennent que pour nous apporter à manger.
T’Savhek avait de sérieux doutes là-dessus. Si la geôle avait été construite pour retenir des humains, ils auraient en effet eu une chance : la force physique d’un Vulcain était bien plus grande que celle d’un humain. En unissant leurs efforts, il aurait sans doute été possible de tordre les barreaux. Mais ce raisonnement valait-il pour une cellule soffrée ? Ce peuple avait l’apparence d’êtres de pierre, et les membres de Starfleet ignoraient quelle était au juste leur force physique. Une seule manière de le savoir…
– Pourquoi n’avoir pas tenté auparavant de vous échapper ?
– Pour aller où ? contra Silkar. Nous ne voyions pas l’intérêt de nous enfuir alors que nous pouvions être repris à chaque instant à cause de la technologie de téléportation des Soffrés.
– Je comprends. Écoutez-moi tous. Les gardes qui nous ont enfermés ici ont l’air de n’être armés que de lances. Ce peut être un avantage pour nous : nous sommes suffisamment nombreux pour pouvoir venir à bout de quelques gardes aussi mal équipés. Notre objectif sera de semer le plus de confusion possible et d’investir un poste de contrôle soffré. À partir de là, nous pourrons peut-être retourner la situation en notre faveur.
– Les impondérables liés à cet ersatz de plan me semblent trop importants pour qu’il soit efficace, fit Silkar, émettant à haute voix l’opinion générale.
– Vous avez une meilleure idée ? rétorqua T’Savhek.
– Non, mais…
– Dans ce cas, nous procéderons ainsi. Dois-je vous rappeler que je suis l’officier la plus gradée ici ?
Si techniquement parlant, T’Savhek avait raison, Silkar et ses scientifiques étant des scientifiques civils de Starfleet, il fut contrarié d’être ainsi remis à sa place. Le plan de sa fiancée était rudimentaire, avec trop peu de chances de marcher. T’Savhek était-elle en train de succomber à l’impétuosité des humains à force de les fréquenter ? Il préféra ne rien répondre. Elle avait raison sur un point : Harlington en danger de mort, c’était elle qui dirigeait leur groupe. En tant que militaire de Starfleet, elle était plus à même que lui d’évaluer la situation et d’y apporter des réponses. Du moins l’espérait-il…
– Sulok, tu restes ici pour veiller sur le commandant. Vulcains, en position !
Deux scientifiques vulcains s’emparèrent d’un des épais barreaux métalliques ; T’Savhek et Silkar firent de même avec celui d’à côté. Tous firent jouer leurs muscles contre ces obstacles.
Le silence tendu qui s’installa laissa bientôt place aux grognements frustrés des Vulcains, impuissants à tordre les barreaux. Pourtant, avec l’opiniâtreté de leur peuple, ils insistèrent longuement.
L’équanimité de T’Savhek commença à se fissurer intérieurement. Il faudrait des heures au minimum pour venir à bout des barreaux, si tant est qu’ils veuillent bien céder. Et d’ici là, son commandant serait mort. Eux aussi, peut-être. Le compte à rebours qui s’égrenait dans sa tête lui annonça qu’il ne restait plus que dix-huit minutes avant la destruction du Baltimore.

Soudain, un Soffré se matérialisa dans la geôle. Les Vulcains cessèrent leurs efforts et T’Savhek reconnut Jussé, à qui Harlington et elle avaient déjà eu à faire.
– T’Savhek, annonça l’autochtone, je suis venu dès que j’ai pu. Comment puis-je vous aider ?
Elle repoussa le soulagement qui l’avait envahi à la vue du Soffré pour ordonner ses pensées et trier ses priorités.
– Vous avoir à nos côtés ouvre des perspectives nouvelles, Jussé. Je dois rejoindre le Baltimore.
– Tout en sachant que vous pouvez être téléportée de la surface à n’importe quel moment ? s’étonna Jussé en coulant un regard nerveux derrière lui, au cas où des gardes surgiraient.
– Donnez-moi votre unité de téléportation : hors de question que vous subissiez le même sort qu’Empgé. Je vais téléporter Harlington et Sulok sur-le-champ : seules nos installations médicales peuvent sauver le commandant. Ensuite, je reviens chercher Silkar. Il faut que je désactive l’autodestruction du vaisseau et mette en place des contre-mesures contre toute téléportation en provenance de la surface.
– C’est possible, ça ? demanda Silkar.
– Avec vos compétences informatiques, oui. J’ai déjà réfléchi au problème et je pense pouvoir protéger le Baltimore contre toute intrusion non désirée.
– Que faisons-nous pendant ce temps ? demanda Lupescu.
– Vous restez ici. Si aucun garde ne survient, notre absence passera inaperçue jusqu’à ce que le système de défense du vaisseau soit en place. Si c’est le cas, je reviens vous chercher. Sinon, nous entamerons des négociations de là-haut.
– Mais si les Soffrés menacent à nouveau de nous tuer ? s’inquiéta le chef de la sécurité.
– Je procéderai à une démonstration de force, en espérant qu’ils cèdent.
– Et si ce n’est pas le cas ?
– Nous verrons le moment venu, éluda T’Savhek.
Lupescu se contenta d’opiner du chef, aussi mal à l’aise que la Vulcaine quant aux aléas de leur futur immédiat. Jussé donna son unité de transport à T'Savhek et s'assit au milieu des membres de Starfleet. Il serait ainsi caché d’une simple inspection visuelle de leurs geôliers.
L’absence de quatre des vingt prisonniers pouvait-elle passer inaperçue ? T’Savhek n’y croyait guère mais n’insista pas sur ce point. Il lui paraissait impensable que les Soffrés ne viennent pas constater d’ici peu de temps la fin de Harlington. Ils savaient qu’il était mourant.
Les failles du plan étaient légion, et tous en avaient conscience. Nul ne préféra les souligner.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostSam 03 Juil 2010, 08:23

Chapitre 17 : Retour à bord


Dès qu’elle fut à bord avec Harlington et Sulok, T’Savhek ordonna à son frère d’installer le commandant dans un lit médical portatif et de l’amener jusqu’à la passerelle.
– Pas question, il doit être soigné de toute urgence.
– Il faut qu’il soit sur la passerelle pour désactiver l’autodestruction du vaisseau avec moi. Je ne peux pas le faire seule.
Tiraillé entre son devoir d’officier médical en chef et l’urgence de leur situation, Sulok se rendit aux arguments de sa jumelle. Il prit une trousse médicale à l’infirmerie en plus du seul lit à répulseurs du bord. Une fois Harlington installé dessus, Sulok confia à sa sœur le soin de conduire le lit à travers les coursives et les ascenseurs, pendant qu’il auscultait son patient à l’aide d’un tricordeur médical.
Les relevés qui s’affichèrent étaient très alarmants. Le cœur de Harlington menaçait de lâcher à chaque instant, la lance qui avait fouaillé son corps avait provoquée des dégâts internes importants. Sulok injecta un anti-douleur à Harlington et prépara une seringue hypodermique d’un puissant sédatif. Il n’injecta pas ce dernier, T’Savhek ayant besoin de Harlington conscient.
Dès que le commandant et T’Savhek eurent donné leurs codes d’accès à l’ordinateur de bord, l’autodestruction se désactiva. Sulok ne perdit pas une seconde : il devait placer Harlington dans un champ de stase pour se donner un peu de marge. D’autant plus qu’il allait devoir opérer seul.
De son côté, T’Savhek ne jeta pas un regard sur ses deux compagnons. Pas le temps pour cela. Elle se téléporta dans la cellule sur Soffré. Dès qu’elle fut parmi eux, elle s’avisa que pour assurer la sécurité des prisonniers, elle aurait dû leur descendre des phaseurs. Si peu de temps, tant d’urgences… Elle attrapa Silkar par le bras et entra les coordonnées du Baltimore. Protéger le vaisseau était la seule vraie priorité, la tête de pont qui pouvait les sauver tous.
Une fois à bord, les deux Vulcains se précipitèrent vers la salle des machines. T’Savhek demanda à l’ordinateur de scanner l’unité de téléportation qu’elle portait au poignet et d’en extirper les différentes fréquences d’ondes en émanant. Il y en avait des dizaines. Elle s’échina à créer un programme les recensant, dans le but de demander à l’ordinateur de bord de reproduire les interactions des particules à plus grande échelle.
Elle se contentait d’en tracer les plus grandes lignes avant de les transmettre à Silkar. Le scientifique était exoplanétologue, et donc moins au fait des problèmes technologiques, mais T’Savhek lui connaissait de solides compétences en informatique. Ce qui s’avérerait utile pour concocter les détails précis du programme appliquant les contre-mesures destinées à lutter contre toute téléportation non autorisée, fut-elle soffrée.
T’Savhek craignait que la tâche ne soit trop ardue pour eux, surtout dans un laps de temps indéterminé mais qui, quoi qu’il en soit, ne s’éterniserait guère. Ceci dit, jamais elle ne l’aurait avoué. Elle continua à dégrossir le programme, donnant des orientations générales à son fiancé, qui les transformait en lignes de code minutieuses et précises.

*
**

Dès que T’Savhek et le commandant avaient désactivé l’autodestruction, Sulok s’était précipité vers son fief avec son patient, sans même prendre le temps de lui injecter l’anesthésique. Il décida qu’il était temps d’y remédier et dès qu’ils furent dans l’ascenseur, il se prépara à faire l’injection.
– Qu’est-ce… que c’est ? demanda Harlington.
– Un sédatif, commandant. Rassurez-vous, la situation est sous contrôle.
– Pas… de sédatif.
– Commandant, ne soyez pas ridicule, vous êtes mourant et je dois vous opérer. Vous avez besoin de cet anesthésique.
– Je suis le… commandant. Je… dois savoir ce qui… se passe.
– Je suis l’officier médical en chef, j’ai tout pouvoir en ce qui concerne la santé de l’équipage, vous y compris.
– Pas question de… dormir. Inhibiteur cor… tical seulement. C’est… C’est un ordre !
Le médecin ne répondit pas avant un long moment, pendant lequel ils rivèrent leur regard l’un sur l’autre. Aucun ne voulut baisser les yeux. Dans ceux de Harlington, Sulok put lire une détermination sans faille.
Quand la porte de l’ascenseur s’ouvrit, Sulok grogna :
– À vos ordres, commandant.

Une fois à l’infirmerie, Sulok plaça le lit sous un panneau de contrôle sur lequel il fit défiler les informations contenues dans son tricordeur médical. Sans prendre le temps de réfléchir, il appliqua à la lettre les recommandations qui s’affichèrent à l’écran.
Le panneau de contrôle était un outil des plus précieux. S’il affichait toutes les anomalies qu’il décelait, grâce à ses senseurs capables d’examiner un corps sous toutes ses coutures, il comportait en outre une fonction « diagnostic », utilisée par les médecins en cas d’extrême urgence ou en cas d’un nombre important de blessés à traiter.
À chaque fois qu’il injectait un produit à son supérieur, Sulok lisait les conséquences sur l’écran. Une alarme sonnerait si les réactions du corps de Harlington n’étaient pas conformes vis-à-vis des produits et médicaments employés.
Il installa un stimulateur cardiaque à proximité, au cas où, mit une poche de sang en transfusion et injecta l’inhibiteur cortical. Ne pouvant imaginer quelle serait la réaction de Harlington en voyant le médecin trifouiller à l’intérieur de son corps, il installa précipitamment un rideau juste au-dessus de la vilaine plaie. Il commanda une tenue stérilisée au synthétiseur et l’enfila prestement, avant d’ordonner à l’ordinateur médical de projeter un champ de confinement autour d’eux. Il attendit quelques secondes, le temps que l’air ambiant soit purgé de ses impuretés. Ne lui restait désormais plus qu’à réparer toutes les déchirures, l’une après l’autre, et les obturer au fur et à mesure.

– Ordinateur, fit Harlington, ouvre-moi un canal de communication avec T’Savhek, je veux savoir ce que j’ai manqué.
– Commandant, vous perdez la tête ! fit Sulok.
– Me faire charcuter le ventre ne m’empêchera pas d’assumer mes responsabilités de commandant.
– Je vous interdis de…
– Il suffit, Sulok ! Faites ce que vous avez à faire et fichez-moi la paix ! T’Savhek, quelles sont les nouvelles ? Qu’est-ce qu’on fait là ?
La Vulcaine lui résuma les derniers événements tout en continuant son analyse de l’unité de téléportation.


– T’Savhek, je pense que vous devriez…
– C’est est trop, commandant, dit Sulok en écartant le rideau.
Harlington fut choqué de voir l’uniforme et les mains du médecin souillés de sang… son sang ! Sulok s’empara d’une seringue hypodermique tout en rajoutant :
– Commandant, dans la situation présente, vous ne servez à rien. Pire, vous me déconcentrez dans ma tâche. En tant qu’officier médical en chef, j’estime que vous n’êtes pas en état d’assumer votre rôle de commandant. Et à titre personnel, j’ajouterai que vous êtes un fieffé imbécile de vous obstiner à croire le contraire !
– Aurais-je réussi à vous énerver, docteur ? demanda Harlington avec un sourire surpris.
Sulok ne répondit pas et se contenta d’injecter une nouvelle dose d’anesthésiant à son patient, qui sombra aussitôt dans l’inconscience.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostSam 03 Juil 2010, 08:26

Chapitre 18 : Le sauvetage


T’Savhek avertit Silkar qu’elle avait terminé de mettre en place les grandes lignes du programme. Elle lui donna ses dernières instructions afin qu’il l’optimise et le rende capable de former un champ de force autour du Baltimore.
Pour sa part, en attendant qu’il en ait fini, elle s’attela à ouvrir un passage à travers les systèmes de sécurité du vaisseau. Ce programme violerait vingt-neuf protocoles de Starfleet, selon les calculs, elle devait donc créer autant de brèches pour pouvoir l’appliquer. La problématique était triple : faire en sorte que les systèmes de sécurité acceptent de faire tourner le programme, relier ce dernier au réseau de synthétiseurs du bord pour qu’ils reproduisent les ondes nécessaires à la protection du Baltimore, et enfin installer une dérivation entre les synthétiseurs et le noyau du réacteur du vaisseau. La puissance de ce dernier était indispensable pour soutenir l’activité des synthétiseurs, dont les caractéristiques de base ne suffiraient pas à produire une intensité de champ aussi puissante.

T’Savhek et Silkar travaillèrent de la même manière que pour le programme proprement dit : elle ouvrait les brèches, désactivant les protocoles de sécurité qui entendaient lui mettre des bâtons dans les roues. À chaque fois, c’était comme lancer une corde au-dessus d’un précipice en l’accrochant de l’autre côté. À charge pour Silkar de transformer ce mince passage en pont.
Elle était si concentrée sur sa tâche colossale qu’elle en oublia le temps qui s’écoulait, inexorable, jusqu’à s’en rappeler. Glacée, elle constata que son fiancé et elle travaillaient sur les consoles informatiques depuis plus d’une heure. Elle estima qu’il ne leur en faudrait pas le double pour terminer.
Les deux Vulcains terminèrent cinquante-deux minutes plus tard. T’Savhek n’avait pas le temps de vérifier la viabilité de leurs modifications, aussi enclencha-t-elle sans attendre le fruit de leur labeur.
Les lumières vacillèrent un instant et des alarmes se déclenchèrent sur plusieurs consoles de sécurité. Le programme désactivait manifestement certains circuits et systèmes du Baltimore. T’Savhek pianota furieusement sur sa console pour redistribuer la puissance du vaisseau. Quand ses manœuvres ne suffisaient pas, elle désactivait les éléments compromis ou en danger. Heureusement, aucun système vital ne semblait touché.
Quand la dernière alarme se tut, elle attendit quelques secondes, au cas où de nouveaux problèmes surgiraient.
La situation semblant sous contrôle, ne lui restait plus qu’un ultime test à mener. Elle récupéra l’unité de téléportation, composa les coordonnées de la cellule soffrée et lança la procédure de téléportation. Rien ne se passa.
– Du bon travail, T’Savhek, constata Silkar. L’analyse poussée du programme et de ses interactions avec l’ordinateur de bord sera très riche en enseignements.
– Certes, Silkar. Mais nous verrons cela plus tard. Rendez-vous vite à l’armurerie sur le pont B et ramenez-moi une mallette de phaseurs. Je vous ouvre la porte d’ici.
– Entendu, fit Silkar avant de quitter la salle des machines.
Elle coupa leur système parasite, attendit quelques secondes et le remit en route. Nulle nouvelle alarme. Leur bricolage avait l’air de vouloir tenir.
Elle rejoignit Silkar et s’empara de la mallette :
– Je retourne chercher nos hommes. À mon signal, vous coupez notre programme.
Sans attendre de réponse, elle courut jusqu’à la salle de téléportation et s’installa sur l’unique plot de la pièce.
– Maintenant, Silkar.

– Ce n’est que moi, fit T’Savhek en apparaissant au milieu des prisonniers.
Elle fut soulagée de voir que rien n’avait changé en bas. Nulle mauvaise surprise, pas de Soffrés bardés d’armes pour l’accueillir.
– Pas un bruit ! Lupescu, distribuez les phaseurs au cas où nous serions interrompus par les Soffrés le temps de remonter tout le monde. O’Connor, je vous confie l’unité de téléportation. Les coordonnées du Baltimore sont pré-rentrées, vous aurez juste à appuyer ici. Remontez deux personnes à la fois en commençant par les scientifiques de l’avant-poste. Equipe de sécurité du Baltimore, en position !
Dorin Lupescu, Gork Nimar, Kimiko Heitashi et Gotram s’alignèrent le long des barreaux, phaseur en mains, prêts à tirer sur tout Soffré qui surgirait par le couloir.
T’Savhek prit Jussé à part :
– Merci, Jussé. Sans vous, rien de tout cela n’aurait été possible.
– Que va-t-il se passer, désormais ? demanda le Soffré.
– Je crains que mes hommes et moi-même devions repartir. Nous ne pourrons rien faire de plus seuls, sauf nous faire reprendre.
– Vous allez nous abandonner ? s’insurgea Jussé.
– Au contraire. Nous allons regagner l’espace de la Fédération et revenir avec des renforts. Je refuse de laisser Jingkler arriver à ses fins.
– Avec des troupes et votre technologie à nos côtés, nulle doute que la Résistance vaincra !
– Je ne pense pas que Starfleet soit d’accord pour un soutien militaire direct. Néanmoins, il existe un autre moyen de vous aider. Sender fait mener des recherches sur ce qui tue les Soffrés à la surface. Si la Fédération parvient à résoudre ce mystère avant lui, tous ses plans de déification tomberont à l’eau.
– Peut-être, avança Jussé, dubitatif.
– Nous n’avons pas beaucoup de temps, continua T’Savhek en constatant que O’Connor avait déjà réalisé trois aller-retour. Avant de partir, nous allons récupérer les relevés effectués par nos scientifiques de l’avant-poste. Je vais en outre vous prélever un peu de sang et un échantillon épidermique. Avec cela, nous devrions avoir tout ce qu’il nous faut pour aider votre peuple.
– Si ça ne suffit pas, vous aurez agi en vain. Je veux venir avec vous, mieux vaut que vous ayez un cobaye sous la main. Avoir un corps de Soffré à analyser, même mort, peut vous aider.
T’Savhek réfléchit quelques secondes, d’accord avec les avantages indéniables de la proposition du Soffré. Malheureusement, comme ils ignoraient ce qui tuait les Soffrés une fois sortis de leurs cavernes, elle dut décliner l’offre de Jussé. Alors qu’il ne restait plus dans la cellule que O’Connor, Lupescu, Jussé et T’Savhek, cette dernière conclut :
– Donnez-moi une fréquence sur laquelle vous joindre. Je vous fais la promesse que nous reviendrons.
– Qu’est-ce qui me dit que votre Fédération ne va pas vous désavouer et nous laisser nous débrouiller seuls ?
– Derrière les nobles sentiments se cachent souvent une réalité bien plus terre à terre. La Fédération va se laisser convaincre de vous aider car votre technologie de téléportation va l'intéresser au plus haut point, c’est certain.
– Je vois, fit Jussé, quelque peu déçu. Je compte sur vous, T’Savhek.
– Dès que nous serons à bord du Baltimore, nous vous renverrons votre unité de téléportation. Bonne chance à vous.

Une fois sur le navire, T’Savhek ordonna à Silkar de remettre en route du programme anti-téléportation. Elle fut soulagé d’apprendre qu’il fonctionnait à nouveau.
De retour sur la passerelle, elle s’installa dans le fauteuil de commandement avec le sentiment incongru de voler la place. Voir Garcia et Inriek à leurs postes habituels de pilotage et de navigation lui mit du baume au cœur : la situation semblait bien partie pour se normaliser.
– Cap sur l’avant-poste, monsieur Garcia.
Elle ouvrit un canal de communication sur l’accoudoir de son fauteuil et dit :
– Silkar, préparez-vous à télécharger toutes les données que vous avez recueillies sur Narnaya Prime. Dès que ce sera fait, nous quitterons la planète. Infirmerie, qu’en est-il de l’état du commandant ?
Quand l’infirmier Thif répondit, T’Savhek entendit un concert d’alarmes en fond sonore.
– Ici Thif, répondit l’infirmier, qui avait d’ores et déjà repris sa place aux côtés de Sulok. Ce n’est pas le moment ! Nous vous rappelons dès que possible !
Il coupa brusquement la communication.

Harlington était sans nul doute dans un état critique. T’Savhek sentit une boule se former dans sa poitrine. Elle s’en étonna. Certes, ils n’étaient pas qu’un simple commandant et sa subordonnée l’un pour l’autre, ils se connaissaient maintenant depuis un certain temps, mais tout de même… Elle trouva si étrange d’être troublée à ce point qu’elle refusa d’explorer plus avant ses sentiments.
– Monsieur Garcia, dès que le téléchargement sera effectif, cap sur la base stellaire 23.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostVen 16 Juil 2010, 11:23

Chapitre 19 : Sur le chemin du retour


Journal personnel de Harry Harlington, date stellaire 1618,2.

Cela fait déjà cinq jours que le docteur Sulok m’a rafistolé, et deux qu’il m’a autorisé à regagner mes quartiers. Je ne suis plus le commandant de bord : ce maudit Vulcain m’a ni plus ni moins démis de mon commandement.
Lors de mon réveil suite à l’opération, j’ai aussitôt voulu prendre contact avec T’Savhek, afin de me mettre au courant des événements survenus pendant ma mise à l’écart forcée. Mal m’en a pris : Sulok a fondu sur moi comme un prédateur sur une proie et m’a donné l’ordre – oui, donné l’ordre, à moi, son commandant ! – de prendre du repos.
Je dois avouer que l’envoyer paître, comme je l’ai alors fait, m’a mis beaucoup de baume au cœur. Ce diable aux oreilles pointues en est resté comme deux ronds de flanc pendant d’interminables secondes, une éternité de bonheur quand j’y repense. Clouer le bec à un Vulcain n’est pas chose aisée, et comme en plus je ne l’aime pas, c’était d’autant plus jouissif. J’ignore s’il s’était déjà frotté à l’argot terrien, mais j’aime à croire que je lui ai appris quelques insultes hautes en couleur à cette occasion.
Si, avec le recul, je suis le premier à reconnaître que mon attitude a été d’une puérilité sans nom, je ne regrette pas une seule de mes paroles. Peut-être aurais-je dû m’excuser depuis, mais c’est au-dessus de mes forces. Nous ne nous apprécierons sans doute jamais mais sommes assez adultes pour faire la part des choses. L’essentiel est que nous soyons capables de travailler ensemble.
Quoi qu’il en soit, je dois admettre que sa réponse m’a sérieusement remis les pieds sur terre. Il a ni plus ni moins décrété que je n’étais pas en état de diriger le navire : fort de son autorité d’officier médical en chef et avec son habituel ton glacial voire cassant, il m’a démis de mes fonctions. Ce fut dès lors à mon tour d’être frappé de stupéfaction. Je me demande s’il a autant savouré ma stupéfaction que moi la sienne un instant plus tôt.
Je ne le lui avouerai jamais, même sous la torture, mais il a eu raison : mon besoin de savoir, de contrôler les choses, bref d’assumer mes responsabilités de commandant coûte que coûte étaient totalement déraisonnables.

Pendant ces trois jours passés à l’infirmerie, le stress a eu le temps de retomber. J’ai profité comme j’ai pu de l’accès aux ordinateurs de bord qu’il a bien voulu m’accorder deux demi-heures par jour pour m’informer de la situation.
Quand j’ai enfin pu regagner mes quartiers, j’étais dans un état de langueur qui confinait à la déprime. Un sentiment d’inutilité m’habitait. T’Savhek avait parfaitement pris les choses en main suite à mon indisponibilité, avec sa compétence habituelle. Si j’avais été éliminé par Jingkler, l’équipage et les scientifiques de l’avant-poste auraient tout de même été sauvés grâce aux actions de mon officier en second.
Depuis, je remonte doucement la pente. Mes officiers m’y ont indirectement aidé. Un vœu de prompt rétablissement par-ci, un sourire par-là. Parfois, je replonge sans crier gare dans un état de torpeur. À chaque fois que je croise T’Savhek et Silkar ensemble, en fait.

Comme prévu par T’Savhek, Starfleet a été très intéressé par la technologie de téléportation des Soffrés. La Fédération a d’ores et déjà accepté de mener des recherches sur les radiations qui tuent les Soffrés en surface. Silkar a pris la tête de ces études, secondé un temps par Sulok et Thif. Dès que les premiers protocoles de recherche ont été mis au point, Silkar s’est adjoint l’aide de plusieurs équipes scientifiques de haut vol de la Fédération. Savoir que différents laboratoires de Starfleet sont impliqués me donne bon espoir qu’une solution puisse être trouvée rapidement.
Je ne peux m’empêcher d’éprouver de la frustration à l’évocation des Soffrés. J’aurais préféré que nous trouvions une solution pour les aider tant que nous étions sur place. Alors que là, nous sommes partis comme des voleurs. J’ai beau avoir retourné la situation dans tous les sens des centaines de fois depuis, je ne vois malheureusement pas ce que nous aurions pu faire de plus. Je pense que la Fédération trouvera une solution avant Jingkler, mais qui sait ce qui se produira sur la planète avant que la Fédération n’y revienne ?

Il plane toujours une atmosphère étrange au sein de mon équipage. Sulok et Thif sont inséparables ; ils sont très formalistes l’un envers l’autre et semblent faire des efforts exagérés pour que leurs relations professionnelles ne dérapent pas à nouveau. Ils ont repris leurs propres recherches sur le virus hélicondratile.
L’aspirante Kimiko Heitashi semble avoir surmonté le deuil de son amour rejeté par le sous-lieutenant Garcia. Ce petit bout de femme est plus solide qu’elle n’en a l’air. Son espièglerie naturelle refait parfois surface, même si elle est moins spontanée qu’auparavant. Je pense qu’elle se blinde, je la sens plus dure, mûrie par cette mauvaise passe.
Le Baltimore est un petit navire, les rumeurs ont tôt fait d’y circuler. Il est arrivé accidentellement jusqu’à mes oreilles que Garcia a tenté une réconciliation avec Heitashi, et qu’elle l’a envoyé promener. Je crois que la cote de popularité du navigateur ibérique n’est pas prête de remonter avant un long moment.
T’Savhek a été au bout de l’idée qu’elle avait annoncé avant notre rencontre avec les Soffrés. Elle et son fiancé sont venus me demander de les marier. C’est l’une de mes prérogatives de commandant de bord. Ils avaient presque l’air enthousiastes... pour des Vulcains. Leur mariage ne sera véritablement entériné qu’après une cérémonie traditionnelle sur Vulcain, mais ils sont attachés à l’idée d’être également mariés en tant que membres de Starfleet. Peut-être une manière d’honorer leur double allégeance envers Vulcain et la Fédération. Je l’ignore et n’ai pas eu le cœur à le leur demander. Je me suis contenté d’accepter sans enthousiasme de présider la cérémonie. J’espère que ça ne s’est pas trop vu.
Silkar, en dépit de ses longs cheveux très inhabituels chez un membre de son peuple, ne semble pas sortir du moule duquel sont issus les Vulcains. Froid et méticuleux. Plus serein que glacial, en fait. Je crois que je le considère comme une quelconque connaissance vaguement amicale. À part sa fiancée, nous n’avons pas d’atomes crochus. Nos relations se bornent donc à une courtoisie réciproque.
Je suis néanmoins partagé : content pour eux, ou du moins je m’y force, mais d’un autre côté il m’arrive d’être saisi de pincements au cœur en sachant que cette femme aussi magnifique qu’intelligente ne sera jamais mienne. Ai-je donc été si stupide avec mes espérances ? Sans doute que oui. J’ai entendu parler de mariages humano-vulcains, et même d’enfants nés de ces unions. Mais ces derniers sont rarissimes.
Je vivrai donc avec la norme. Elle mariée avec l’un des siens, et moi… et moi, que me reste-t-il ? La solitude du commandement ? Diriger un navire était mon rêve et il s’est accompli. Je me considère toujours comme faisant mon apprentissage du poste, mais je suis très satisfait de l’évolution de ma carrière professionnelle. J’ose simplement croire que ma vie ne se bornera pas à cette seule réussite.

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MessageSujet: Re: [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime   [TOS] USS Baltimore II : Narnaya Prime Icon_minipostVen 16 Juil 2010, 11:23

Épilogue


Dès que Sulok l’eut à nouveau déclaré apte au service, Harlington put procéder au mariage de T’Savhek et Silkar. Cérémonie très étrange à ses yeux.
L’équipage et les scientifiques humains de l’avant-poste étaient prêts pour faire une fête du tonnerre, et ils avaient failli applaudir ou lancer des vivats quand Harlington avait prononcé le rituel « Vous êtes désormais mari et femme ». Mais les époux s’étaient contentés d’un simple hochement de tête à l’attention de Harlington. Silkar avait ensuite levé la main, index et majeur collés et pointés vers le haut : T’Savhek avait posé dessus les mêmes doigts. Ainsi unis, ils s’étaient dirigés vers le buffet dressé pour l’occasion et avaient recueilli les félicitations modérées de leurs compatriotes.
Les non-Vulcains présents ne surent pas trop comment réagir, leurs sourires et félicitations ne récoltant que hochements de tête guindés de la part des nouveaux mariés.
Harlington sourit intérieurement : voilà une ambiance qui n’aurait pas déparé à une cérémonie funèbre menée dans la dignité la plus stricte. Il se demanda si, une fois que l’équipage aurait profité de l’alcool – illicite, mais personne n’eut le mauvais goût d’en faire la remarque, y compris parmi les Vulcains – servi au buffet pour l’occasion, il ne se trouverait pas un membre d’équipage un peu gris pour taper dans l’épaule du marié pour le congratuler.
Si cette perspective l’amusait, il l’avait tout de même anticipée et demandé à Lupescu de veiller à ce les membres de l’équipage gardent une conduite appropriée.

Pour Harlington, la petite fête fut réussie. Son équipage sut se tenir, dans une ambiance conviviale. Vulcains et non-Vulcains avaient fini par se mêler indifféremment et les conversations avaient fusé, sur des sujets variés : comparaisons entre coutumes humaines et vulcaines, politique de Starfleet, dernières avancées technologiques et perspectives à venir. Harlington saisit même au vol un débat sur la migration des oiseaux merleaxis de Vinorus VII. Même Garcia semblait avoir réussi à s’intégrer.
Quand la fatigue le gagna, mélange d’un léger abus de cocktails et d’une condition physique toujours en convalescence, il félicita une dernière fois les époux et se retira.

Au détour d’une coursive, il trouva Kimiko Heitashi adossée juste à côté de la porte de ses quartiers, le regard dans le vague.
– Tout va bien, aspirant ? demanda-t-il avec un vague sourire.
Il ne lui avait pas échappé que Heitashi n’avait pas été la dernière à lever le coude, à tel point qu’il avait dû demander à Lupescu de la rappeler discrètement à l’ordre.
– Je… je crois qu’il vaut mieux que j’évite de bouger pour l’instant, commandant. Ça… tourne.
Il se demanda s’il devait la rabrouer et décida de n’en rien faire. Les circonstances étaient exceptionnelles, il pouvait bien passer l’éponge.
Elle colla ses yeux noirs dans les siens et il se sentit électrisé. Quand elle se jeta dans ses bras et l’embrassa fougueusement, il répondit instinctivement à son étreinte.
C’est à tâtons qu’elle ouvrit la porte de ses quartiers et qu’ils y disparurent sans se séparer, accrochés l’un à l’autre comme à une bouée de sauvetage.

Dès lors, une nouvelle vie commença sur le Baltimore. Jusqu’à ce que deux semaines plus tard, Dorin Lupescu voit une licorne apparaître devant ses yeux dans une coursive du vaisseau…

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